Bon, faut le dire tu-suite, l’entrée au Brésil
me stressait un peu. Comme
l’entrée au Mexique, ou je stressais absolument pour rien, ou celle du Pérou,
où je ne stressais pas complètement pour rien. Je ne sais trop pourquoi. Trop de livres ou de films genre la cité de Dieu ? ou
trop de films pouiches sur la traite d’organes au Brésil ? La réputation d’un pays qui a parmi les
plus grands écarts de revenus de la planète ? ou simplement le fait que je
ne parle pas portuguais ?
Sans doute l’ensemble de ces réponses, et bien d’autres sans doute.
La douane s’est passée étrangement bien et on
s’est dirigés vers le camping recommandé par le Lonely Planet… Première réaction : on va se faire
plumer si on court les campings au Brésil : 30 piastres pour dormir dans
un stationnement, disons qu’on avait oublié ces tarifs depuis longtemps.
L’entrée au Brésil concorde aussi avec une
nouvelle pièce qui brise dans Bertha : la pompe à eau ! Disons que ne pas avoir d’eau courante
dans une maison, même mobile, c’est un brin moins confortable. Donc, je fais mon bon homme de la
maison et je regarde la pompe sous tous ses angles, mais faut avouer que je ne
m’y connais pas trop en pompe à eau
de bateaux ou de motorhomes. Mais ce
que je vois bien cependant, c’est que tout semble normal et qu’il faudrait
démonter la pompe pour trouver la pièce défectueuse. Mais bon, je sais que je suis au Brésil, et les chances que
je trouve la pièce manquante, avec mon portuguais pratiquement inexistant, sont
aussi inexistantes. Plan
B : on écrit en catastrophe à Douglas (Douglas est le Brésilien qui achète
Bertha, vous aurez les détails dans quelques lignes) : « Donne-nous
les coordonnées de ton ami qui répare les roulottes, notre pompe à eau est caput ! » Chance inouïe, il nous répond dans
l’heure et nous dit d’aller au Paraguay.
Foz de Iguacu est la ville frontalière brésilienne avec l’Argentine et
le Paraguay. Seul hic, ça prend un
visa pour aller au Paraguay, et je dois le demander à partir du Canada... Mais
Douglas me rassure (en partie) en me disant que Ciudad del este, la ville
frontalière paraguayenne, est davantage un méga centre commercial qu’une ville,
et qu’ils se foutent de mon visa, ils veulent mon fric. Il me dit en passant de ne pas y
amener Bertha et de préférence pas
les enfants non plus, ce n’est pas particulièrement une ville
recommandable. Bon. Alors donc, je
ne suis rassuré qu’à moitié… Mais
demain, Ciuadad del este m’attend (faut quand même faire son homme une p’tite
fois de temps en temps).
En arrivant à la frontière, je comprends ce
dont Douglas parlait : il faut fermer les fenêtres et barrer les portes
parce que les gens qui cherchent des clients pour leur stationnement, ou pour
nous vendre leurs bébelles sautent sur Bertha, et ce n’est pas une façon de
parler. Bref, je ne me sens pas
particulièrement en sécurité et après avoir laissé la petite famille dans un
stationnement, je traverse seul le pont qui enjambe la rivière-frontière. Première surprise, la douane paraguayenne
n’est qu’une façade, il est entendu que tous entrent à Ciudad del este comme
dans un moulin : je ne croise donc aucun douanier, et je me convainc que
c’est normal…
L’arrivée au Paraguay est renversante, la
ville au complet semble être ce qu’en disait Douglas : un centre
commercial. Il y a bien sûr les centres commerciaux comme on les connaît chez
nous mais surtout, ce sont ici les rues qui sont des magasins. Si bien que certaines rues n’existent
plus pour la circulation automobile, alors que dans d’autres les taxis se
faufilent entre les motos, vélos, camions de livraison, stands à hot-dogs, et tous ceux qui
vendent leur marchandise à même le sol, sans compter les piétons… je n’ai jamais vu une telle folie
marchande. J’y trouverai
très rapidement la pompe que je cherchais, et je ressortirai aussi vite du
Paraguay que j’y serai entré : disons que l’heure n’était pas tant au
shopping qu’à rassurer ma
Christine qui se demandait un peu dans quelle gueule de loup j’étais allé me
fourrer. Bref, j’aurai passé deux
heures au Paraguay, y aurai acheté une pompe à eau, tout ça sans y être
officiellement entré ni sorti, tout en étant sorti et rentré au Brésil… Et le plus beau dans toute
l’histoire, c’est que quelques heures plus tard, nous avons de l’eau courante
dans Bertha !
