Premier arrêt : Acapulco. Ce n’était pas ce à quoi je m’attendais. Bien sûr, il y a des gros hôtels et ça semble être particulièrement l’endroit pour le « nightlife », mais c’est surtout un site exceptionnel. Une baie merveilleuse qui rend les vagues du Pacifique moins monstrueuses, entourée de montagnes luxuriantes, du sable blanc… franchement, ce n’est pas surprenant qu’un tel site de carte postale soit devenu une ville si touristique… Mais bon, on passera quand même tout droit pour s’arrêter dans la baie suivante : Puerto Marqués, petit village de locaux qui tente tant bien que mal de vivre des miettes de sa géante voisine. Ils n’auront malheureusement pas grand miettes de nous, qu’un plateau de fruit acheté à une dame qui n’espérait que retourner chez elle. Nous stationnons dans la rue, à un lancer de pierre de la mer où nous nous baignons dans une mer calme pour la première fois depuis longtemps… Les garçons s’en donnent à cœur joie. Le lendemain, baignade avec le lever du soleil derrière les montagnes avant de partir pour Puerto Escondido.
On y arrive tôt : dix heures ! et on y passe toute la journée ! Puerto Escondido est reconnu pour ses vagues dangereuses et son surf ! On élira domicile sur la baie la plus pépère de toute la région ! C’est exactement ce qu’il nous fallait ! Les gars, les trois, feront du surf (body surf) pendant une partie de la journée, (bon d’accord, faut avouer que Ariel a été davantage aidé par papa que les deux autres). On y rencontrera également Chris et Emma. Chris a les cheveux naturellement platine, impossible de ne pas le remarquer, il dit lui-même à son sujet qu’il est un dollar sur pattes en Amérique latine, où tous sont si foncés. Il vient de Vancouver, parle un très bon français, en plus d’un très bon espagnol et d’un très bon portugais, il passe la moitié de sa vie à voyager et est évidemment à Puerto Escondido pour le surf ! Emma vient de Barcelone et a rencontré Chris à Vancouver où elle vit depuis un an car elle voulait apprendre l’anglais, ce qu’elle a d’ailleurs fort bien réussi. Ils se dirigent vers le sud comme nous et on leur propose de les héberger pour un temps dans Bertha, ce qu’ils acceptent de bon cœur. Nos trois gars les adopteront immédiatement. Emma, en particulier est la nouvelle flamme de nos trois jouvenceaux, comme s’il manquait d’œstrogène dans notre équipe de quatre gars-une fille... Bref, c’est à savoir qui s’assoit à côté d’Emma, à qui Emma coupera sa viande, qui pourra jouer aux autos avec Emma… C’est particulièrement drôle de voir Élias lui parler en français comme si rien n’était et elle lui répondre en Espagnol, bien qu’elle ne comprenne pas un traître mot de français ! Bref, Chris et Emma sont super sympathiques et nos trois gars sont charmés.
Le lendemain, on dort à Barra de la Cruz (bonne chance pour trouver cette ville sur une carte (vas-y Francis !). Le soir, on doit quitter la plage, camping interdit. Oups, crevaison… Tant bien que mal, je tente de changer le pneu… J’ai perdu mon tournevis il y a quelque temps, mais un gentil américain m’en prête un, mais ma croix pour desserer les botes s’avère inutilisable, je tourne dans le vide, moi qui croyait que cet outil était incassable ! Rien n’est incassable, j’aurais dû le savoir, j’ai trois gars après tout. On en sera quitte pour quitter la plage et remonter au village avec notre crevaison, en attendant le lendemain matin.
Le lendemain, avec l’aide de Chris et de gentils touristes américains (d’autres, pas les mêmes) qui me prêtent leurs outils, je finis par réussir. On laissera Kris et Emma à Salina Cruz, et après avoir fait réparer le pneu et acheter les outils, on poursuit notre route. On s’arrête sous un pont, sur les berges d’une superbe rivière, on y passe la nuit. Dire qu’on nous avait averti de ne pas coucher n’importe où au Mexique… Il y a comme un petit goût de Canada ( des belles rivières, s’arrêter n’importe où) qui me manquait.
