vendredi 29 juin 2012

L'Argentine 2: La remontée vers le nord

Ah oui, à Valdès il y a aussi des chiens...
Après avoir quitté sous le déluge Esquel et la région des lacs, on s’est dirigé vers l’est, vers la mer.  C’est 1000 km de route que nous faisons en deux jours, en partie de nuit.  En arrivant à Trelew, on  croise en pleine ville une colonie de flamands roses, sur une bretelle d’autoroute !  Dire qu’on avait fait 150 km  de chemins de terre dans le nord du pays pour en apercevoir et qu’ils étaient autrement plus loin que ceux-ci…  On dormira quelques cent km plus loin à Puerto Madryn,  qui est à la fois la porte de la Patagonie et le point d’entrée du parc National Valdes.  Encore une fois, nous aurons le camping pour nous tout seuls, et le programme est le même qu’aux autres camping : vélo pour les gars, jeux dans le sable, lavage, asado (grillades) de bœuf et malbec Argentin…  Bref, la vie est dure en Argentine… et en plus nous avons le soleil…  Qui ne durera pas, le lendemain il pleut et on se dirige malgré tout vers la péninsule de Valdes,  aire protégée où l’on retrouve des  baleines australes, des épaulards, dauphins, pingouins, phoques, lions de mers, éléphants de mers.  On se dirige vers le seul village de l’île, Puerto Piramides, où l’on dormira dans un camping fermé, entre deux dunes, ce qui est une sacrée chance, car avec le vent et la pluie, on aurait gelé…

Le lendemain on est accueilli par un soleil de plomb et un froid de canard et c’est en tuque et mitaines qu’on ira voir les phoques et les baleines franches.  Et même si on ne peut voir autant d’animaux qu’en septembre,  jamais je n’ai vu autant de phoques. Et pour les habitués de Tadoussac, disons que le ballet marin des baleines franches australes est renversant :  si voir une queue de baleine est une chance à Tadoussac, ici, si on ne voit pas une queue de baleine par minute, soit l’on a besoin de lunettes, soit l’on dort…  Et pour le restant de la journée, le programme est celui des campings vides argentins , vélo, jeux dans le sable, lavage, asado et malbec !  Bref, la vie est encore une fois bien dure en Argentine, même si l’on gèle…

Observation des phoques et des baleines
Le lendemain, la tempête est de retour, et l’on prend nos cliques et nos claques pour s’éloigner de la mer.  De toute façon, on a encore 1500 km qui nous sépare de Buenos Aires.

On s’arrête le soir dans une station balnéaire  où nichent des milliers et des milliers de perroquets à proximité d’une très grande colonie de phoques, et on se promet de jolies visites pour le lendemain, pour couper la monotonie de la pampa Argentine…  Mais le lendemain, c’est toujours la tempête, et il faut croire qu’on est les animaux avec le moins d’instinct :  les perroquets et les phoques, eux, ont déserté le bord de mer…  On est donc seuls avec le vent et le froid. Vous devinerez qu’on ne restera pas longtemps. 

Le 8 juin, c’est avec une certaine excitation, pour ne pas dire une excitation certaine, qu’on arrive finalement à Buenos Aires.  En effet, si certains veulent voir Paris, New York, Venise ou Barcelone, moi j’avoue que ça faisait bien longtemps que je rêvais de voir la fameuse Buenos Aires…  Et les attentes n’ont pas été déçues…  D’abord l’entrée fut bien moins pire que ce à quoi je m’attendais, et elle aurait été presque douce sans la mauvaise idée de trouver un concessionnaire GM pour effectuer les mises au point sur notre grosse Bertha…  Mais non seulement les concessionnaires sont difficiles à trouver et se renvoient tous l’un à l’autre le client  (genre : ah non moi je ne fais que les entretiens sur les modèles neufs)  mais ceux qui sont véritablement mécaniciens refusent de « traiter » une antiquité.  Bref, le service chez GM est aussi merdique qu’à l’habitude.  Donc voici le petit conseil du mois pour ceux qui voyagent en bazou en Amérique et que ce bazou est un GM :  n’allez pas chez les concessionnaires GM !

