Le 23 avril au matin, on est tous frais et
dispos pour entreprendre notre longue route vers le sud de la Bolivie. Mais le policier qui surveille le
stationnement de l’aéroport ne
l’entend pas de cette façon, il nous fait remarquer qu’on était dans un sens
unique… oups… Je reconnais mon erreur, m’excuse, et
tente de m’expliquer... Bref, après une bonne demi-heure de morale (de la part du
policier) et de courbettes et d’excuses (de ma part), on peut partir… On arrête en banlieue de la Paz pour
trouver du gaz propane mais sans succès, ils m’envoient à Oruro, qui est à 200
km au sud. À peine sortis de la
Paz, à un péage, un policier m’arrête et me dit que je suis en infraction, car
je roule sans petit triangle rouge de sécurité et sans extincteur de feu… J’essaie de lui expliquer qu’il m’est
impossible de connaître toutes les lois de la route de tous les pays que je
traverse, que pour tous les pays traversés jusqu’ici, lorsqu’il y a un bris
mécanique les gens mettent un fanion rouge et que justement, j’ai un beau
T-Shirt rouge que je peux lui montrer…
mais il ne semble pas convaincu.
Au contraire, il me montre son petit livre du code de la route… J’essaie de lui expliquer que si c’est
à ce point primordial, on devrait en informer les touristes à la douane comme
on le fait dans tous les pays civilisés... Bref on ne se comprendra pas cette fois-ci et il finit par
me dire que moyennant une « contribution volontaire», il me laisse
passer et que je pourrai m’acheter le tout à Oruro… Ce que je fais, bien trop découragé juste à l’idée de
retourner La Paz.
Une centaine de kilomètres plus loin, je me
fais à nouveau arrêter par la police : cette fois-ci, je roulais à 88 km/heure. Comme la limite est de 80 km/ heure, je
suis en infraction, bien que tous les Boliviens me dépassent à toute
allure… J’essaie de discuter, mais
rien à faire: je dois débourser 500 bolivianos (80
dollars). Je lui demande de me montrer
la règle enfreinte dans son cher petit livre (je commence à connaître les
techniques !) et étrangement, il est indiqué que la peine est de
deux-cents bolivianos… Je demande
donc au policier de m’expliquer pourquoi j’ai droit au privilège de payer plus
que le double et il m’explique que j’ai droit à un tarif étranger ! Je lui demande donc de me montrer dans son fameux petit livre où il est
écrit que les étrangers doivent payer plus, ce qu’il est bien sûr incapable de
faire… Je ne payerai finalement que 200…
3 km plus loin, à un nouveau péage, un nouveau
policier m’arrête… Il me dit que
je viens de faire un délit de vitesse, je lui réponds que oui, que j’ai payé,
mais il m’amène néanmoins dans sa petite caseta, me prend mon permis et mon
immatriculation et me dit que je dois attendre qu’il ait la confirmation. Tout d’un coup, je me sens vraiment
dans la merde : Je suis à l’autre bout du monde, sans permis de conduire,
sans immatriculation, devant un policier évidemment corrompu… Je peux lui
parler, mais il ne m’écoute pas, je ne peux qu’attendre qu’il veuille bien me
redonner mes papiers… Finalement,
après 30 interminables minutes, le premier policier (celui qui m’avait arrêté
pour excès de vitesse) arrivera et dira à l’autre de me laisser partir…
Je suis à bout de nerfs et comme rien n’arrive
jamais seul, un pneu éclate sur
l’autoroute quelques 50 km avant Oruro…Bref les 210 km séparant La Paz de Oruro
auront été des plus éprouvants.
Mais le passage à Oruro ne s’annonce guère mieux… nous devons acheter :
du propane, deux nouveaux pneus ainsi que l’extincteur et leur fameux triangle
de sécurité… mais on
attendra pour ça le lendemain… