mercredi 31 août 2011

Baja California

(Attention, cette chronique est vraiment longue, vous comprendrez en voyant la longueur et en tenant compte de la fréquence à laquelle j’écris pourquoi je n’ai fait affaire avec aucun magazine, nul n’aurait voulu de moi !  je vous indiquerai donc au fil de celle-ci quels sont les meilleurs moments pour prendre des pauses)

Aux dernières nouvelles, qui datent de longtemps, nous venions tout juste de passer la frontière du Mexique. Tout baignait dans l’huile et nous étions à Ensenada.  Après deux jours de plage, nous avons poursuivi notre route vers le sud.  Mais avant cela, Théo et Élias ont déjà pu sentir la différence entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique.  Il n’y a fallu en effet que quelques heures sur la plage pour que nos enfants deviennent les meilleurs amis de Anna Paulina, peut-être huit ans.  Étrange tout de même, après six ou sept  semaines en territoires nord-américains, qu’ils n’aient pas réussi à se faire de si bons amis qu’après 24 heures au Mexique.  Je ne dirai pas qu’il faudrait  revoir notre façon de contrôler nos enfants pour  diriger leurs jeux avec leurs pairs, mais bon, me semble que je l’ai déjà fait… 

Tout de même, après deux beaux jours de plage et nos premiers tacos et quesadillas, on repart vers le sud…  Le plus beau de la Baja California est au sud, à ce qu’il paraît.  Longue journée de route. La route est en construction sur des kilomètres et des kilomètres.  Et les Mexicains ne semblent pas construire les routes à notre façon.  Ils sont excellents pour les détruire, les chantiers s’allongent et s’allongent, mais nul part semble-t-on la reconstruire.  C’est sans doute culturel…  Mais les routes de garnottes, Christine au volant vous le dira, ça épuise.  En fin d’après-midi, nous arrivons à El Rosario. On couchera ici. On a assez roulé.  Mais ce qui sur la carte semblait être au bord de la mer ne l’est en fait pas du tout.  Après avoir traversé la ville (ce qui n’a pas été très long), je reviens sur mes pas (j’ai remplacé Christine au volant depuis), je m’arrête dans un RV Park.  Placote avec la préposée, lui demande s’il n’y aurait pas une plage, oui, qu’elle me répond, à la fourche, c’est à Rosario abajo (en bas), ici c’est Rosario arriba (en haut).  Je reviens comme un sauveur.  «  Les enfants ! J’ai trouvé une plage ! »  Je suis un héros !  On prend la fourche : chemin de terre, ça brasse, c’est pittoresque ! c’est merveilleux ! c’est le Mexique !  Le chemin de terre devient un chemin de sable… Ça brasse moins, ça ressemble à de la neige.  Cool, je suis en terrain connu.  Tout d’un coup, un cul de sac, une clôture. J’essaie de faire demi-tour, je m’enlise… oups…  C’est pas grave les enfants, papa a l’habitude de pelleter.  Je sors, avec la pelle.  J’avance un peu, je recule un peu, je m’enlise encore plus… reoups… Tout d’un coup,  je me sens passer du héros qui avait trouvé la plage vierge au zéro qui vient de se pogner dans une trappe de sable…  Un premier Mexicain arrive. À pelleter à plusieurs, c’est moins déprimant, mais ça ne sort pas plus.  Les coups de pelle reprennent, on tente de ressortir, à chaque fois, ça échoue.  Une heure ou deux plus tard, un pick-up arrive.  Il ne semble pas trop content de me voir là.  Pourquoi ? Allez savoir !  Je lui explique mon problème, il me demande ça coûte combien pour qu’il m’aide, je lui demande s’il peut me sortir du trou, il me redemande combien, je lui redemande  si son pick-up est assez fort pour me sortir du trou…  Frustré que la virilité de son pick-up soit ainsi remise en question par un gringo, il essaie de m’aider, à la première tentative, la corde casse… mauvais signe.  Il essaie de me dire que c’est de ma faute, je ne comprends que la moitié de ce qu’il dit, même avec mon espagnol potable. Son langage est comme celui d’un habitant de St-Ours (t’en souviens-tu David ?) qui n’a jamais connu autre chose que son village.  Bref, après plusieurs essais, il m’a creusé un trou si gros que là, ma pratique de trente tonnes de creusage de sous-sol sera vraiment utile.  On le laisse s’en aller, comme le premier Mexicain d’ailleurs et je m’ouvre enfin une bière : quelle merde, faudra passer la nuit dans notre trou.   

(vous pourriez prendre une pause ici, genre aller chercher un verre d’eau ou aller aux toilettes)

Christine est un peu morte de trouille.  Le premier Mexicain m’a cependant dit qu’il y avait plein de coyotes dans le coin, ça me rassure.  S’il y a des coyotes, il y aura moins de Mexicains prêts à se faire quelques petits passeports canadiens…   Le temps passe, le pick up revient, nous tourne autour, rien pour nous rassurer… Dans quelle merde s’est-on mis ?  Notre meilleur moyen de défense, en Bertha, c’est la fuite, et là, on est complètement immobilisé.  Je dormirai avec la hache entre moi et Christine…  Et en plus, et ce qui est le plus difficile, il faut faire comme si tout ça était drôle, pour ne pas faire peur aux enfants, en particulier Élias, qui a une caboche de cinq ans qui sent tout, mais qui a tendance à faire aller son imagination…  Quelque temps après,  le premier Mexicain, celui qui m’a aidé à pelleter, revient avec un gros sac de poubelle, le pick-up repart avec à son bord le premier Mexicain et son sac de poubelle.  Le soir tombe.  Les coyotes se mettent à hurler.  Un chien, attaché à un poteau, à quelques cent mètres de notre trou, se met à hurler.  Il ne cessera de hurler, de japper et de gémir durant toute la nuit.   Nous passons la nuit sur le gros nerf.  À chaque fois que le chien jappe, hurle, gémit, on se dit : «  Ça y est, il jappe, hurle, gémit après quelqu’un, on a de la visite… »  Mais à chaque fois, rien.  À six heures le jour se lève, on desserre les dents enfin…