Le même après-midi, nous irons au parc des
oiseaux de Foz de Iguaçu. Les
Toucans se laissent flatter par les gars, et on peut voir toutes sortes
d’oiseaux, entre autres des perroquets très rares à quelques mètres… Belle visite où je me rends compte de
tout le changement opéré chez mes trois tarzans. En effet, si au début du voyage, je leur
disais : « Regardez, un oiseau ! » , je méritais un
regard qui aurait voulu dire : (dix ans plus tard) « full poche
p’pa ! » Alors que maintenant
les oiseaux sont un événement en soi.
C’est fou comme la nature peu être si ennuyante, et quelque mois après,
si fascinante.
Le lendemain, ce sont les chutes d’Iguaçu,
côté Brésil, qui nous attendent.
Pour une si grosse attraction, le parc est vraiment mal foutu, il est
mal desservi et on se rend uniquement aux chutes avec les autobus du parc, de
sorte qu’on a toujours l’impression de marcher sur les pieds d’un autre
touriste. Mais ceci dit, encore
une fois, le jeu en vaut la chandelle, particulièrement la promenade au milieu
des chutes. À un certain moment,
on a la chute qui semble nous tomber dessus d’un côté et de l’autre, c’est nous
qui semblons tomber dans la chute ; et un arc-en-ciel à 360 degrés qui fait le tour complet de
nous… Le spectacle est encore
saisissant, plus que saisissant en fait, unique. Et si le parc du côté argentin était peut-être mieux, il
valait franchement le coup d’y aller des deux côtés.
|
La famille aux chutes d'Iguazu |
Nous quittons ensuite Foz de Iguaçu et son ordinaire
(et cher) camping pour Curitiba,
où nous devons rencontrer Douglas, le futur propriétaire de Bertha.
Maintenant c’est vrai, des explications
s’imposent. En janvier, nous
écrivions que Bertha état vendue, et plusieurs nous demandaient des
explications. Eh bien, mieux vaut
tard que jamais: les voilà. En décembre donc, un Brésilien nous écrit en
français qu’il est intéressé par Bertha, et après quelques courriels, plusieurs
explications et plusieurs photos, l’entente est conclue et il accepte de nous
envoyer un dépôt de 5000 dollars, dans les deux mois suivants. Avec la promesse qu’il vienne chercher
Bertha à Rio à la fin juillet. Alors voilà. Ce fut aussi simple que ça. Bref, on s’est trouvé chanceux, bien
que nous sachions que le prix de vente de notre machine était vraiment bas. Le
plus important n’était pas tant de gagner mille dollars que de ne pas rester
avec la machine en question à la fin juillet.
On arrive donc à Curitiba le 28 juin. On est tout de même un peu nerveux, et
s’il trouvait que notre Bertha est bonne pour la scrap ? Après tout il ne
l’a vu qu’en photos. Mais bon
quand faut y aller…
|
La nouvelle famille de Bertha |
Forts de notre expérience en Argentine, on
s’était dit que le Brésil étant un pays développé (c’est tout de même la
huitième puissance économique de la planète), nous trouverions une carte
routière dans une station d’essence…
Erreur. Ça nous prendra
deux heures de tournage en rond et beaucoup de sang-froig pour arriver chez
Douglas. En arrivant on a droit à
un accueil de rois. Il nous invite
ensuite à un souper au resto, une churrasqueria, un genre de buffet, mais où le
plat principal, de la viande,
circule de tables en tables et où l’on pointe du doigt pour désigner notre
morceau… Bref, j’ai rarement vu
une telle orgie de viande et s’est le ventre gonflé et les yeux bouffis pour
les enfants (il est neuf heures), qu’on sort du resto. Le lendemain, on fait de notre mieux
pour s’occuper de la paperasse de Bertha, principale raison pourquoi nous
étions venus ici, mais les démarches sont longues. À la fin de la journée, nous passons devant le notaire et la
vente est officielle ! Nous
partons de Curitiba le lendemain et c’est un peu la fête à bord. On savait que théoriquement la vente était
conclue, mais tant que ce n’était pas fait, ce n’était pas fait. Nous pouvons donc officiellement commencer nos vacances de
patapoufs : aucun autre objectif que de se faire griller au soleil. Seulement
1000 kilomètres nous séparent de Rio, plus de deux semaines devant nous. Et en prime on ne comprend pas grand chose au Portuguais, donc on ne cherchera ni les rencontres, ni
particulièrement la culture. Donc en
gros, nos espérances pour le Brésil, c’est de bronzer sur les plages,
bien dans notre bulle, de vraies belles vacances de patapoufs, quoi… Et le soleil est ressorti depuis trois
jours, ça regarde bien.
