Nous savions que le plus grand défi du début du périple serait de trouver un rythme qui convienne à tous. Ça fait six semaines que nous sommes partis et on y travaille encore. Je m’étais dit que les deux ou trois premières semaines seraient une recherche du rythme de tous les instants. À Vancouver, Jean-François Berthiaume me parlait plutôt de deux mois. Malgré qu’il ne soit pas père, il est plus proche du compte que moi… Si j’étais plus orgueilleux, je serais peut-être vexé…
Dans le dernier message je disais à quel point j’étais fier du changement qui s’était opéré chez mes enfants. Je le suis encore. Mais nous cherchons toujours notre rythme. Faut dire que la promiscuité était nouvelle pour tous. Coucher les trois enfants dans une chambre de moins de 4 mètres cubes, c’est pas très grand. Et c’est tellement agréable déconner à l’heure du coucher quand on est trois clowns de moins de cinq ans !
Donc, aucune surprise si les nuits ont été plus qu’entrecoupées. Théo s’est d’abord levé à chaque nuit, plusieurs fois par nuit durant la première semaine. Ariel grogne toujours plusieurs fois par nuit, mais depuis trois jours, il réussit habituellement à se rendormir seul, papa lui parle du haut de sa couchette et ça suffit. Ça regarde bien. Élias, c’est au moins cela, dort du sommeil du juste une fois endormi. Mais ce qui est aussi, sinon plus épuisant, c’est que les enfants se sont couchés très tard depuis le début du voyage. Il était rare qu’ils dorment tous trois avant dix heures. Ce qui nous amputait nos soirées, qui est un des seuls moments où l’on peut véritablement avoir du temps pour nous. Et surtout, nous sommes fatigués, les cinq. Et c’est peut-être ça le plus difficile. Qu’ils se couchent tard pourrait encore passer, mais la fatigue rend tout plus pénible. Depuis une semaine, les grands ne font plus de sieste. Mais on a tendance à l’oublier, Théo est encore petit, il n’a pas quatre ans… Alors si ils se couchent plus tôt, les fins de journée sont souvent ardues. Théo devra comprendre le concept de repos… Mais disons que ce n’est pas encore gagné…
Et côté rythme, les fuseaux horaires ne nous ont pas aidés. À partir de Sudbury, le soleil ne se couchait pas avant dix heures, (dix heures 20 à Jasper !) alors il était difficile pour les enfants de dormir en pleine clarté. Normal vous me direz. Mais épuisant tout de même. Je ne peux que nous féliciter d’aller vers le sud où les jours raccourcissent plutôt que vers l’Alaska ! C’est d’ailleurs plus facile depuis que nous sommes en Californie, où le soleil se couche à huit heures.
Mais le principal mea culpa, c’est d’avoir planifié le début de voyage comme si nous partions pour un mois, alors que nous partons un an… On est comme un peu partis sur des chapeaux de roues (ceci est volontairement une tournure d’ado, genre, style). Il fallait traverser le Canada en 20 jours, pour rencontrer Marc qui jouait dans un festival à Vancouver, ce qui ne nous a pas permis de s’éterniser trop trop, ce qu’on aurait sans doute fait sans ça. Puis il fallait par la suite se rendre à SanFrancisco pour le 26 juillet, l’avion de Marc l’y attendait.
Nous devrons désormais apprivoiser la lenteur. Question de survie. Se donner le droit de perdre notre temps plus volontiers, d’arrêter n’importe où, n’importe quand, comme bon nous semble. Cela est aussi un apprentissage. Étant d’un naturel pas pressé, je dois encore changer de rythme pour plus lent. Mieux sentir mes trois enfants pour que tous, nous vivions mieux cette grande épopée. Et arrêter de se fixer des échéanciers. Les échéanciers n’ont plus beaucoup de sens lorsque l’aventure dure un an. C’est drôle, je pense à cette touriste française rencontrée à San Francisco qui nous disait à quel point nous avions dû accomplir un travail colossal de réservations via internet pour partir en voyage un an ! Vous auriez dû voir sa face quand Christine a essayé de lui expliqué que non, à part deux campings, on n’avait rien réservé. Ça face valait cant piastres. C’est là qu’on mesure vraiment toute la distance entre partir un mois et partir un an. En partant un mois, on ne veut rien rater, on veut voir et visiter le plus possible. En partant un an, ces mots n’ont plus beaucoup de sens, on décide plutôt des choses qu’on ne verra pas ! Et les décisions se prennent plutôt de cette façon :
Papa : Élias, as-tu le goût de retourner dans les montagnes rocheuses ?
Élias : Oh oui ! Oh oui ! je veux voir encore les montagnes rocheuses !
Papa : Maman, qu’est-ce que tu penses d’aller à King Canyon plutôt que de faire la route 1 entre San Francisco et Los Angeles, Élias veut revoir les montagnes rocheuses ?
Maman : C’est parfait pour moi, il y aura en masse de plages dans Bahia California.
Papa-maman : Eh les gars, on s’en va faire du camping, avec plein de feux de camp et les montagnes rocheuses !
Élias et Théo : Youppi !
Ariel : Dada da ! gnan gnan gnan !
King's Canyon, tel que promis à Élias |
Mais nous sommes confiants. La vie est belle et je crois bien que nous ayons un certain talent pour le bonheur… Et nous aurons bien le temps en un an à apprendre à vivre plus lentement…
Merci pour cette belle semaine sur la cote ouest! Je vous lis et vous souhaite bon ralentissement!
RépondreSupprimerMarc
xx
Wow, un beau message qui peut s'appliquer tout le temps, peut importe le lieu ou le quotidien... mais surtout avec de jeunes enfants! Merci. Maude xxx
RépondreSupprimerVous douez pour le bonheur? J'en ai aucun doute ! Mais aucun ...Je crois que si j'avais pus choisir mes parents ....(absurde) c'est vous que j'aurais choisi dans tout ceux que je connais!
RépondreSupprimerPhil
Love