Au petit matin, on se promène en plein champ et on va chez un cultivateur qui possède un tracteur.  Malchance, personne.  On revient, je me remets à pelleter comme un démon.  Quelques heures après, un pick-up blanc passe.  « Christine ! Il tourne sur la route où il y avait le tracteur, vas-y avec les enfants et fait la jeune femme prise au dépourvu… »  ce qu’elle fait. Avec brio, à voir le résultat :   30 minutes plus tard, mes deux plus vieux et Christine sont assis dans le tracteur et tout sourire.  Le tracteur nous tirera finalement du trou. 



Leçon #1: Bertha, avec ses cinq tonnes, ne peut pas rouler dans le sable ; et le sable, ce n’est pas de la neige.  Avec de la neige, si on creuse suffisamment, on trouve le sol,  et au dessous du sable, eh bien, il n’y a que du sable.

Leçon # 2 : (particulièrement utile pour faire diminuer l’anxiété d’Élias) Où qu’on soit, et malgré la pire merde dans laquelle on s’est fourré, il y aura toujours un tracteur et un bon Mexicain (euh… Samaritain ?) pour nous venir en aide. 

Leçon # 3 : La technique de la jeune femme blanche et étrangère dans le pétrin avec trois enfants qui va demander de l’aide, c’est efficace.  Tout homme normalement constitué sentira l’Alpha en lui gonfler et dira : j’vais vous sortir de là ma p’tite mamzelle…

10 heures, on repart et au volant, je dis à Christine  que la journée ne pourra pas se terminer aussi mal qu’elle a débuté.  (En passant, en refaisant toute l’histoire dans notre tête, on s’est dit que le Mexicain pelleteur et le Mexicain au pick-up étaient sans doute venus pour cueillir du pot caché dans la plantation du fermier, ce qui explique que personne n’ait voulu nous dire d’aller chercher de l’aide auprès du fermier, ce qui explique que l’homme au pick-up ne semblait pas trop heureux de nous voir, on était gênant, et ce qui explique qu’il soit revenu pour rechercher le premier mexicain qui, comme c’est étrange, avait un sac de poubelle).

Bref, maintenant, on sait que Bertha n’est pas un véhicule tout terrain…

(Ici, vous pouvez prendre une vraie pause, genre aller jouer dehors ou aller dormir)


Ce jour là, on entre dans le désert (désolé pour ceux qui sont aux aguets, les photos de la dernière chronique avaient devancé le message).  Les paysages sont magnifiques. Les cactus impressionnent les enfants, on s’arrête pour dîner en plein milieu du désert et on cueille tous les fruits de cactus qu’on peut trouver… Mais il fait si chaud, qu’on ne peut pas rester très longtemps au soleil. Les villes dans le désert sont également surréalistes, certaines villes sur la carte n’ont plus que le nom : ce sont des villes fantômes.  La réalité de la région dépasse la fiction de Lucky Luke, c’est pour dire…

Le soir, on dort à Santa-Rosalita, (n’essayez pas de trouver sur la carte, vous n’y arriverez pas, c’est à une centaine de kilomètres au nord de Guerrero Negro, sur la côte pacifique), un chemin de gravelle épouvantable pour descendre jusqu’au village où environ vingt-cinq maisons nous attendent…  Il fait froid, il y a un vent de tous les diables, aucun chapeau ne tient sur la tête, le soleil tape…  La journée se termine décidemment mieux qu’elle a commencé !  Ça sent le poisson.  On demande au hasard… On nous dirige finalement vers un dix-huit roues rempli à craquer de poissons…  Christine monte à l’intérieur et on lui donne un poisson de près de 80 cm de long et de 10 de large, pour un repas pour cinq, à ce qu’ils disent (en passant il ne faut JAMAIS écouter un poissonnier lorsqu’il parle de portion, encore moins s’il est Mexicain !) .  Quand elle demande le prix, on refuse de le lui faire payer…  On en sera quitte pour trois repas pour cinq…  Décidément ce ne sont pas les bons Mexicains qui manquent…
Lever de soleil en compagnie des pêcheurs

    

Le lendemain, après une longe journée de route marquée par des arrêts buanderie, gaz, eau on s’arrête à Santa Rosalia.  Il fait chaud, la mer est chaude, les poissons sont innombrables : nous voici dans la mer de Cortez.  On s’installe d’abord sur la plage, mais dès que le soleil se couche, les pick-up se mettent à nous tourner autour, sans doute plus par curiosité que par méchanceté, mais on déménagera quand même, et ce sera notre premier stationnement d’hôtel. Mais il fait si chaud, que l’on peine à dormir…

Le lendemain, dans les rues étroites de Santa-Rosalia, Christine, en se stationnant, frappe un poteau. Crac.  Bertha vient d’être amputée…  Arrachée une partie de panneau qui protège notre couchette. Je passerai deux heures à tenter de réparer, mais sans trop de succès…
Église de Santa-Rosalia