Balade à Puerto Madero
Ceci étant dit on trouve un joli coin près d’un grand parc, le parc 3 de febrero, qui sera notre camping à Buenos Aires le temps de notre séjour.  La première soirée se passe au parc  et nous en profitons pour nous rendre au métro le plus proche, pour acheter nos tickets, question de faire saliver les gars, car pour eux, prendre le métro est une activité en soi.  Alors le lendemain nous prenons le métro, et nous débarquons en plein centre-ville.  C’est la cohue totale ! Il n’est pas rare qu’une centaine de piétons traverse en même temps au même feu de circulation !  Une telle foule n’arrive à Montréal qu’au festival du jazz. Ici, c’est 365 jours par année ! Nous marchons tranquillement jusqu’à Puerto Madero,  longue promenade le long du port, tout à fait calme et charmante, contraste frappant avec le centre-ville.  On se dirige ensuite vers San Telmo pour dîner  à la plaza Dorrego, où des danseurs de Tango dansent autour de nous pour quelques pesos…



Le lendemain, on tentera de magasiner au centre-ville, disons que trois personnes sur cinq avaient dramatiquement besoin de nouveau linge, mais sans succès, au grand désespoir de Christine…  Notre souvenir de l’Argentine était marqué par l’image de superbes femmes avec du style qui avait un je ne sais quoi à la fois chic et décontracté…  Mais la mode est maintenant aux legging (ouash) et aux pantalons-couches, qui consistent en pantalons cintrés aux mollets et bouffant aux fesses hanches et cuisses  (re-ouash).  Bref cette mode a le malheur de faire mal paraître à peu près n’importe qui l’adopte, y compris les plus belles.  

On se dirige vers midi à Boca, quartier mythique, jadis ouvrier, aujourd’hui plutôt artistique, qui a quelque chose du plateau Mont-Royal d’il y a quinze ans (bon Dieu ça ne me rajeûnit pas !) .  C’est aussi le quartier de Diego Maradona et du tango…  Sur el Caminito, la rue piétonne, chaque restaurant a ses danseurs et ses musiciens de tango.  Ça donne quelque chose de bruyant au possible, mais cette étourdissante ambiance est envoûtante…  Il ne suffit que de marcher quelques pas pour voir des danseurs de tous styles, des musiciens qui passent du duo de guitaristes, au duo bandonéon et contrebasse au bel canto argentin de 80 ans…  Il y en a vraiment pour tous les goûts et pour peu qu’on ait deux oreilles, difficile de ne pas tomber sous le charme de ce quartier.
























Lendemain dimanche : vraie journée de porteno (un porteno est un habitant de Buenos Aires) pour toute la famille :  matinée au zoo,  ensuite sieste pour tout le monde et le soir, grand spécial : match de foot pour papa, Élias et Théo.  Le river Plate joue contre Boca, les deux équipes rivales et mythiques de la grande capitale.  Soixante mille spectateurs sont entassés dans le stade et hurlent comme des démons.  Ici, il n’y a pas besoin de joueur d’orgue : une fanfare au grand complet est sur place ! L’ambiance est hallucinante.  Cerise sur le Sundae, l’équipe locale, River plate, gagne, et les gars peuvent participer à ces purs moments d’hystérie collective !


Quoi dire d’autre de Buenos Aires ?  C’est une ville à voir, à prendre le temps de découvrir, à aimer.  Il y règne ici une ambiance particulière, le tango est ici une part de l’identité collective, comme leur superbe port, le transport en commun est si efficace qu’il y a moins de trafic dans cette ville de treize millions d’habitants qu’à Montréal,  et il n’y a pas de smog…  Bref Buenos Aires a su répondre à nos attentes, même si elles étaient grandes. 

Au bout de cinq jours, on repart tout de même car le bruit était malgré tout en train d’user sérieusement nos tympans (que voulez-vous, treize millions d’habitants, ça ne peut tout de même pas être silencieux ) et nous prendrons le bateau pour se rendre en Uruguay.  On le prendra finalement de nuit, ce qui n’est pas l’idéal, mais les autres bateaux étaient trop petits pour notre Bertha.   On arrivera donc à trois heures à Colonia…  Inutile que ce n’est pas le type de nuit reposante…  à plus forte raison avec trois enfants en bas de six ans.

Mais le réveil à Colonia est des plus agréables.    Colonia est tout aussi calme et apaisante que Buenos Aires était bruyante…  Ses petites rues en pierres où les piétons marchent tranquillement en plein milieu de la rue, ses petits restos, ses petits magasins d’artisanat hors de prix, ses murs de citadelle construits par les Portugais au début des années 1600.  En effet, Colonia de Sacramento fut construite par les Portugais qui voulait mettre la main sur ce bout de Terre qui devint l’Uruguay, après quoi les Espagnols construisirent Montevideo pour mieux se faire la guerre…  Rajouter à Colonia de vieilles voitures des années 40 qui semblent avoir été mises à chaque coin de rue exprès pour les photos des touristes et la chaleur qui est enfin revenue, et nous avons une ville de carte postale.  Mais la patience des gars est plutôt limitée après notre nuit en bateau, donc on ne s’éternise pas.




Le beau temps aussi a la mèche courte, la pluie se remet à tomber si bien qu’à trois heures le même après-midi, il fait noir comme en pleine nuit…  Malgré tout, on se dirige vers l’est et vers les plages de l’Urugay.  Le 14 nous arrivons à San Ignacio et le temps est froid et maussade.  Les petits sont malgré tout exaltés de retrouver la mer.  Même si le froid ne permet pas vraiment de se baigner, encore moins de bronzer, les petits se rabattent sur la chasse aux crabes et aux escargots.  Bref, le mauvais temps semblent peser davantage sur moi et Christine que sur eux !  Mais comme il ne peut pleuvoir tout le temps nous aurons notre journée de soleil à Punta del este, deux jours après !  Il fait un froid de canard mais en tuque et mitaines (encore), nous nous promènerons sur la rambla, long trottoir qui  fait tout le bord de mer pour aboutir au port  où les garçons sont bien heureux de voir les bateaux et nous d’acheter du poisson. 
Devant la fameuse statue de la main du noyée à Punta del Este
Il fait toujours aussi froid et gris à Montevideo.  Nous qui pensions retrouver du temps plus clément en Urugay, eh bien non…  Il pleut et il fait froid…  le moral, comme le soleil, n’est pas à son zénith… D’autant plus qu’on a l’impression que Bertha tombe en lambeaux…  On souhaitait secrètement pelleter par devant au niveau des problèmes mécaniques pour le mois restant, mais c’est impossible.  On a déjà effectuer les changements d’huile à Buenos Aires.  Nous avions fait réparer les serrures avant à Punta del Este (elles étaient tombées dans les portières), ce après quoi  nos portes avant s’ouvraient enfin de l’extérieur, on se sent presque conduire un char de luxe !  Maintenant,  c’est le frigidaire qui ne fonctionne plus…  Ce qui est un peu moins drôle : trouver un réparateur de frigidaire fonctionnant au propane ne sera pas une partie de plaisir en Amérique du sud…   On tente de faire des démarches samedi après-midi, mais rien à faire : Montevideo est une ville morte à partir de Samedi midi et la vie reprend le lundi matin !  Tant pis, on ne peut rien contre les heures de fermeture, alors on utilisera de la glace, vive la bonne vieille méthode de la glacière !  Et on se baladera en ville, eh oui, vous devinez : en tuques et mitaines !

Élias découvre un vieux téléphone
Donc le lendemain, malgré le froid, le temps gris et maussade, Bertha en lambeaux on se dit « qu’y mangent toute dl’a … » on va faire du vélo sur le board walk ! Le board walk, rambla pour les urugayens, malecon pour presque tous les autres latinos, est une longue promenade, pour piétons, vélos, patins, tout ce que vous voudrez, sur le bord de l’océan. Le board walk de Montevideo fait plus de 20 KM !  Et ce, pour une ville moins peuplée que Montréal, qui elle aussi est sur le bord  de l’eau.  Disons que je me passerai de commentaires, je pourrais être impoli…  Donc en bons petits touristes on se dirige vers l’adresse recommandée par le Lonely Planet… et c’est là qu’on se rend compte (une fois de plus) que voyager en famille, c’est vraiment pas cool.  Traduction : pas de siège de bébé pour Ariel.  La charmante Uruguayenne nous donne tout de même une seconde adresse où ils louent des vélos, et elle nous commande vivement d’aller à la feria.  Bon, on comprend pas trop trop ce qu’elle veut dire par feria mais on s’imagine que c’est une genre de bazar…  On va donc vers la première adresse qui loue des vélos, et il s’avère qu’elle n’existe pas.  Alors on se dirige vers sa feria…  Wow !  tous les Simon Taillefer (salut à toi mon vieux !) de ce monde et tous les ramasseux de bébelles seraient complètement dingues de voir ceci.  Bon c’est vrai, on avait constaté que les Urugayens avaient un faible pour les antiquités en général (qui pullulent) et les vieux bazous en particulier, mais là franchement, c’est l’apothéose. Imaginez environ 8 pâtés de maisons par huit pâtés  de maison complètement fermés à la circulation automobile, où l’on ne vend que des vieilleries, et ce à tous les dimanches.  Bref ce dimanche nous fait plonger dans le cœur de la vie Urugayenne, et ma foi, ça en vaut le coup !  Et Christine réussit même à s’acheter de beaux pantalons vintage qu’elle n’avait pas réussit à se trouver en Argentine !  Et les gars des Hotwheels des années soixante dix (papa aussi s’en est acheté une alors personne n’est en reste!).
Feria de Montevideo
Quelques heures plus tard, alors que nous avons quitté Montevideo et sommes rendus à Mercedes pour la nuit, le miracle se produit : le frigidaire se remet à fonctionner !  Bon d’accord je vous l’accorde c’est un miracle mineur, pas du genre les pains et les poissons, à peine le paralytique, mais quand même, après avoir changé les fusibles, l'avoir nettoyé et fait inspecté par un électricien : le frigidaire s’est remis à marcher, tout seul !  et comme jamais !  Mon hypothèse : nous avions fait trop tourner le système alors qu’il était à vide (plus de propane), donc les cochonneries de fond de réservoir ont été envoyées dans les tuyaux et les ont bloqués.  Et après un certain temps : pfiou, les cochonneries ont été repoussées…  et le frigidaire marche !

Pour ne dire qu’un mot de Mercedes, cette ville de 40 000 habitants a, elle aussi, un parc riverain d’une dizaine de kilomètres, où les gens peuvent se baigner, faire du canot, du kayak du voilier, pêcher.  Combien a-t-il de villes au Québec de 40 000 habitants pouvant se vanter d’avoir la même chose…  ne me dites pas la réponse.

Peu avant Salto, le moteur fait peuf peuf peuf et s’arrête…  Oups.  Panne sèche.  C’est la deuxième fois en peu de temps.  De gentils Urugayens m’amènent et me ramènent de la station service, mais ceci, en plus de nous démontrer la gentillesse des Urugayens nous montre surtout que notre moteur ne fonctionne plus très bien : un mécanicien sera à trouver, une fois de plus. Pour se donner du courage, on dormira  aux bains thermaux de Salto, qui valent définitivement le détour, avant de rentrer en Argentine.

Quoi se souvenir de  l’Uruguay, à part qu’on a eu du mauvais temps ?  C’est un pays qui ressemble au Canada.  Lui aussi a pour voisins des géants.  Lui aussi a un peuple plus calme, tranquille, qui ne cherche pas d’histoire, et accueillant. C’est aussi un pays bâti au bord de l’eau.  Si ce n’est la mer, c’est une rivière, et ils en sont fiers.  En cela, par contre il ne ressemble plus au Canada (ou du moins au Québec). Les cours d’eaux urugayens appartiennent à tous, les parcs sont omniprésents tout au long de ceux-ci.  Quand on pense que chez nous, toutes les bandes riveraines ont été vendues au plus offrant…  Dire que le Québec s’est déjà fait appeler le pays d’eau…  Il fait à la fois bon et honte de voir qu’ailleurs, les cours d’eau appartiennent encore à tous, que tous y ont droit.

Bon trêve de parenthèse... de retour en Argentine nous montons vers Posada, principale ville du Nord-Est argentin, où nous ferons nettoyer les injecteurs et changer les bougies de Bertha.  Cela prendra deux jours et nous en profiterons pour traîner en ville, qui n’a cependant pas grand chose à offrir, sinon un très long board walk avec vue sur le Paraguay.  Nous en profiterons pour régler quelques petites choses:  Moi et Théo sortirons de Posada avec une nouvelle paire de chaussure chacun, Élias et Théo trois nouvelles paires de pantalons, en plus de s’être libérés d’une quinzaine de livres et d’un sac de poubelle et d’avoir fait du lavage en plus d’avoir changé un tuyau d’échappement au neuf dixièmes arraché.  Franchement, si on ne rentrait pas  si bientôt au Canada, je me dirais qu’on serait prêts pour une deuxième année sur la route, car autant d’efficacité, en Argentine, c’est digne de mention.  Mais faut quand même pas généraliser (on est loin d’être toujours efficaces !).

Autre plaisir (c’est une blague !) rencontré à Posada : les camionneurs ont décidé de bloquer l’accès des usines de gaz alors, l’Argentine en entier se retrouve sans essence.  Comme nous sommes à sec et que nous devons parcourir  près de 400 km avant le Brésil, il faut agir.  Le vendredi on se met donc à sillonner toute la ville et au bout de cinq stations–service, il en reste une qui a encore  de l’essence.  Met on ne peut faire le plein, il ne nous reste pas de liquidité et bien sûr en Argentine, on n’accepte pas les cartes…  On se met néanmoins 120 litres et on espère se remplir sur la route.  Le lendemain samedi, toutes les stations de Posada sont vides.  Cette fois c’est Christine, en insistant pour gazer la veille, qui a eu du flair, sans celui-ci, on ne serait sortis de Posadas qu’en poussant Bertha.

On se dirige ensuite vers San Igniacio mini, lieu de la plus importante mission Jésuite d’Argentine.  Les ruines sont grandes et impressionnantes, mais c’est surtout la découverte de ces « bons colonisateurs » qui est troublante.  Cette colonisation a été l’assimilation de centaine de milliers de Guaranis, mais cette assimilation leur donnait une éducation et de la nourriture assurée.  Ajoutons que les Jésuites étaient bien sûr convaincus du bien fondé de leur mission.  Bref, ces missions, qui sont un des joyaux colonial de l’Argentine, portent à réfléchir. Bien peu de choses sont noires ou blanches, en définitive.
Mission de San Ignacio Mini
Notre arrêt suivant se fait à Wanda, où il y a une mine de pierres précieuses.  Comme Christine a réussit à passer son amour des « belles roches » à nos enfants, la visite est des plus agréable.

On s’arrête ensuite à Iguazu, où on dormira dans le seul camping de la ville, le camping américano, qui est un peu un terrain de bouette, mais nos enfants sentent le besoin d’un camping et nous aussi, notre  besoin de veger (du mot légume en langue anglaise), est grand.  Mais Iguazu, si certains de nos lecteurs ont déjà parcouru des chroniques d’Amérique du Sud, est célèbre pour ses chutes…    Donc le lendemain, les célèbres chutes nous attendent. Et coup de chance inespéré: on a droit à une température magnifique, qu'on osait même plus espérer!

Et comment décrire ce qui est trop grand ?  Quand l’œil même ne peut embrasser tout ce qui se présente devant lui ?  Une vue de chutes sur plus de 180 degrés, le bleu du ciel, (eh oui le beau temps a décidé de revenir pour nous à Iguazu)  les oiseaux, coatis, papillons, la jungle) tant de bruit qu’on entend pas la personne qui nous parle en nous tenant la main.  C’est aussi une marche de 3 kilomètres avec à chaque 50 mètres un  point de vue qui vaut toutes les photos de calendriers.  Comment dire…  seul le silence pourrait peut-être l’exprimer…


Le lendemain, nous décidons de rester une journée supplémentaire au camping pour y fêter notre 1 an de voyage et profiter de la piscine et du soleil (deux jours de suite de soleil, il y a un mois que nous n’avons pas eu ça !). Finalement, après avoir encore lavé du linge et mangé un autre asado, avec malbec argentin, nous plierons bagage et nous dirigerons vers le Brésil… Dernier pays avant le retour…
24 juin 2012, déjà un an que nous sommes sur la route!

vendredi 8 juin 2012

L'Argentine 1: Direction plein sud !

Pour ceux qui ont trouvé nos dernières chroniques épuisantes, rassurez-vous, celles-ci le sera moins.  En fait, il faut bien avouer que les dernières chroniques furent essoufflantes à lire, elles le furent aussi à vivre!   Bref, arriver en Argentine après presque trois mois au Pérou et en Bolivie, c’est presque comme revenir à la maison (ou du moins revenir en Occident).  Une fois la solution à notre problème de propane trouvée, l’Argentine est beaucoup plus douce pour nous que le furent la Bolivie et le Pérou…

Les joies du camping
Nos premières semaines en Argentine ont été plutôt merveilleuses.  Après Salta, nous nous sommes arrêtés à Cafayate après avoir traversé la magnifique quebrada de las Conchas.  Et en arrivant à Cafayate, nous avons trouvé un camping! Hormis notre bref séjour de 3 jours au Chili, nos derniers campings remontaient en Amérique Centrale! Et deuxième surprise, Stefan et Ela, un couple d’Allemands rencontrés à Cusco et qu’on avait recroisé en Bolivie y sont installés, de même que 2 couples de Belges voyageant en motorisé eux aussi.  On restera trois jours au camping, trois jours de pur bonheur pour les enfants (Et pour nous aussi!).  Ils sont heureux de retrouver l’atmosphère des camping, d’enfourcher leur vélo pour en faire le tour, de faire des feux le soir, et ils adorent Stefan, qui est professeur au primaire et qui a décidément le tour avec les petits garçons.  De notre côté, on en profite pour se remettre de nos émotions liés à notre histoire de propane, pour laver l’ensemble de notre linge à la main (les buanderies sont hors de prix en Argentine, il faudrait compter entre 120 et 150 dollars pour le linge sale d’une semaine!), pour se  balader dans le sympathique village de Cafayate et pour avoir de vraies discussions avec nos nouveaux amis voyageurs, autour du feu lorsque les enfants sont couchés.  La région est magnifique : dans une vallée entre deux chaînes de montagnes, chaude, désertique, avec une multitude de vignobles… L’automne commence est avec les couleurs des feuilles, les paysages sont de toute beauté.
Les vignobles de Cafayate
Avec les autres camping caristes
Nos fils sur la place de Cafayate


























