lundi 23 avril 2012

Le Pérou des gringos

Une fois sortis de Lima, et Bertha en ordre pour rouler…  on avait promis aux enfants plusieurs grosses journées de route : devant nous 1100 km (au Pérou ! qui n’est pas le Canada) avec un col à environ 4500 mètres avant d’arriver à Cusco…  « Donc les gars, on a beaucoup de route devant nous, aujourd’hui ce sera une grosse journée de route ! »  Mais après quelques cent-cinquante kilomètres, on arrive à Pisco,  célèbre pour son Pisco et qui a déjà sans doute été une ville coloniale  séduisante, mais qui est aujourd’hui délabrée, poussiéreuse et sale.  Un bruit de keling–kelang insistant depuis plusieurs jours nous oblige à nous y arrêter. Si on ne veut pas perdre notre réservoir d’eaux usées pour une énième fois, une énième soudure est à refaire…   Je laisse donc Christine et les enfants à la plage, et je reviens  presque deux heures plus tard, la soudure refaite et le réservoir d’eaux usées bien en place…  Après avoir mangé, le cœur n’est plus trop trop à la route, on se dirigera donc tranquillement vers le Parc Paracas où l’on dormira.  Moins de deux cent kilomètres, ce n’est pas vraiment une grosse journée de route…  mais bon, Paracas en vaut vraiment le coup,  une péninsule désertique se jetant dans le Pacifique, sous le soleil de fin d’après-midi, la lumière est tout simplement hallucinante et on passe la journée en courses folles (pour les enfants !) à travers les dunes.



Le lendemain, au programme : une grosse journée de route les gars…  mais bon, la traversée d’Ica, plus grosse ville de la région, est… comment dire ? éprouvante ?  à l’image des autres villes du désert du Pérou ? Bref, beaucoup de temps et d’énergie y passe.  Et lorsqu’on arrive à Nazca, c’est le même sentiment de poussière et de saleté qui nous envahit.  Bref, on est bien heureux de commencer la montée vers Cusco, mais quelle montée !  Dans un tournant, un camion qui descend passe à moins de dix centimètres de nous foncer dedans, il n’y avait tout simplement pas de place pour nous deux dans les tournants…  On dormira le soir à près de 4300 mètres, le souffle évidemment un peu court, dans le Parc Galeras, une réserve de Vicunas, auprès d’une rivière… le site est enchanteur.  Vers neuf heures, les rangers du parc viennent nous dire que nous ne sommes pas en sécurité, qu’il y a eu plusieurs attaques dans le coin et que nous ferions mieux de venir dormir aux côtés de leur cabane de rangers…  Christine n’aime pas trop le mot « attaque », et on décide de déménager…  Mais Bertha refuse de bouger…  Immobilisés, on réussit tant bien que mal à reculer un peu, mais en marche avant, rien à faire…  On en sera quitte pour passer la nuit où l’on était…  Évidemment, avec les mises en garde des rangers, le sommeil n’est pas si reposant…

On réessaie de faire bouger notre grosse Bertha le lendemain, mais sans succès,  au bout de deux heures on réussit à la bouger à toute vitesse à reculons, Christine au volant et moi qui gueule comme un dément : à gauche ! à droite ! plus vite !  On réussit à se stationner au bord de la route…  au moins sommes nous moins loin pour une éventuelle dépanneuse… mais à 4300 mètres à plus de 100 kilomètres d’un village d’un bord comme de l’autre, on n’a pas particulièrement bien choisi le lieu pour un bris mécanique…  Nos trois gars ne sont pas de cet avis : la rivière dans la pampa à 4300 mètres sous le soleil, entourés de vicunas est plutôt paradisiaque.  On réussira à déjouer tous les sceptiques : le problème mécanique (les freins en fait) est réglé à onze heures le matin : c’est un camionneur qui a réussi  à démonter mes freins pour les remonter comme il faut.  Pour la prochaine heure, je suis le héros de mon amoureuse…