Avec Kris et Emma |
L’arrivée à San Cristobal las Casas, le lendemain, se fait dans la douleur. La saison des pluies frappe fort, ça ressemble à peu de choses près à une inondation, en plus des rues super étroites dans un centre-ville qui s’étend, s’étend, s’étend. On accroche Bertha, on peaufine encore notre inventaire de sacres, en tentant de garder la plus grande partie intérieure (nous voyageons avec des enfants, tout de même !). On réussit quand même à se stationner en plein centre-ville. Ouf… Une fois l’émotion passée, San Cristobal s’avère de toute beauté. Le retour chez les mayas est pour moi accueilli avec un sourire. Les habits traditionnels, les enfants de sept ans (quand ce n’est pas plus jeune) qui vendent des bracelets ou de la gomme à mâcher… tout rappelle ici le Guatemala, c’est un avant-goût bien agréable de ce que nous verrons dans quelques semaines…
Et qui rencontrons-nous le lendemain au coin d’une rue : Kris et Emma ! On est fort heureux de les revoir. Salina de la Cruz était affreuse, ils ne sont pas restés. De notre côté on avait retrouvé leur argent, une carte de banque, des sous-vêtements, des gougounes, on était dus pour se revoir… Bref si on s’était demandé si l’histoire du pneu les avait découragé de nous… il semble que non, car ils acceptent notre invitation pour se rendre à Palenque le lendemain. Ils ont la couenne dure, et semble nous trouver sympathiques et c’est réciproque. C’est comme s’il sentait que leur immersion culturelle dans une famille de fous sur la route n’était pas tout à fait terminée... On passe la soirée ensemble, c’est la fête de l’indépendance et toute la ville est en fête… les gars jubilent : ils n’ont pas fini de nous reparler des princesses mexicaines avec leur robes qui tournent : (entendre danses folkloriques mexicaines). On s’endort heureux. Mais les mexicains sont en fête et borrachos : ils passent leur nuit à cogner à la porte de notre Bertha en se trouvant très drôles, vous comprenez la bonne nuit passée...
Le lendemain, on roule sur une des pires routes qu’il m’ait été donné de rouler :
Départ à 9 :00
Arrivée à 17 :30
Nombre de kilomètres : 230
Dénivellé total : 3000 mètres
Et c’est sans compter tous les villages où nous sommes passés et tous les topes. ( ?) Quoi ? vous ne connaissez pas les topes ? Les topes sont des dos d’ânes mexicains. Les topes ont réussi à soutirer plus de jurons à Christine et à moi qu’en toutes les autres occasions réunies. Les topes sont des toutes les grosseurs possibles (c’est à chaque fois une surprise !) et sont parfois annoncés (entendre que parfois ils ne le sont pas du tout et qu’il faut les deviner).
Bref, on arrive fourbus, mais le camping mayabel à Palenque est superbe : énorme piscine, resto, drinks, toute le kit, pour un prix raisonnable, et à deux pas des ruines. Le lendemain, la visite des ruines n’est pas un franc succès, les gars semblent se demander pourquoi on trouve des tas de roches si intéressants, et il fait très chaud… Préparation mentale des trois gars à peaufiner pour papa-maman…
Cathédrale de Campeche |
Départ le lendemain, au revoir à Kris et Emma, vous resterez longtemps dans nos coeurs et arrivée à Campeche, très jolie ville fortifiée (contre les pirates !) et toute peinte en couleurs pastels ! Mais elle semble morte, toute la ville semble être en lendemain de veille… Pour donner une idée, on se croirait un 26 décembre avant l’invention du boxing day (eh oui, s’il y a des jeunes lecteurs, sachez que le boxing day n’a pas toujours existé !).
Arrêt ensuite à Izamal, ville un peu à l’écart des grands circuits touristiques et ça nous fait du bien. Cette ville aux mille arches (seul le Vatican a plus d’arches dans une même ville, paraît-il) est magnifique et tranquille ! La lumière est incroyable, le bleu du ciel, le blanc et le jaune des maisons font tout un effet. L’ambiance est ici complètement différente, on est au Yucatan, c’est l’ambiance des Caraïbes. On est arrivés ici en pleine sieste et tranquillement la place s’est remplie d’écoliers, de badauds, de gens venus chercher un peu d’ombre. Certains s’assoient sur la place à quatre heures, et le lendemain matin à sept heures, ils ne semblent pas avoir bougé de leur banc. L’ambiance fait ici penser à Cuba… On soupera le soir dans un excellent restaurant et la cuisine du Yucatan est délicieuse, et bien différente du reste du pays ! Bref à tous points de vue, Izamal est une très belle surprise.
Tour de calèche à Izamal |
À Tulum, sous les conseils de nos prédécesseurs en camping-car, on s’installe sur la playa maya. Le blanc du sable, le bleu du ciel, le turquoise de l’eau : vive les caraïbes ! Le soir, comme on vient de coucher les trois enfants, deux policiers viennent nous voir et nous disent que l’on ne peut camper sur la plage. On tente de leur expliquer qu’un premier policier est venu nous voir il y a deux heures et que tout était parfait, que des amis sont venus dormir ici il y a quelques mois, rien à faire. On tente d’expliquer qu’on a fait environ 10 kilomètres de côte à Tulum et qu’il n’y avait aucune place pour un camion comme le nôtre. Rien à faire : on est quitte pour changer de place. Ils nous disent qu’à cent mètres sur la route principale, on pourra camper. On y va, on va voir au restaurant, et il n’y a pas de problèmes pour eux. Le voisin vient nous voir et nous dit qu’on a pas le droit de se stationner dans la rue, qu’il faut aller chez lui et payer pour se stationner. Ouin, côté hospitalité on repassera… je lui dis que depuis sept semaines on se stationne dans la rue au Mexique. Quelques minutes plus tard, des policiers reviennent, alertés par le voisin si hospitalier… ils me disent que je n’ai pas le droit de me stationner dans la rue, que je bloque un accès public. Je leur dis qu’il y a au moins 8 mètres de large pour passer, ce qui est vrai d’ailleurs. Ils disent qu’on n’a pas le droit de dormir ici, je leur dis que tout ce dont j’ai besoin, c’est d’un stationnement, que j’ai dormi dans la rue depuis sept semaines que je suis au Mexique. Ils disent qu’ici à Tulum, c’est interdit, on ne peut dormir dans son camion, s’il est stationné dans la rue… Je n’aurai pas raison avec eux, même si leurs règlements n’ont aucun sens, nous aurions eu le droit de se stationner à cet endroit, seulement si nous n’y passions pas la nuit ! Il faut changer de place encore, il est rendu dix heures, je la trouve de moins en moins drôle. On choisi cette fois une station d’essence. Et que voit-on sur l’accotement de la route ? Trois dix roues stationnés à la queue-leu-leu, leur conducteur dormant tranquillement. Vive la loi à géométrie variable ! Ce qu’il faut en comprendre, c’est que nous ne sommes pas les bienvenus ici, à la Riviera maya, entre Cancun et Tulum. Nous sommes louches. Les touristes qu’ils recherchent, ils sont riches et tous prêts à payer le gros prix. Get Out les hippies ! Avec notre camper peinturé avec des fleurs, on est carrément indésirable… Ça fait longtemps que je ne m'étais pas si senti aussi à la mauvaise place…
Plage à Tulum |
Le lendemain, on ira quand même à Akumal. On y nage avec les tortues, les deux grands font de l’apnée pendant près de deux heures. Moi et Christine on n’en revient pas nous-mêmes ! Jamais on ne les en aurait crû capables ! Et à quelques cent mètres du bord, on est sur un récif de corail ! C’est la première fois que je vois autant de poissons ! Élias s’y rendra aussi avec Christine et y plongera une autre heure ! Voir mes deux grands plonger ainsi entre décidément dans la catégorie des choses que je n’aurais pas crû possible.
Ariel est encore petit pour la plongée... |
Coucher à Majahual, loin de la riviera maya, où nous sommes redevenus les bienvenus… Luis, le propriétaire des cabanas où nous nous sommes arrêtés, prépare des noix de coco aux enfants et devient leur nouvel héros : ils passeront une partie de l’après-midi à donner des coups de machette (bâton) sur des noix de coco. Farniente pour tout le monde.
Quand on repartira, ce sera pour le Bélize… Au revoir Mexique!