Ariel à la Cumbre
Lorsque nous repartons c’est pour aller à Cordoba, où nous pensons arriver le jour même ou le lendemain… Mais l’Argentine est décidément grande, nous y arrivons finalement 3 jours plus tard, après avoir fait un sympathique arrêt dans le village de La Cumbre.  Cordoba, ville peu touristique hébergeant la 2e plus grosse université d’Amérique du Sud, regroupant plus de 100 000 étudiants et entièrement gratuite! De quoi faire réfléchir lorsqu’on pense à la crise qui secoue présentement le Québec! Cette ville nous plaît immédiatement : on dort près du magnifique parc Sarmiento, où nous pouvons nourrir les canards et où les enfants font des « spectacles » sur la scène extérieure. 

Chouette bivouac à Cordoba












Visite de Cordoba
















La région entourant Cordoba est tout aussi belle et intéressante que l’est la ville elle même.  On adore les arrêts routiers avec des barbecues à disposition à tous les 5 km, les rivières claires auprès desquelles on s’arrête, ainsi que les petits kiosques sur le bord du chemin qui vendent des produits plus délicieux les uns que les autres : saucisson de lama, charcuteries, fromages artisanaux, huile d’olive, conserves, etc.  En fait, il y en a pour tous les goûts et chacun trouve son bonheur entre les olives fraiches (Ariel), les multiples confitures (Élias), le dulce de leche (Théo),  et Jean-François et Christine pour l’ensemble de ses réponses (pour le vin, faudra attendre 500 kilomètres plus au sud).

Agréable arrêt à Mina Clavero
Cependant, on a décidé de se rendre dans la région des lacs et comme l’hiver y arrive au début du mois de juin, on se sent tout de même un peu pressé.  Si on ne veut pas avoir du temps absolument merdique à San Carlos de Bariloche, faut se bouger un peu.  On continue donc notre route vers Mendoza.  On arrêtera en passant à Mina Clavero où nous profitons sans doute des dernières journées chaudes d’automne avant que l’hiver n’arrive pour de bon… Mina Clavero est courrue pour ses rivières durant l’été et est un balnéario populaire pour tous les gens de Cordobà.  On est sans doute les seuls dingues à se baigner (THÉO, Élias et JF) au début de l’hiver, mais que voulez-vous, on est Canadiens, et si l’eau est frette, le soleil tape…

Parc Sierra de las Quijadas sous la pluie
Nous arrêterons ensuite au parc Sierra de las Quijadas mais pas de chance, on tombe sur une des 10 journées de pluie annuelle du parc… Sous le ciel gris et la pluie, l’endroit est pas mal moins impressionnant et agréable, surtout qu’il est bondé de touristes…. On repart donc après quelques heures, et on se rend à Mendoza le jour même.  On cherche un camping et on se rend compte qu’on ne cherche pas une aiguille dans une botte de foin, mais pas loin…  Finalement, on réussit, à Villa Maipu, à soudoyer quelqu’un qui nous laisse entrer dans son camping fermé, et on en profitera, (une fois de plus!) pour faire du lavage une fois que les petits sont couchés!

Le lendemain, on se stationne au parc General San Martin, en plein cœur de Mendoza.  Les Argentins ont décidemment le tour avec les parc, celui-ci aussi est magnifique.  C’est l’automne ici, mais un automne chaud et  sec.  Comme si c’était l’été des indiens pendant deux mois.  On adore la température, on se sent presque chez nous et pour peu on serait nostalgiques… En revenant d’une marche à travers le parc, quelle est notre surprise de découvrir un petit mot écrit : Bonne fête des patriotes! glissé dans la porte de Bertha!  C’est ainsi qu’on fait la rencontre de Guillaume et de Sophie, sympathique couple de Québécois qui vit à Mendoza puisque Guillaume y fait une maîtrise.  Ils nous invitent même chez eux et nous proposent d’utiliser leur laveuse, ce que nous acceptons avec beaucoup de reconnaissance.  On passe donc l’avant-midi suivante sur leur terrasse, ça fait décidément du bien de parler à des gens de chez nous…