On reprend la route vers une heure, après avoir mangé,  et encore une fois, ce ne sera pas une grosse journée de route…  Mais qu’à cela ne tienne les gars ! Demain, c’est promis, ce sera une grosse journée de route…  Et cette fois, on l’aura…  Départ à sept heures trente et arrivée à six heures à Cusco, après s’être évidemment perdus dans Cusco, nos cartes étant minimalistes (n’indiquant pas les sens uniques !) et plusieurs rues fermées pour construction…   On s’arrête finalement au seul « camping » de Cusco, en face des ruines Saqsaywaman, crevés, mais à Cusco…  Et demain, Bertha est en congé !
Magnifique route entre Nazca et Cusco
Ariel au camping, enchanté de la présence des lamas
Place d'Armes de Cusco
Le lendemain, c’est comme des retrouvailles avec Cusco (nous y étions venus en 2004), qui est décidément une des plus belles villes visitées jusqu’à présent :  ses grandes places, ses rues en escaliers, son artisanat, ses maisons blanches aux toits rouges en terre, son soleil… 
Charmantes rues étroites de Cusco




Visite des ruines de Saqsaywaman
Nous passons deux jours à Cusco avant d’en sortir pour la vallée sacrée.  Mais avant cela, nous devons nous remplir en propane (plus de four, plus de frigidaire), nous sommes à sec depuis deux jours  et nous nous dirigeons donc vers l’usine de propane de Cusco.  Les Péruviens sont fidèles à eux-mêmes : incompréhensifs, ils semblent dormir pendant qu’on leur parle de sorte que si on me donnait un mur comme interlocuteur je ne me sentirais pas plus mal compris… Bref, ils sont nullement disposés à vous aider…   Il en prendra près de trois heures avant de pouvoir se remplir…


Une fois remplis, on se dirige vers Ollantaytambo,  on roule à travers la mythique vallée sacrée pour dormir dans le stationnement des autobus, et le lendemain, on a la ville et les ruines d’Ollantaytambo pour nous tout seuls !  Comment expliquer les ruines construites à flancs de montagne,  les citadelles qui dominent toute la vallée, les cultures en terrasses et le village d’Ollantaytambo, habité depuis le temps des Incas, où un complexe réseau d’aqueduc amène l’eau courante de la montagne à chacune des maisons du village, sans aucune pompe…  C’est aussi à Ollantaytambo que les conquistadors auraient subi leur première défaite militaire en Amérique.  Avertis par les guetteurs du haut des citadelles de l’arrivée des Espagnols, les habitants d’Ollantaytambo auraient ouvert les valves et les chevaux des Espagnols auraient été noyés sous d’énormes coulées de boue…   Ollantaytambo : ce sont des ruines et un village magique, où il y règne une  atmosphère tranquille bien différente de tout ce qu’il y a de touristique dans la vallée sacrée, bref, ça vaut le détour…


On se dirige ensuite vers Moray, un étonnant site archéologique qui fut autrefois un laboratoire agricole : sur chaque terrasse était cultivée une espèce différente selon la chaleur qu’il y faisait.  Les Incas y faisaient des croisements entre les  plantes, pour les rendre plus productives, plus résistantes…  On dormira sur son stationnement, seuls au monde sur la plaine à 3900 mètres, entourés de pics enneigés, avec en prime un coucher de soleil pour nous tout seuls…  
Notre petite famille au site archéologique de Moray
Le lendemain, on passe par les salineras, une « salière » naturelle exploitée depuis les Incas, qui avaient découvert et détourné une source d’eau salée dans des bassins pour l’y laisser sécher.  « Enfin une activité pour moi » semble se dire Ariel : je peux toucher à l’eau, qui en plus est chaude ! et y goûter !  Il faudra le sortir de force du site, il aurait sans doute passé la journée à tremper ses mains dans l’eau chaude et à se licher les doigts !  



Mais comme toute bonne chose à une fin, on se dirige ensuite vers Pisac…  Pisac, qui a jadis été une ville, un temple, une forteresse, un centre agricole…  les ruines sont hallucinantes…  entre 3300 et 3600 mètres, on passera deux heures à marcher sur ses crètes, et c’est la tombée du jour qui nous fait revenir sur nos pas, sans avoir l’impression d’avoir vu la moitié du site…  Avec le jour qui tombe, et du coup le site pour nous tout seuls, il est difficile d’expliquer ce petit moment de plénitude,  devant tant de grandeur, tant de splendeur, les mots, comme les images, sont vaines.   En fait pour les amateurs de cinéma ( vous me traiterez volontiers de cu-cul et vous aurez sans doute raison, après George Lucas, Peter Jakson) le Seigneur des Anneaux et toutes ses cités en montagnes sont tellement en dessous de la réalité si on les compare au génie des Incas, aussi fou que ça puisse paraître…  


À Pisac...

Nous quitterons donc la vallée sacrée, remplis d’images  de Cusco, de Pisac, d’Ollantaytambo, de toutes ses splendeurs passées…  Mais, mais, mais, je vous entends crier :  « Vous n’êtes pas allés au Macchu Picchu ? »  Eh non, nous ne sommes pas allés au Macchu Picchu. Et je crois qu’une explication s’impose  puisque nous sommes probablement parmi les seuls au monde à visiter le Pérou sans visiter le Macchu Picchu, mais nous n’avons aucun regret…  Peut-être parce que nous l’avions déjà vu il y a huit ans, moi et Christine, et que pour les enfants, des pierres ressemblent souvent à des pierres.  Mais évidemment il y a plus, et sans tomber dans un long sermon, après avoir traversé tout le Pérou, arriver dans la vallée sacrée peut presque donner mal au cœur…  Pas parce que c’est laid. Car bien au contraire, c’est merveilleux, magique, un voyage dans le temps, une épopée et en prime on avait préparé notre horaire pour se tenir loin des foules… mais comment dire…  Une si grosse partie du Pérou croule sous la misère et sous les déchets, et tant d’investissements sont mis uniquement pour les touristes, il y a des questions à se poser… Et le Macchu Picchu gagne évidemment le prix de l'indécence pour le coût... Peut-être que si j’étais Péruvien, je serais moi aussi chiant avec les touristes, peut-être que j’aurais envie de hurler à mon gouvernement de réviser ses priorités…

Toujours est-il que  le lendemain, nous nous dirigeâmes vers Puno, lunchant au passage à Aguas Caliente (une autre, en effet toutes les sources thermales s’appellent soit aguas caliente ou banos)  celle-ci à 4300 mètres entourés de pics enneigés…  Mais la spécialité de ces bains, outre le décor, serait, comment dire, le côté typique ?  Les locaux se lavent évidemment dans les bains thermaux, en plus d’y laver leur linge, et les vestiaires servent également de toilette, ce qui rendent ces-derniers irrespirables, les Péruviens trouvant sans doute plus simple (et plus économique, il en coûte environ 25 sous pour utiliser les toilettes !)  d’utiliser les vestiaires  comme urinoirs.  Même après quatre semaines au Pérou, ça surprend toujours…  ceci dit, on se trouvera un trou propre et peu achalandé, et l’arrêt en vaut la peine. 



Avant d’arriver à Puno, le lendemain, on sera pris dans un barrage policier, pendant près de deux heures, celui-ci tient absolument à nous coller une contravention (300 dollars Can) parce que notre plaque d’immatriculation n’est pas au bon endroit…  Nous l’avions collée à la fenêtre arrière pour se protéger des vols…  On a beau lui répéter que c’est pour notre sécurité, rien à faire…  pas moyen de glisser deux mots, il nous coupe sans arrêt la parole, nous  pose des questions sans écouter les réponses….  Je commence à bouillir…  Finalement, Christine vient à mon secours, armée de son appareil photo…   Les policiers commencent à bouillir aussi, ils disent que prendre des photos est un crime au Pérou !  Qu’on peut être accusé d’espionnage !  Finalement, après maintes excuses et courbettes de ma part, Christine efface devant leurs yeux les clichés et ils nous laissent repartir sans contravention…   Après les policiers équatoriens et colombiens, qui étaient devenus nos amis et alliés, à chaque fois que nous nous sentions perdus nous allions vers eux, les policiers Péruviens détonnent… En fait nous avons littéralement peur d’eux, plutôt que de sentir qu’ils nous protègent, nous sentons que ce sont eux, les policiers, qui sont la menace…  Et c’est drôle, mais lorsque je songe aux policiers québécois, je me dis qu’ils devraient au plus vite aller suivre quelque stages en Équateur et en Colombie, car il me semble que plusieurs perçoivent la police comme une menace plutôt que comme une protection, chez nous…