L’après-midi, ce sera arrêt à La playa el Coyote, près de Mulege.  C’est une de plage de sable blanc avec pour décor des roches et des cactus en arrière plan et devant nous le turquoise de la mer.  L’eau est chaude à souhait et les garçons jubilent.  Élias et Théo découvrent qu’ils peuvent nager la tête dans l’eau en regardant les poissons !  De l’apnée à trois et cinq ans ! je ne m’attendais vraiment pas à ça !  Ariel, qui n’a pas un an et demi, nage seul avec ses flotteurs aux bras et à la taille.  Il a adopté la nage sur la bedaine. Il est tordant, un Mexicain en riant l’a baptisé la tortugita  et les enfants ont ainsi appris un de leur premier mot en espagnol : petite tortue = Ariel.  Un tour en chaloupe moteur nous amène sur une île ou on nous fait manger des palourdes et pétoncles crus, les meilleures palourdes que j’ai jamais mangées, de loin, et  Élias mange tout ça, comme un champion, et en redemande !!! Décidément, je crois que je n’ai pas fini d’être impressionné.




Les enfants et leurs amies mexicaines


















Mais il fait très chaud, on a hâte au soir pour un peu de fraîcheur, mais voilà, la fraîcheur ne vient pas…  Vous devinerez, on dort très mal.  En regardant autour de nous on comprend que les rochers volcaniques qui entourent la plage jouent le rôle d’un four : elles emmagasinent la chaleur toute la journée et continuent à irradier la nuit… À force d’avoir chaud, des boutons de chaleur poussent partout sur les corps d’Ariel de Théo et de moi, Christine et Élias sont épargnés.  Ça pique tant à Ariel que ça l’empêche de dormir, et nous aussi bien sûr. La deuxième nuit à la playa El Coyote vaut la première :  très mauvaise.  Pour couronner le tout, les enfants commencent tous trois à avoir la diarrhée.  Ouin… l’acclimatation au Mexique n’est pas si simple…

(vous avez ici le droit de faire une pause)

Le lendemain, après deux nuits, on est heureux de partir en espérant trouver plus frais.  Arrêt à Loreto, ville coloniale charmante où l’on passera la journée.  On s’arrête dans un vrai RV Park !  Le 20$ la nuit fait monter notre moyenne mais on dort sous des arbres et il y a une brise !  Génial !  On passera la journée en ville, et surprise, on rencontre nos premiers gringos !  Tout le monde nous parlait des touristes américains et canadiens à Baja California, mais ils sont les premiers qu’on croise. On les trouve quelque peu étranges. On a l’impression de se retrouver devant un miroir déformant : est-ce bien nous ? Sommes-nous comme eux ?  Quoiqu’il en soit, notre journée en ville à se balader dans les rues, à manger le soir dans un grand resto avec musiciens et tout, dans une ville qui fait la belle face aux touristes, sera détendante pour tout le monde.

Le lendemain, en tentant de sortir des minuscules rues de Loreto, un arbre frappe le toit de Bertha. (je devrais plutôt dire que j’ai frappé un arbre !) Un second trou… (c’est mon tour)  Deux en 3 jours,  les rues du Mexique sont plus difficiles qu’on ne se l’imaginait… Faudra trouver quelqu’un pour refaire la carrosserie, mais par chance on est dans le désert, moins de chance de prendre la flotte.  Le soir, on est aux portes de la Paz, la journée à été longue et chaude, et on se paye un second stationnement d’hôtel (gratuit) et, en échange d’une bière, d’une margarita et d’une  limonade pour trois (devinez qui boit quoi) on peut se servir de la piscine !  Grand plaisir pour tout le monde et en particulier pour les quatre hommes de la famille qui commencent à avoir l’entre-jambe en feu après le cocktail sel-sable…
 
Notre route vers le Sud nous amène ensuite à Todos Santos.  La mer est géniale, les vagues sont fortes mais baignables.  C’est une grande découverte pour mes deux grands : ils jouent à affronter les vagues ! Décidément, ils n’ont pas fini de m’impressionner.  Ils roulent, se font ramasser sur dix pieds, avalent la tasse, se relèvent et recommencent !  Los Cerritos est aussi un repère pour riches amateurs de surf.  C’est drôle, le prix de la Margarita est d’environ douze dollars au resto, et dans Bertha, environ 80 cents.  On regarde les beaux couples « in » et bronzés qui défilent devant nous, et on détonne… c’est clair.  N’empêche, le surf a un je-ne-sais-quoi de vraiment décontracté qui est attrayant :  j’ai donc commencé à travailler les gars : quand vous serez grands, on apprendra à faire du surf ensemble…
 
(Vous pouvez ici faire une pause, si vous vous sentez fatigués, mieux vaut fermer l’ordinateur, le reste se fait d’une traite)

On repart pour la boucle sud  de la Baja, la plus belle à ce qu’il paraît.  La plus touristique aussi, on n’y restera pas.  Nous avons vu de bien beaux touristes bronzés à Los Cerritos, on pourra bien attendre jusqu’à Acapulco pour les suivants…  À la pointe Sud, après une nuit à Las Playas, petite communauté de San José Del Cabo (coin magnifique), on décide de prendre le chemin de terre qui longe la côte plutôt que l’autoroute qui nous ramène  directement à La Paz.  Ce sont les plus beaux paysages de la Baja, à ce qu’il paraît.  À un embranchement, on prend la mauvaise fourche, la route est encore plus mauvaise, ça monte, ça descend, c’est étroit : des montagnes russes en terre.  Cul de sac…  Notre expérience des demi-tours  et des trappes de sable est encore frais :  Prudence… on fait ça comme des champions.  On revient sur nos pas, les montées sont pires dans ce sens.  J’accélère dans les descentes pour pouvoir grimper.  Puis l’embranchement, et enfin une route un peu moins folle.

À l’heure du dîner, un gueling guelang étrange attire mon attention. J’arrête.  Je vais voir.  Je me glisse sous le camion : plus de réservoir d’eaux usées…  ( ?!%$*& ?%$ !#)  On l’a perdu en chemin.  Le stress monte, monte, monte…  Il est tombé sur la route, si une auto est passé dessus et l’a crevé, on est joliment dans la merde, au sens propre et figuré. 

Je laisse Christine et les enfants à la plage, je refais la (mauvaise) route en sens inverse.  Je le retrouve, intact.  Ouf…  Je le remonte à bord, je rejoins Christine.  

Le stress descend un peu, au moins on a notre « tink », mais faudra retrouver un moyen de la remettre.  En attendant, j’ai l’impression d’avoir une monture en miettes.  Il sera difficile de profiter de la côte au sud-est de La Paz, disons que la tête est ailleurs.

On s’arrête le lendemain chez Home Depot, à la Paz, ici je trouverai ce dont j’ai besoin.  Horreur !  Le système de plomberie au Mexique n’est pas celui des Etats-Unis et du Canada.  L’ABS noir comme chez nous n’existe pas.  Impossible de trouver les pièces. Je veux mourir. Il faudra trouver un plombier pour faire le travail à ma place.  Pour nous aider, la nuit à la Paz est épouvantable : Ariel se réveille à toutes les heures et on est sur une rue passante.  On se réveille presque plus fatigués qu’on s’est couchés.  On décolle et on se trouve un RV Park avec piscine.  L’objectif est clair :  réparer Bertha.  Je passe la fin de l’avant-midi à chercher : je trouve un débosseleur pour le lendemain qui bouchera mon trou et celui de Christine, et je trouve un plombier pour l’après-midi.  L’après-midi, le plombier a disparu.  Je me retrouve fin seul…  Je retourne chez Home Depot.  Je ne peux m’imaginer à rester les bras croisés en attendant qu’un plombier me tombe dessus par hasard.  Je finis par acheter une quantité de gogosses et en revenant, je me rends compte que ça pourrait marcher.  Vive le système D.  Je reviens le soir un peu débiné en devant avouer à ma douce que le plombier a disparu… je ne suis pas trop fier de moi.  Mais les petits sont heureux de se baigner dans une piscine et je promets à Christine que je pourrai réparer la tink moi-même (pourvu que j’en sois capable !).  Il est trop tard pour tenter de réparer tout ça à la noirceur, je dois attendre demain. 

Au petit matin, avec l’aide de Christine, je réussis à fixer la « tink », ouf…  C’est sans doute moins solide et moins beau que l’original, mais ça semble tenir.  Je vais chez le débosseleur-soudeur-mécanicien qui refait une beauté à notre Bertha pour un gros (roulement de tambour) quarante dollars  pour plus de deux heures de travail!  A Midi, Bertha est en ordre.  Je me remets à respirer normalement.
Plage Tecolote

Notre passage à La Paz nous aura aussi permis de s’acheter deux ventilateurs de douze Volts pour la modique somme de deux cent dollars US (le stock de bateau, c’est du vol !), mais pour dormir la nuit, ça en vaut le coût.

Nous nous écraserons ensuite deux nuits sur la plage de El Tecolote avant de prendre le bateau pour Mazatlan, sur le continent.














J’ai l’impression que nous sommes enfin prêts à continuer.  Nous avons fait suffisamment de conneries avec Bertha : rouler trop vite en montant des côtes, ne pas assez prendre le temps avant de se stationner, les trappes de sable, et quoi encore…  Mais maintenant, il peut pleuvoir et nous pouvons nous laver les dents !  Nous avons eu chaud et espérons que le continent sera moins chaud que la Basse Californie, mais les boutons de Théo et d’Ariel disparaissent...  Pour reprendre les mots de Maxime (en passant merci pour ton super beau message à mon départ), la carapace est moins molle qu’au début…  La suite sur le continent… le meilleur est à venir…


     








vendredi 12 août 2011

Les Américains

(Jean-François – peut-être vaudrait-il mieux le mettre ainsi entre parenthèses car le dernier message, le dernier paragraphe excepté, fut écrit par Christine et les proches mêmes ne l’ont pas remarqué.)

Je sais, je sais, le voyageur moyen et je dirais même plus : le plus évolué des homo sapiens comme le dernier des Néanderthals a tendance à généraliser, à dire « ils sont comme ci, ils sont comme ça », et à comparer tout le reste du monde à soi.  Alors voici, comme je ne me considère ni  en dessous (ni au dessus d’ailleurs) du Néanderthal moyen, voici ma chronique sur les Américains (qu’à partir de maintenant il faudrait dire États-Uniens, puisque j’écris du Mexique).