Comme Mendoza rime avec vins et vignobles, on décide de visiter deux vignobles, même si ce sont des activités plus ou moins faciles avec nos trois petits hommes.  Le premier vignoble, celui de la famille Cecchin, est le seul vignoble à produire du vin biologique dans les environs de Mendoza.  C’est une petite entreprise familiale et la visite, faite par un charmant suisse italien, est vraiment agréable, de même que la dégustation qui la suit.  Pour la première fois, on goût à un vin sans sulfite, il est délicieux et surtout totalement différent des autres vins de la région… Nous en ramenons d’ailleurs dans nos bagages, ceux qui sont intéressés pourront goûter… Le deuxième vignoble que nous visitons, Catena Zapata, est totalement différent.  Ayant décidé qu’on voulait goûter à du « vrai bon vin », on se rend dans un des meilleurs vignobles d’Argentine.  Ici, la dégustation coûte 100 pesos par personne (soit environs 22$) et l’ambiance est tout autre.  Dans une salle très chic, on s’assoit devant trois magnifiques coupes, en face d’une dame très bien habillée qui nous explique les différents cépages des vins auxquels nous goutons.  Rien à voir avec la dégustation dans la cave de la famille Cecchin. Afin que nos hommes ne cassent rien et acceptent cette visite, nous leur avons promis qu’ils pourraient écouter un épisode de Passe-Partout pendant la dégustation.  On dispose donc de 20 minutes de calme relatif pour goûter aux vins, en discuter avec la dame, faire notre choix et acheter les bouteilles qu’on veut rapporter! Malgré le temps limité dont nous disposons, c’est tout de même très agréable.  En effet, leurs vins sont VRAIMENT bons, du genre que je n’ai jamais bu dans ma vie particulièrement celui vendu à 70 dollars la bouteille.  Et aidé de Passe-Partout nous petits hommes font ça comme des champions, il sont même photographiés par plusieurs argentins qui sont impressionnés de voir des enfants si tranquilles…
Vignoble de la famille Cecchin
On adore décidément l’Argentine.  Les Argentins sont sympathiques et il est facile d’entrer en contact avec eux.  Ils ont décidément compris quelque chose dans l’art de vivre heureux : ils travaillent peu, ils cuisinent beaucoup, ils mangent bien et beaucoup (4 repas par jours), ils boivent beaucoup de vin, mangent trop de sucre, trop de viande ils se couchent tard et font la sieste à chaque jour et passent beaucoup de temps en famille.  Et malgré un mode de vie qui semble décidément étrange pour tout Nord-américain ( la journée de travaille débute vers les onze heures, arrête à une heure trente pour faire la sieste, recommence à quatre heures et demie ou cinq heures et finit vers  huit ou neuf heures)  ils semblent plus heureux que les gens chez nous, et même s’ils semblent manger plus mal, ils semblent aussi plus en santé.  Ok, il faut avouer qu’on a sacré à de très nombreuses reprises parce que tout est toujours fermé, si on se fait à leur horaire, faut avouer qu’ils ont compris quelque chose et que nous non.  Cela nous fait aussi du bien de pouvoir à nouveau dormir dans des campings, avec de l’eau à volonté et des douches chaudes.

En quittant Mendoza, on se dirige plein sud, vers la région des lacs. On fait un bref arrêt à Plaza Huincul, où fut trouvé le plus grand squelette de dinosaure découvert jusqu’à maintenant.  Le petit musée est très intéressant et mes quatre hommes sont très impressionnés par le squelette reconstitué de l’Argentinosaure.  Jean-François est le plus excité et il essaie de transmettre sa passion des dinosaures à nos trois fils… À les regarder, je dirais qu’il est dans la bonne voie…


Notre seul beau à San Martin
Des kilomètres et des kilomètres plus loin, nous arrivons finalement à San Martin de Los Andes, porte de la région des lacs.  Mais pas de chance, on semble être arrivés trop tard de quelques jours… Le bel été des indiens de Mendoza a laissé la place ici à notre température de la fin du mois de novembre.  Il tombe des cordes et on gèle!  Plutôt difficile de profiter de cette paisible ville avec une telle température… On y dort cependant, en espérant que la chance nous sourira le lendemain… Mais la pluie continue toute la nuit et en apprenant le lendemain matin qu’ils annoncent encore 3 jours le pluie, on prend nos cliques et nos claques et on continue notre route vers le sud. Coûte que coûte!