Bref, arrivée dans Puno malgré tout. Puno est bordélique, archi-sale et sent les latrines (ceci n’est pas une figure de style).  Mais les gens n’y viennent pas pour Puno, mais pour les îles flottantes sur le merveilleux lac Titicaca.  Et de notre côté, on a besoin d’une ville pour de nombreuses autres petites choses que nous avons la mauvaise habitude de toujours remettre à plus tard…  Comme tous les autres touristes, nous ferons notre tour (organisé!) sur les îles :  Uros, l'île flottante, puis dodo sur l’île Amantani, et île Taquile le lendemain.  Les îles flottantes qui font la réputation de Puno ont été construites à l’origine par des paysans aymara lors de guerres…  Ils attachèrent ensemble les racines des roseaux avant de mettre au dessus de ces racines des mètres d’épaisseur de roseaux…  Comme ces îles se déplaçaient, il était bien plus difficile pour les armées de les attaquer, ils étaient donc protégés…  Aujourd’hui, il n’y a plus grand monde qui reste sur ces îles et les quelques derniers qui y vivent semblent y vivre davantage du tourisme.  N’empêche, bien que ça sente un brin l’artefact folklorique, le truc est ingénieux, et franchement impressionnant…
Habitants des îles Uros
Navire traditionnel
Habitants d'Amantani
Mais ce qui vaut véritablement le coup, c’est l’île Amantani…  Cette île, en plein milieu du lac Titicaca, abrite quelques 3000 âmes et semble n’avoir que peu changé en mille ans…  Les terrasses de culture qu’on voyait  dans les ruines de la vallée sacrée sont ici toutes utilisées, les temples sont toujours visités par les locaux, nul voiture, non plus d’électricité…  Nous dormirons chez l’habitant et ce sera l’occasion d’une des plus belles rencontres du voyage…  Les garçons ayant accepté de se défaire de quelques jouets "pour des enfants qui n’en n’ont pas" (on voit ainsi l’influence des parents !), ils tisseront vite des liens avec les enfants, Ulysse et Marcia Linda, des gens qui nous hébergent…  Belle rencontre…  Et les enfants apprécient…  
 Avec leur nouvelle amie Marcia Linda
Hommes habillés traditionnellement à Taquile
Le lendemain, on se dirige vers Taquile, et même si elle est très jolie, les enfants auraient volontiers joué davantage  avec les poules de leurs nouveaux amis…  « Alors pourquoi bouger papa maman ? »  « Parce qu’il le faut les enfants, le bateau nous attend »  Et bien sûr, Théo, dans toute sa sagesse, nous répond qu’on aura juste à prendre un autre bateau…  Alors là, j’avoue qu’on est un peu bouche-bée…  Nous qui leur avons appris que même pris dans n’importe quelle trappe de sable, avec n’importe quel bris mécanique, au Mexique ou dans l’Altiplano, quelqu’un viendrait TOUJOURS nous sortir du trou pour peu qu’on se bouge les fesses…  Alors leur dire qu’il faille prendre le bateau… le raisonnement semble un peu court… Et tout d’un coup je ne peux pas m’empêcher de penser que notre Théo, du haut de ses quatre ans, est beaucoup plus sage que cet horaire de tour organisé…  On reviendra donc crevé de ce tour organisé, avec cet horaire qui  ne correspondait en rien à celui de nos enfants, mais les moments inoubliables vécus sur l’île Aymani en valaient tout de même le coup…  Et en prime nous retrouvons une Bertha avec de nouveaux Muelle (je ne sais pas comment dire cette partie de la carrosserie en français mais j’imagine que suspension arrière est peut-être équivalent, éclairez mes lecteurs si quelqu’un qui me lit est plus versé que moi en mécanique).  Bref, chaque trou était devenu une torture  (les armoires arrachées de Bertha en étaient la preuve !)  et un mécanicien m’avait fait remarqué que mes muelles étaient finis (ce sont des barres de métal qui doivent avoir la forme d’un sourire, et qui permettent à la carrosserie d’amortir les coups, vous devinerez qu’avec toutes les bosses, du Mexique au Pérou, notre sourire ressemblait désormais à une baboune…) alors ils furent réparés à Puno, pendant notre absence…  En prime, et c’est le grand plaisir de voyager avec des enfants, nous avons eu droit à un féerique tour de… suspense…  pédalo ! sur le lac Titicaca.  C’est pas rien…
Séance de jeux sur la place de Taquile
Photos de famille (cherchez l'intrus?) au Lac Titicaca 
Nous sommes partis vers le Canyon de Colca le lendemain, en disant à nos enfants que ce n’était qu’un au-revoir, on retournerait au lac Titicaca en Bolivie !