D’abord, les États-Uniens ne s’avèrent pas vraiment être ceux que je croyais. Ce que je connaissais des États-Unis, c’était la côte Est jusqu’en Floride et l’image que nous renvoie la télévision américaine.  Bref, les États-Uniens sont gros, ils  se nourrissent de Fast-food, il y a des Wal-Mart partout, etcetera.  Ce qu’on retrouve bien peu en Californie.  En effet,  le recyclage y est présent, beaucoup de voitures hybrides roulent sur les routes, beaucoup de panneaux de solaires, des éoliennes, des annonces sur l’autoroute pour indiquer où l’on recharge les voitures à piles.  Une loi pour mettre au rencart les autos dont le moteur rejette trop de smog.  Sommes-nous aux Etats-Unis ?  Je crois rêver.  Et pas de Wal-Mart !  Pas de magasins super-géants !  Pas de outlets sur les bords d’autoroute, et peu de drapeaux américains !  Décidément, la Californie doit faire bande à part.   C’est sans compter que dans les épiceries, le fast-food est presque impossible à trouver, il y a une taxe sur la malbouffe, alors elle a tendance à disparaître des étalages.

Et je n’étais pas encore arrivé à San Francisco.  San Francisco : une petite ville centre, une énorme Banlieue, jamais d’autoroute de plus de deux voies, toujours un métro, le plus souvent aérien, qui longe l’autoroute.  Les ponts vers San Francisco sont peu nombreux, les prix de passage dissuasifs, les prix de parkings, exorbitants.  Résultats :  une ville vraiment sympathique : tramways, trolley, métro, autobus, énormément de piétons, beaucoup d’espaces verts en ville  Bref, je me disais que jamais je ne m’étais trouvé dans une ville qui ressemblait tant à Montréal.  Les wharves : c’est le vieux port ; le quartier chinois : c’est le quartier chinois ; North Beach, c’est la petite Italie ; Haight, c’est le plateau Mont-Royal d’il y a quinze ans ; Castro, c’est le village gai.  Et la diversité et l’ouverture des habitants de San Francisco rappelle Montréal.  Et les Californiens sont très accueillants, on sent qu’ils se savent privilégiés, vivant dans un endroit magnifique, mais jamais ils ne semblent pédants, ils semblent plutôt avides de nous le faire découvrir. 

En sortant de San Francisco, vers le King’s Canyon (voir les photos du message précédent) on traverse la plaine où poussent la majorité des fruits et légumes de Californie qu’on mange chez nous.  Première surprise : cette plaine est un désert.  Les fruits et légumes ne poussent que grâce à l’irrigation, il fait chaud, pas un coin d’ombre, où il n’y a pas un tuyau d’arrosage, c’est des herbes sèches et rabougries, ou du sable.  Ça fait un choc.  D’un côté, on peut être émerveillé par la beauté des réalisations de l’homme, de l’autre… quoi ?... on doute…  Faire pousser autant de fruits dans un désert ?, et si les rivières se tarissaient ? et ce que je dis n’est pas farfelu.  Paraît que depuis quinze ans, la quantité de pluie diminue de façon effarante  dans le sud ouest américain.  La vallée qui était fort probablement verte il y a soixante ans est presque déjà un désert…  Et c’est sans compter le smog, il a fallut franchir une première chaîne de montagnes de près de 2000 mètres avant que le ciel ne redevienne vraiment bleu… 

La situation est presque triste.  On voit des gens qui font des efforts comme on ne peut même pas imaginer au Québec (voitures hybrides, électriques, éoliennes, panneaux solaires) mais le smog est là, persistant, tenace.  C’est triste à dire, mais les Californiens, côté pollution, semblent un peu dans la merde.  Ils ont développé cet état à un moment où le concept même de pollution n’existait pas. Ils sont soixante millions.  Ils ont construit tant de routes qu’avec les routes de Californie, on pourrait faire trois fois le tour de la Terre (ceci n’est pas une figure de style).  Aujourd’hui la réalité les rattrape.  Que faire ?   Même avec tous leurs efforts, le combat semble perdu d’avance.  Il faudrait repenser tout le réseau routier pour que tout se fasse en train, en autobus, partout.  Cela coûterait des milliards.  Et encore on n’aurait pas touché à la mentalité des gens…  pour les californiens, comme pour les québécois, pour se déplacer, ça prend une auto…

Au retour, nous sommes passés par Los Angeles…  je n’ai pas vu grand chose car le ciel était gris : smog.   J’ai été émerveillé par le réseau autoroutier. Des autoroutes à quatre, cinq, six, sept voies dans un seul sens.   Un parfait quadrilatère, une vraie fourmilière. Partout où l’on veut se rendre, on s’y rend en voiture.  Un génie d’urbanisme.  Mais un bouchon de circulation monstre. Et du smog.  Les voies réservées au covoiturage existent seulement aux endroits où il n’y a pas de circulation (comme chez nous), jamais au centre-ville.  Je voyais le Québec dans vingt ans, sauf que nous, nous savons…  Si quelqu’un connaît l’adresse de Jean Charest, peut-être lui envoyer seulement ce paragraphe, lui qui pense que tout goudronner est la voie de l’avenir.  Plus on fait d’autoroutes, plus de gens l’utilisent.  À quelques cent kilomètres de LA, bien passé Anaheim, j’ai ressenti ma peau respirer enfin, le smog nous quittait peu à peu…  Los Angeles et sa pollution ressemble autant au Québec que San Francisco la progressiste lui ressemble.  La Californie est à la fois le meilleur et le pire de nous-mêmes…

Les Américains sont sans doute aussi différents les uns des autres que les Canadiens peuvent l’être.  Et c’est peut-être pourquoi j’aime la Californie, et j’ai hâte d’y retourner.  Pour la route 1 entre Eureka et San Francisco.  Pour San Francisco.  Pour le King’s Canyon.  Pour ce que je vous dirai dans mon prochain message…

Nous sommes au Mexique et sains et saufs !




Ça fait plaisir à écrire.  J’avais entendu tant d’histoires de peur à propos de la frontière.  Si Julie et Bruno ne lisent pas mon blog, quelqu’un dites-leur que tout va bien pour les rassurer, ils me semblaient inquiets. Je suis à Ensenada et heureux d’y être.  Et oui, j’étais TRÈS nerveux au moment de passer la frontière.  La veille aussi d’ailleurs.  Mais avant d’arriver au Mexique, il y avait les plages d’Oceanside, de Carlsbad, de Leucadia et d’Encinitas où nous sommes restés deux jours (en fait un peu plus de 24 heures).

Si vous avez votre Atlas en main, Encinitas est à quelques 15 miles au Nord de San Diego, et c’est la capitale continentale américaine du Surf.  Le matin, à neuf heures, il est facile de compter une centaine de surfers quand on regarde la mer droit devant soi.  Le soir à huit heures, quelques minutes avant le coucher du soleil, c’est la même chose.  Les gens de la place disent qu’à Encinitas, quand il y a des vagues, la ville est morte : tous sont malades et ne peuvent se rendre au travail…   Les gens se rendent à la plage le plus souvent en picksups ou en Westfalia, il y a plus de Westfalia à Encinitas, qui n’apparaît sur aucune carte ou presque, que dans toute la grande région montréalaise qui fait plus de trois millions d’habitants.  D’autres surfers se rendent sur la plage en motos, à vélo, en skateboard !  C’est un monde que je n’imaginais pas.  On a tendance à s’imaginer que le surf est un sport pour les beaux bronzés-musclés dans la mi-vingtaine… Erreur, tout le monde surfe, de tous les âges, à partir de cinq ans. Un des meilleurs surfers que j’ai vu devait d’ailleurs avoir environ douze ans. Les barbecues sur la plage, la limonade, les hotdogs, les enfants qui crient, les bouteilles de vins, les Berthas comme la nôtre, les westfalias...

S’il fallait reprocher quelque chose à tout c’est univers décontracté, c’est que les canons de la mode masculine semble bien avoir pâlis.  Je repense aux surfers des films de Elvis, à ceux des clips des Beach Boys, et même aux surfers hippies des années soixante-dix, et je dois avouer que le fait qu’on ne voit que des surfers en wet-suit qui ressemble étrangement à des pyjamas une pièce ou à des combines de joueurs de Hockey des années cinquante a de quoi décevoir. Je suis probablement trop superficiel. Autre chose les filles, (s’il est vrai, que le Québec est en retard d’un an sur la Californie pour ce qui est de la mode) vous devrez vous promenez en top de Bikini et shorts moulantes en jeans effilochés, ce qui n’est pas si nouveau et avec un chapeau de Cow-boy en paille…

Après deux jours je m’en suis presque voulu d’être dans ce microcosme quand je sais que toi, Philémon, tu dois probablement te morfondre en lisant ceci.  Mais bon…  Tu devrais venir nous voir avec Akeno, ce n’est peut-être pas trop tôt dix-huit mois pour apprendre les rudiments du surf…

On voulait néanmoins se rendre au Mexique.  Quand je me suis rendu compte qu’on passait les lignes le lendemain, je me suis mis à stresser, je crois que Christine était déjà stressée depuis trois jours, peut-être quatre.  Mais il fallait passer par là.  On a tout voulu arranger : acheter les gugusses pour réparer Bertha, plein d’essence, de propane, d’eau, assurances, mais à un certain moment, il fallait bien passer les lignes…

Cela a pris presque deux heures.  Comme l’a dit Christine, ils ont la vie devant de soi… En effet ce n’est pas pressé, pressé.  Voir un premier monsieur, qui nous fait remplir les cartes de touristes, mais qui ne sont pas encore valides, aller à la banque payer les cartes de touristes, revenir au premier monsieur, qui estampille lesdites cartes de touristes maintenant valides, puis aller au bureau d’à côté, qui fait des photocopies et retourner à la banque, qui grâce aux cartes de touristes  et aux photocopies valides, nous donne le droit de payer pour obtenir une carte d’importation de véhicule.  Ça peut paraître Kafkaien, mais ça nous donne le temps de respirer.  Après deux heures de poireautage, on est prêt pour le Mexique…  En sortant, j’ai renversé une poubelle et deux minutes plus tard un autobus me doublait dans une  voie unique pour entrer sur une autoroute !  Welcome to Tijuana !   Nous ne sommes plus aux Etats-Unis.  Tranquillement au volant de ma Bertha, je me suis mis à accélérer comme un démon pour dépasser les gens, je n’ai plus attendu d’avoir un espace pour doubler, je fonçais, et je faisais de grands simagrées avec mes bras, et peut-être même que j’en ai insulté deux ou trois en espagnol… J’étais de retour en Amérique latine.