|
Bertha et ses deux familles |
On roulera d’abord pour retrouver la mer, de
jour et de nuit, jusqu’un peu plus au Nord de Santos, le nom est déjà
oublié. Il fait chaud, la mer est
belle, à midi on s’arrête, et enfin on semble découvrir le Brésil. La plage, les gens en gougounes (c’est
ici un trait culturel dominant !) et sur la plage, on joue au foot ou on
se ballade à vélo. La vie semble
douce et Christine est la plus heureuse des femmes : enfin elle a retrouvé
la chaleur après le frette de l’Argentine et de l’Uruguay. Le soir tombant et avec tout ce qu’on
nous a raconté sur la sécurité au Brésil, il nous vient tout de même une petite
crainte : mais après
avoir fait la rencontre de presque tous les habitants du pâté de maison où nous
sommes stationnés, ils nous convainquent qu’il n’y a pas de crainte à y avoir,
et on les croit. C’est notre
premier, et non le dernier !, de nos bivouacs sauvages au Brésil.
Le lendemain, on fait quelques kilomètres et
on tente ensuite de s’arrêter sur de magnifiques plages mais on est vite
ramenés à la réalité : l’accès aux plages ne sera pas si simple au
Brésil.
Le littoral, à de très nombreux
endroits, est privé : il appartient à des resorts, à des hôtels, à des
quartiers privés et sécurisés, et dans chacun de ces endroits, les
« hippies » qui vivent dans leur roulotte ne sont pas les
bienvenus.
Bref, après plus d’une
heure de recherche infructueuses, on s’arrête enfin à Buçacunga, où il y a un stationnement près de
la plage!
La plage est encore une
fois magnifique.
Bon
d’accord, le stationnement est aux côtés de la route principale, donc pas le
plus bucolique, mais on se rendra compte que les plages bucoliques genre "bout
du monde", au Brésil,
si elles
existent, ne sont pas dans le millier de kilomètres de côte que nous avons fait.
Mais tout de même, si on regarde la plage et qu’on se contente d’un regard à
180 degrés, c’est magnifique, et il fait chaud, pas un nuage dans le ciel.
On y verra même un
Pingouin !
Au Brésil !
Et le plus drôle, c’est que nous en reverrons plusieurs autres par la suite.
Et on continuera comme ça : très peu de
kilométrage et beaucoup de plage. La
costa verde est magnifique : des plages, des innombrables baies qui se
laissent découvrir à chaque tournant, parfois une ville avec ses buildings tout
blancs de douze étages. Et les
montagnes vertes, on est ici en pleine jungle, et le seul moment où on
l’oublie, c’est sur la plage…
Le 4 juillet, on doit trouver un chouette
endroit car le lendemain c’est la fête d’Élias. Et la demande est grande : il veut un camping, la mer,
un feu sur la plage et une rivière.
On lui dit qu’on va faire de notre mieux (en espérant que ce soit assez). Mais lorsqu’on sort de la plage où nous
avons passé la matinée, il manque de quoi faire un gâteau et malheur, dans les
cinquante kilomètres suivants, pas l’ombre d’un supermarché en vue. Et
évidemment, il faut trouver aussi une plage paradisiaque pour répondre aux
désirs de notre plus vieux. On
décide donc de se rendre à Trinidad mais oups, un policier nous arrête et
nous explique que la route s’est effondrée, on ne peut s’y rendre. On lui demande quand même s’il sait où
l’on peut trouver un super-marché.