Nous empruntons la route des sept lacs pour nous rendre à Valle la Angostura.  Dommage que le temps soit si mauvais, même sous la pluie les paysages sont magnifiques.  De grands lacs, des rivières claires, les feuilles oranges et jaunes, les cimes enneigées des montagnes autour, et des campings à tous les 10 km… Bref, le paradis des Bertha en été.  En arrivant à Valle la Angostura la température est toujours aussi mauvaise.  À l’unanimité, on décide qu’on a envie de sortir de notre Bertha humide et on se loue un chouette cabanas (genre d’appartement-hotel) avec 3 chambres à coucher pratiquement aussi grand que chez nous avant de défoncer notre plancher.  Les gars sont super contents d’avoir de l’espace pour jouer au chaud.  Cette température automnale nous donne envie de cuisiner et on se prépare tous ensemble une immense compote de pommes.

Péninsule de Quetrilhué
Le lendemain il pleut toujours alors après une brève marche sur la péninsule de Quetrilhué dans le parc national los Arrayanes, on reprend la route en direction de Bariloche, où on loue une seconde cabanas.  Celle-ci est moins grande mais elle est directement sur la plage, au fond d’un camping.  Comme le camping est vide à ce temps-ci de l’année (il y a vraiment juste des Canadiens qui sont assez fous pour penser camper par un froid pareil), les garçons ont la plage et le camping à eux seul comme terrain de jeux.  Ils en profitent allègrement, même sous la pluie. Et le lendemain, le miracle a lieu : après plus de 48 h de pluie ininterrompue (je dis bien ininterrompue), on se réveille sous un ciel bleu!  En fait, nous aurons la chance d’avoir 2 belles  journées à Bariloche.  Nous les passeront à jouer et faire du vélo au camping, ainsi qu’à marcher et magasiner à Bariloche.  Les enfants adorent les nombreuses boutiques vendant du chocolat, dont plusieurs offrent des dégustations. 
Bariloche
Ragaillardis par ces deux magnifiques journées, nous reprenons la route pour El Bolson, qui a la réputation d’être le coin où se rassemblent les hippies d’Argentine. Le village est en effet très sympathique et on y arrive en plein marché d’artisanat.   On en profite donc pour acheter quelques souvenirs, les marchands sont tous super sympathiques.  Mais il fait froid et on gèle, pour peu on verrait deux ou trois poilus habillés en habitants en jouant le réel du même nom (les habitants) à côté d’un kiosque où l’on vend des sapins de Noel etoù l’on sert du vin chaud. Mais la température incertaine nous incite à repartir rapidement.  Craignant de devoir affronter un autre trois jours de pluie, on décide de reprendre la route vers Esquel, dernière au sud de la région des lacs. Et pour une fois nous avons bien fait de suivre notre intuition puisque pendant la nuit la pluie recommence à tomber, et pas juste un peu.  On arrive donc à Esquel dans le déluge total.  Pour la première fois de puis notre arrivée en Amérique du Sud, donc depuis plus de 5 mois, on réussit à se remplir de propane en moins de deux heures! Notre système fonctionne bien et la deuxième  personne à qui on le demande accepte de nous vendre le contenu de sa bouteille afin que nous la transvidions dans notre réservoir. Alors malgré la pluie qui tombe à flot, c’est le cœur léger que nous reprenons la route, cette fois-ci vers l’est.  Nous avons atteint le point le plus austral de notre voyage et nous avons envie de retrouver la mer (et la chaleur, mais pas pour tu-suite!).

Cette route vers l’est signifie que notre voyage tire à sa fin et nous en sommes conscients (du moins Jean-François et moi).  À partir de maintenant, nous entamons notre route de retour, qui nous fera remonter jusqu’au nord de l’Argentine, pour ensuite se rendre à Rio de Janeiro au Brésil, la vente de Bertha et notre avion de retour nous attendent.  Élias aussi commence à parler du retour.  La température de la région des lacs, si semblable à notre automne, l’a rendu nostalgique.  À chaque jour il nous parlait d’un souvenir, les feuilles mortes qu’il ramasse au chalet, les flaques d’eau de la ruelle dans lesquelles il roule à vélo, le froid de l’hiver, ses jeux avec ses cousins, les bricolages avec ses grands-parents, etc…  On essaie de leur parler un peu de « chez nous » et de ce qui nous y attend, pour leur donner l’envie du retour, et surtout pour les préparer à la vente de Bertha.  Mais en même temps on veut profiter pleinement des dernières semaines de cette vie de nomade qui nous convient si bien…