Arriver au Mexique me faisait peur.  L’environnement n’est pas le même, on n’aborde pas les gens de la même façon… en fait rien n’est pareil.  Cela m’effrayait.  Mais je me suis rendu compte après quelques maisons en béton dont les « rods » de métal dépassaient du dernier étage, après quelques toits de taules, après quelques vendeurs itinérants sur les routes qui te vendent des asperges ou des antennes de télévision, après que j’ai remarqué que les trottoirs étaient ici de la terre battue, que j’étais revenu où il faisait bon voyager.  En fait, les voyages où j’ai vraiment découvert le Voyage, c’était en Amérique latine.  Et que ce soit le Mexique, le Chili, la Bolivie, le Salvador ou le Guatemala, il y a un air de famille.  Je me sens étrangement comme si la véritable aventure débutait, et cette fois-ci, je la vis avec trois enfants.  Je couche ce soir à Ensenada à Baha California, et le voyage s’annonce plein de promesses…











dimanche 7 août 2011

L'Ouest américain






Après six semaines de voyage, je commence moi aussi à prendre un rythme et j'ai finalement réussi à écrire un premier petit mot sur notre voyage, que voici.  Donc, après avoir embarqué Marc, un ami venu passer quelques jours avec nous, nous avons quitté Vancouver le 18 juillet. Pressé de retrouver le soleil et la chaleur, nous avons traversé l’état de Washington rapidement, ainsi qu’une bonne partie de l’Oregon.  Notre premier arrêt a été dans le parc des dunes, au sud de l’Oregon.  Nous avions finalement retrouvé le soleil et après une jolie marche nous sommes arrivés sur une plage magnifique, déserte à perte de vue.  Après une trentaine de minutes de jeux, notre Théo nous fit remarquer que ce que nous avions pris pour un tas de roche sur le bord de l’eau était en fait un groupe de lions de mer, étendus paresseusement au soleil! Les enfants les ont trouvé plutôt drôles, ils sont restés notre seule compagnie sur la plage pendant toute la matinée. 



















Notre prochain arrêt fut pour la Lost Coast, dans le nord de la Californie, une pointe de terre  oubliée depuis que la route 101 a été construite plus à l’est.  Nous cherchions un coin tranquille et isolé pour passer quelques jours plus calmes.  La route à elle seule était magnifique et nous avons trouvé un super site pour notre premier véritable bivouac sauvage.  Les enfants ont découverts les Bernards l’Ermittes et des étoiles de mers, qui ont été leurs compagnons de jeu pendant 3 jours.  L’arrêt nous a tous fait du bien, passer trois jours à regarder la mer ou des feux de camps sans croiser personne, ça relaxe !

 



Pour sortir de la Lost Coast, nous devions suivre une petite route sinueuse pendant environs 50 km.  Jean-François roulait tranquillement pour ménager les freins de notre Bertha, qui ont tendance à chauffer.  Marc qui tenait compagnie, pendant que les enfants et moi nous reposions.  J’ai été réveillé par un bruit de quelque chose qui casse.  Sous le choc, nous nous sommes rendus compte que le pick up qui venait de nous dépasser en traitant JF et Marc de « tapette » nous avait aussi tiré dessus avec un genre de fusil.  Le projectile est passé par la fenêtre du conducteur, à quelques pouces du visage de Jean-François, et a terminé sa course dans notre pare brise, qui s’est craqué.  Incrédules de ce qui venait de se passer (c’est arrivé tellement vite), nous n’avons pas pensé à prendre le numéro de plaque du véhicule.  Nous qui croyions être en sécurité aux États-Unis, on était loin d’imaginer qu’on pourrait se faire tirer dessus parce qu’on roule pas assez vite! Une chance, les enfants dormaient et ne se sont rendu compte de rien.

Heureusement, nous sommes arrivés dans la forêt Humboldt quelques minutes plus tard.  Reconnue pour ses immenses Séquoias, cette forêt a de quoi apaiser.  Les arbres sont tellement hauts et gros que la lumière arrive à peine à filtrer à travers leurs branches, de sorte qu’il n’y a presque rien d’autre qui pousse.  Cela donne une ambiance feutrée et un peu mystérieuse, digne d’une scène du Seigneur des anneaux.   À la sortie de la forêt, nous avons trouvé une belle rivière.  Nous en avons profité pour nous baigner, digérer les émotions de la journée et dormir au son du chant des grenouilles.  



Plage et baignade bien méritées































Le lendemain, départ en direction de San Francisco.  Nous avons décidé de prendre la légendaire route 1.  C’est en effet une route de toute beauté, qui longe la côte avec ses plages, ses rochers et l’océan à perte de vue.  Malheureusement, nous étions trop pressés pour en profiter pleinement car nous voulions arriver à Oakland en début de soirée.  Nous y sommes arrivés et les enfants ont été initiés aux merveilles du Baseball pendant un match des A’s d’Oakland contre les Rays.  Je vous laisse imaginer que les plus enthousiastes étaient Jean-François et Marc, mais les enfants ont bien aimé courir dans les gradins et ils ont adoré la barbe à papa.


La superbe route 1


Nous avons passé 5 jours à San Francisco, que nous avons beaucoup aimé avec ses ponts, ses bateaux, ses maisons colorées et ses tramways.  Les enfants ont arpentés les rues de San Francisco à pied comme de vrais champions.  Ils s’en viennent de supers marcheurs! Nous avons laissé Marc à l’aéroport le 26 juillet avec beaucoup d’émotion.  Élias a déclaré en larme qu’il voudrait que Marc fasse un long voyage d’un an avec nous.  Théo a dit qu’il aurait voulu que Marc reste toujours avec nous.  Merci pour ta patience et ton ouverture Marc, ça vraiment été un plaisir de voyager avec toi et de te voir développer des liens plus particuliers avec chacun de nos enfants…




















Nous avons retrouvé notre ami Guillaume Chartier à San Francisco.  Nous avons pu, grâce à lui, visiter le studio de Pixar, où il travaille.  Et comme Pixar vient juste de terminer le film Les Bagnoles 2, les enfants ont pu voir le processus de création du film.  Nous avons tous été très impressionnés par notre visite.  Depuis, Élias et Théo passent leur journée à « faire des films » avec leurs petites autos de course.  Merci pour cette belle visite Guillaume.