En suivant ses indications, on trouve un endroit où l’on vend des chips,
de la bière, des limes et des tomates pourrîtes (je sais, on est supposé dire
pourries, mais pourrîtes, c’est plus pourrîtes que pourries). On prendra le tout puisqu’il faut bien
manger, et Christine devra faire preuve de beaucoup de créativité pour le
gâteau de fête d’Élias. Reste
ensuite le plus important (la bouffe, c’est toujours secondaire pour les
enfants, sauf lorsqu’il est six heures moins cinq, évidemment) : il faut
trouver une plage de rêve. Le
premier chemin défoncé qu’on emprunte nous emmène dans un village de pêcheurs, mais il n’y a pas de place pour
se stationner et la plage est minuscule. Je convainc tout le monde de sacrer le
camp, même si je ne suis pas tellement populaire : il y a encore quelques
rayons de soleil et les gars veulent absolument sauter sur leur surf. Le deuxième chemin défoncé nous mène à
praia Armada, où les restos ont accaparé tout le littoral, mais bon, il y a un
stationnement et il est maintenant cinq heures trente. On se dit qu’il faut bien arrêter, même
si on aurait souhaité mieux répondre aux rêves de notre plus vieux. Mais le lendemain, en se réveillant, on
se rend compte du paradis dans lequel on est atterri : le sable fin, le
large, la baie entourée de montagnes vertes et de rochers ; des vagues
parfaites pour surfer à marée haute, et tranquilles à marée basse. Bref, fallait vraiment être fatigués
pour ne pas voir tout ça à notre arrivée…
|
Partie de foot sur la plage
Élias y aura ses six ans, dira que c’est la plus belle plage qu’il a vu de toute sa vie, mangera des crêpes au déjeuner, des hot-dogs au dîner, des pâtes au pesto au souper, et aura ses cadeaux… Surtout, on ne bouge pas de là, bien tranquille sur notre plage. Bonne fête Élias !
|
|
Lever de soleil à Paraty |
Lorsque nous quittons la praia Armada, c’est
vraiment parce que nous n’avons ni eau ni nourriture, sinon on y serait encore. On se dirige vers Paraty, un des
premiers grands ports de l’époque coloniale au Brésil. On se dirige vers
Jabaquara, la plage au nord de la ville, où il y a un camping sympathique (aux
dires du Lonely Planet).
Premier constat, le camping est affreusement paqueté, (il doit y avoir une centaine de tentes
toutes cordées les unes sur les autres, le côté d’une tente étant à à peine
deux pieds de sa voisine), le service est pourri et c’est affreusement cher. Mais il est déjà tard, les petits
veulent courir et on a du lavage à faire.
On y restera donc et à grand renfort de Sangria et de vin rouge, on
passera au travers de notre lavage (à la main, bien sûr !). Le lendemain, on se rend compte que la
si belle plage Jabaquara décrite par le Lonely Planet est en fait en bouette à
trois mètres du bord. En plus, il
y a une exposition littéraire à Paraty et il y a un touriste à tous les deux
pas.
|
Paraty Mimim |
On décide donc de se fier aux écrits de
familles sur la route comme nous (toutes françaises), et suivant les traces des
Géonautes, on se rend vers Paraty Mirim, qui selon eux était le bout du monde… Au bout d’une dizaine de kilomètres de
chemin de terre, on arrive à Paraty Mirim, mais le bout du monde n’est pas
celui que nous attendions :
environ 100 chars de stationnés, la musique dans le tapis, une partie de
foot (lire soccer pour les Québécois), la bière, les cris. Bref, il ne faut jamais écouter un
FRANÇAIS lorsqu’il parle du bout
du monde !!!
Mais après être revenus de nos émotions, les
gens partent, et sans être vraiment seuls au monde, on est tout de même
tranquilles et couchés devant la porte de l’église, à quelques pas de la mer. Jusqu’à ce que la pluie nous réveille en pleine nuit, c’est
le déluge ! Et au réveil, Bertha n’est plus à quelques pas de la mer, mais
dans la mer ! Paraty Mirim
aurait sans doute été davantage paradisiaque sous le soleil, mais même sous la
pluie et le temps gris, ça en valait le déplacement.
Le troisième jour à Paraty Mirim, il fait
toujours aussi mauvais et on prend nos cliques et nos claques. On décide de se réessayer pour
Trinidade, où nous n’avions pu aller la route étant effondrée… Mais cette fois-ci ça passe. Il fait encore gris et il bruine, et il
fait frette (rajouterait Christine), il est interdit de se baigner à cause de
la tempête des derniers jours, mais les rochers qui semblent avoir été lancés
par un géant sur la plage valent à eux seuls le déplacement et les enfants s’en
donnent à cœur joie à essayer de grimper sur chacun d’eux. On imagine seulement comment ce serait
paradisiaque par beau temps.
|
Trinidad |
Le soir on dort à Paraty, sur la plage
Jabaquara, bien qu’en bouette, car dormir sur la plage, c’est tout de même
dormir sur la plage… On passera ensuite
quelques jours à Paraty. Et la
ville est en effet magnifique, les murs blancs, les toits rouges et les portes
de toutes les couleurs, un centre historique presque exclusivement
piétonnier. Le tout au bord de la
mer… Bref, dans la catégorie ville coloniale, Paraty est décidément dans le top
dix du voyage.