La route qui mène de Puno à Arequipa fut toute une surprise…  probablement parce que personne ne nous en avait jamais parlé, mais ce haut plateau entre 3700 et 4600 mètres est simplement hallucinant, la pauvre végétation qui lutte contre les éléments pour survivre, les vicunas qui sont ici chez elles, avec le majestueux volcan Misty en arrière plan…  Les mots me manquent, encore…  On dormira ce soir à deux pas du lit d’une rivière desséchée…  Au programme feu d’épines (rien d’autre ne pousse! et guimauves)  En m’endormant auprès de mon amoureuse, je ne peux m’empêcher de me trouver chanceux, chanceux de vivre cela, d’y avoir cru et de maintenant dormir à près de 4000 mètres entouré des vicunas, après avoir mangé des guimauves sur un feu d’épines, avec ma famille…

Le lendemain, on se rend à Arequipa, et ceux qui y travaillent dans les agences de voyage semblent si empotés qu’on se rend compte qu’on a finalement perdu une journée complète et presque 300 kilomètres…  On pensait en effet qu’à Arequipa on pourrait se planifier un tour sur mesure dans le Canyon de Colca, mais non…  Tout ce qu’ils semblent proposer, c’est presque douze heures de transport en 2 jours pour espérer prendre des photos de condor et se baigner dans des bains termaux…  Un peu refroidis par notre expérience de tour organisé des derniers jours, on se rend jusqu’au canyon de Colca par nos propres moyens…  Et une fois à la ville au bout de la route pavée, on se rend compte que c’était là et nulle part ailleurs qu’il fallait organiser un tour dans le canyon.  (Pour les intéressés qui voyagent au Pérou et qui êtes intéressés par le Canyon de Colca, c’est à Cabanaconde qu’il faut organiser son trip, l’agence est dans une tienda, en face de l’église, le bonhomme qui s’en occupe connaît tout et tout le monde)  On fera donc la marche qui descend au fond du Canyon (le deuxième plus profond au monde, seulement une quinzaine de mètres de moins profond que son voisin à une centaine de km au nord).  Mais cette marche  que le Lonely planet annonçait en deux heures, était bien pire que ce à quoi on s’attendait…  Ça nous a pris plus de trois heures !  Et ne venez pas dire que nos enfants sont lents pour les descentes, les descentes, ils les descendent en courant !  Mais à part les genoux et les jambes en compote, cette randonnée est parmi les plus belles que nous avons fait depuis le début du voyage…  Encore une fois, absolument magique…  avec en prime un condor qui passe près d’arracher une touffe de cheveux d’Élias.  Je n’en reviens pas, le condor est exactement comme dans les cités d’or (pas de la même couleur bien sûr !) même à part ça c’est la même chose…  Je me sens transporté ailleurs, quelque part 25 ans plus tôt où lorsque je regardais un dessin animé, j’en faisais partie…
Magnifique Canyon del Colca
La descente dans le canyon
Arrivés au fond du canyon, on se tire dans une piscine, on mange en vitesse et on loue des mules pour remonter en haut.

Récompense bien méritée...
On profitera des bains termaux avant de descendre, tranquillement, vers la côte…  Lorsque le jour tombe, les endroits où s’arrêter sont rares, pour ne pas dire inexistants…  Christine prend le volant et nous emmène vers la frontière, tout doucement.  Assis à ses côtés,  je sens un étrange sentiment  de liberté monter en nous…  Depuis le Mexique, nous nous étions dit que nous ne roulerions plus la nuit : trop dangereux…  Et maintenant, nous le faisons…  À travers le désert, nous roulons. Tranquillement, en nous rapprochant du Chili, où nous avons vécu il y a maintenant 8 ans…  En roulant ainsi la nuit, impossible de ne pas se sentir « délinquants », non que nous ne fassions quoi que ce soit d’interdit, mais simplement parce que nous faisons quelque chose que nous nous étions interdits.  Et demain, le Chili nous attend.  Nous l’accueillerons avec soulagement…