Nous avons ensuite fait un bref arrêt dans la vallée de Napa, premier producteur de vin de la Californie.  Nous en avons profité pour visiter un château qu’un américain excentrique a fait bâtir dans son vignoble.  Les enfants ont beaucoup aimé le château.  Cela nous a permis de concilier une activité d’adulte (dégustation de vin) à une activité pour eux. 



























Nous sommes ensuite rentrés dans les terres pour nous diriger vers le King's Canyon National Park. Nous avons retrouvé les montagnes rocheuses, au grand plaisir d’Élias, et les campings, au grand plaisir de Théo et d’Ariel.  Nous avons aussi trouvé la vraie chaleur, on est proche du désert et ça paraît.  Le parc longe un immense canyon, c’est de toute beauté.












La vie en Bertha : Nous l’attendions beaucoup plus tôt que cela mais la question fatale est finalement venue de Théo il y a 3 jours :
-       Maman, quand est-ce qu’on retourne à la maison? Je ne veux plus faire juste de la Bertha. 
-       Qu’est-ce que tu veux dire Théo? Tu ne veux plus faire de Bertha?
-       Non, je veux faire des tours de d’autre chose.
-       Comme quoi? Pourquoi veux-tu retourner à la maison?
-       Comme… des tours de métro!
-       Ah! Mais Théo, dans notre voyage on va en faire des tours de métro, aussi des tours de bateau et même un tour d’avion!
-       Oui!!! Je veux ça!
Pour cette fois ce fut simple à régler… Élias nous avait déjà déclaré, la semaine passée, qu’il trouvait cela fatiguant les longs voyages d’un an.  Depuis, on fait vraiment un effort pour les coucher tôt le soir et pour ralentir notre rythme.  Les enfants se sont vite habitués à vivre dans notre Bertha.  Ils ont beaucoup aimé la visite de Marc et les bivouacs sur la plage. Ils apprivoisent la nature, des bibittes marines aux cerfs, en passant par les feux de camp et les rivières glacées.  Et ils se régalent des délicieux fruits de la Californie. Ariel commence à parler.  Il dit finalement « papa », au grand bonheur de Jean-François.  Ses autres nouveaux mots sont « dedans », « canard », « banane », « encore », « dodo » et « bye bye ». 

Élias devant un séquoia mort
Ariel savoure son dessert















Théo nous raconte une blague

Bertha sur la Lost Coast
Quand à Bertha, elle va très bien.  On a profité de notre arrêt à San Francisco pour faire un petit entretien mécanique et on s’est fait confirmer sa grande forme.  Nous avons eu notre première crevaison,
(parenthèse de JF)  Je roulais tout bonnement, il faisait affreusement chaud, on était à la jonction de la cinq et de la 99 quand Pow, quecling cling que clang! 
Dans la forêt de séquoias 
EH! Arrête! Quelque chose a lâché (c’était Christine qui m’ordonnait de m’arrêter)
Je m’arrête, autant par nécessité conjugale que mécanique. Je descends, et… c’est bien ce que je pensais : un pneu est explosé…   Qu’est-ce qu’on fait? Je sors mes outils? On appelle le CAA?  Bon, je vais faire de moi un homme : je sors mes outils… oups…  Le vendeur de Canadian Tire, avec ses airs de grand seigneur m’avait vendu n’importe quoi, impossible de changer un pneu avec ce qu’il m’a vendu…  Il faudra que je trouve une autre occasion pour faire de moi un homme et il faudra appeler le CAA… reoups… il n’assure pas les VR.  Il faudra se résigner à appeler un mécanicien ambulant qui nous chargera 165 dollars pour changer un pneu.  C’est décidément un peu cher pour apprendre à ne pas faire confiance aux vendeurs qui se donnent des airs de grand seigneur et pour apprendre à essayer soi-même ses outils avant de les acheter…  maintenant je suis averti.  Mais bon, toute chose a du bon, on a été obligé de coucher beaucoup plus tôt que ce qu’on avait prévu, l’incident crevaison nous a quand même mangé deux heures.  On s’est d’abord gentiment fait rejeter d’un camping qui était réservé pour un party privé pour ensuite se faire conseiller de coucher dans les monts Frazier.  On a fini notre soirée sur un chemin de terre  creusé d’une rigole d’un pied de profond. Félicitations Christine pour ta conduite.  On s’est arrêté n’importe où, mais là vraiment n’importe où, dans le plus bizarre et le plus croche bivouac de notre  périple.  Le lendemain, on s’est rendu compte qu’on nous avait envoyé dans un endroit merveilleux.  Après une première chaîne de montagne, (montée durant la nuit) nous avons traversé une plaine puis grimpé une deuxième chaîne de montagne jusqu’à six mille pieds (presque 2000 mètres!), pour redescendre tranquillement vers l’océan.  On a même vu un faucon pèlerin! Magique!  La crevaison nous aura permis de découvrir les monts Frazier et la magnifique route 33, oubliés de tous les guides  de voyages, jusqu’à Ventura où les enfants s’en sont donnés à cœur joie dans l’océan pendant que je magasinais pour réparer tout ce qui avait lâché en cours de route dans Bertha… Pour se préparer au Mexique!
 
Bertha devant le King's Canyon