On se dirige ensuite tranquillement vers le
nord, sous le froid, le temps gris
et la pluie vers notre destination ultime, Rio. Mais comme le littoral, au nord
de Paraty et au sud de Rio a été vendu, le touriste moyen ne peut y avoir
accès. J’entends ici le touriste
moyen nord-américain qui voyage dans une station-wagon avec sa famille et non
le touriste brésilien moyen. Il y
a en effet très peu de touristes étrangers au Brésil, seuls les Brésiliens semblent avoir les
moyens de découvrir leur pays. En effet, si on charge 30 dollars l’assiette pour
un plat de poisson frit et frites, on comprend que les occidentaux choisissent
Venise ou Paris pour le même prix ! On continue donc notre route en
dépassant Rio, espérant trouver notre El Dorado. On arrête à Buzios, parce que n’osant plus croire le Lonely
Planet après notre expérience de la plage et du camping de Paraty, on décide
désormais de suivre les familles françaises en CC (lire camping-car, ou motor-homes
ou winnebago) qui disent toutes que Buzios est un paradis.
Buzios s’avèrera archi-touristique. Les gens
qui nous voient arriver avec notre grosse machine sont du coup sceptiques et
plusieurs franchement antipathiques.
Buzios est pensé pour les riches, ceux qui veulent voyager bon-marché
(nous) sont du coup suspects… Il
faut payer partout pour se stationner, les gens rencontrés sont bêtes et
lorsque nous réussissons enfin à atteindre la plage, il est impossible de
s’asseoir avec deux chaises et une pelle parce que les tables des restos ont
accaparé toute la plage ! Et
avec un sourire, on nous dit que la chaise est gratuite si on consomme. Vous avez devinez, on ne restera pas
trop longtemps à Buzios : 3 ou 4 heures maximum. Encore une fois, les familles françaises qui avaient tant
aimer Buzios ne semblent décidément pas chercher la même chose que les familles québécoises…
Le soir même on dort à Cabo Frio sur la plage
Do Pero, où enfin, on semble avoir trouver notre bonheur : entre la fin du
malecon (trottoir sur le bord de la plage) et les dunes, on cuisine comme le
jour descend et que les surfeurs profitent des vagues… Les locaux n’ont décidément jamais
rencontré un touriste étranger sur cette plage. Aussi nombreux sont ceux qui viennent nous voir, qui
discutent avec nous. Ça fait du
bien. L’image qu’on avait du
Brésil, jusqu’à présent, c’est que pour avoir un sourire, il fallait
payer. On se rend aussi compte que
lorsque les gens désirent que nous les comprenions, on comprend le portuguais,
et lorsqu’ils ne font aucun effort, on comprend que dalle. Même chose dans le sens inverse :
le Brésilien qui veut me comprendre me comprend, l’espagnol étant si proche du
Portuguais.
Les vagues à Do Pero sont belles et grosses,
le sable est blond, la mer
turquoise, c’est décidément autre chose que la mer sale de Paraty. Seule ombre au tableau : il fait
froid et gris et on annonce de la pluie pour une semaine, soit jusqu’à ce que
nous arrivions à Rio.
On passera deux jours à Praia do pero et la
température ne sera finalement pas si mauvaise, on aura même un peu de
soleil ! Les gars ADORENT les
vagues et les deux grands me disent à tour de rôle comment quand ils seront
grands ils feront du surf-debout.
Avis à tous les intéressés !
Des vacances à Puerto Escondido (Mexique) sont déjà prévues pour les
années qui viennent, vous pouvez vous joindre à nous, le billet d’avion n’est
pas cher !
|
Praia do Pero |
|
Le grand ménage de Bertha... |
On se rend ensuite vers le centre de Cabo-frio, où l’on trouve un
camping. Et même si le camping est
plutôt cher, on le prend. Disons
qu’il y a du lavage (encore !) à faire et du ménage de Bertha itou. Et si on ne veut pas passer notre semaine
à Rio à frotter un camion (ça serait quand même ordinaire de passer une semaine
dans ce qui est appelé la ville merveilleuse à frotter Bertha), alors on profite de cet arrêt pour
commencer notre grand ménage. Avant de retourner à Rio, on s'arrête pour une
dernière nuit à Arraial do Cabo, à la plage Praia do Pontal, qui pour la
première fois au Brésil est une plage sauvage. On n’y croyait plus, du moins pas dans ces latitudes, mais
voilà on l’a trouvée. Mais bon, il
fait froid et il pleut alors difficile de parler de paradis lorsqu’il fait
froid et qu’on gèle. On se dirige
vers Rio, la « cité merveilleuse ». Une semaine dans un appartement
et les adieux à Bertha nous y attendent… Ça sent déjà le retour.
Quoi dire du Brésil ?
D’abord, l’image qu’on se fait du Brésil est
sans doute fausse. Du moins celle
que je me faisais l’était assurément.
On s’attend à voir des jeunes femmes canon en G-String sur les plages
(genre volleyballeuses de plage), ce que nous avons vu, c’est qu’une très
grande majorité des Brésiliennes semblent faire de l’embonpoint. Je m’attendais être enveloppé par les
rythmes de samba et de bossa, et je me rends compte que de tout les pays d’Amérique
latine, c’est sans doute le Brésil qui singe le plus la culture états-unienne,
avec la musique pop que ça implique.
Bref c’est un peu comme si un Européen venait aux Etats-Unis et espérait
baigner dans une ambiance jazz et blue grass et qu’il y découvre Britney Spears.
Mais au delà du premier regard, peut-être (et
sans doute) que le fait que nous ne connaissions pas le portuguais nuit à
vraiment comprendre le pays. Mais
en même temps, jamais on a vu autant la différence entre celui qui veut
rencontrer l’étranger, et celui qui ne le veut pas… Il est possible d’avoir des conversations complètes avec des
Brésiliens qui parlent tranquillement.
Nous comprenons alors 70% de ce qu’ils disent et lorsque nous parlons
bien tranquillement en espagnol, ils comprennent ce qu’on leur dit. Par contre, d’autres nous disent qu’ils
ne peuvent pas nous aider si on ne parle pas portuguais… Disons que ça fait réfléchir.
Et il faut le dire, le Brésil est cher. Et il n’y a pas de touristes étrangers,
ou si peu. Mais faut comprendre
les étrangers. Payer 25 dollars l’assiette pour de la nourriture somme toute
mauvaise, ou 40 dollars la nuit dans un camping qui n’offre rien de plus qu’un
stationnement, c’est cher. Je n’ai
pas essayé les hôtels. La seule
chose qui n’est pas chère au Brésil, c’est l’épicerie. Alors, si vous voulez, voyager pas cher
au Brésil, amener votre hamac, dormez dedans, enterrez votre linge de rechange
dans le sable et nourrissez vous de bière (la bière n’est pas chère)…
Et le Brésil est évidemment le pays des écarts
de revenus, faut pas avoir beaucoup lu pour le savoir. Des riches très riches et des pauvres
très pauvres. Mais jamais je
n’aurais cru que ça ne paraîtrait autant. Disons que le seul mot qui me vient serait une société
derrière les barreaux. Et derrière
les barreaux ce ne sont pas les pauvres.
Nous avons vu des îles privées, des péninsules
indécemment grandes qui comportaient même des sites historiques et plusieurs
plages, privées. Combien de plages
sont fermées au public ? Sans
doute les riches ont-ils le plus beau du Brésil. Mais en contrepartie ? Ils ont souhaité la paix et la richesse, qu’ont-ils gagné ? Ils semblent en prison. Ils vivent derrière des murs qui sont
gardés, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Ils ont leurs plages, leurs villas leurs centre d’achats
privés. Mais en contrepartie : les
villes sont délabrées, les rues sont sales, les employés des richissimes villas
sont tous noirs. Pour un
pays qui est la huitième puissance économique au monde, et venant d’un pays
comme le Canada, c’est un peu difficile à comprendre. Car à regarder le coût de
la vie, je ne pourrais sans doute pas vivre au Brésil et espérer le même niveau
de vie que j’avais chez moi.
Par contre, si vous avez en tête les belles
plages du Brésil, vous tombez à pic : les plages du Brésil sont très
certainement parmi les plus belles que nous avons vu, et que nous verrons
jamais sans doute. Et Rio la maravilhosa nous attend, et ça promet.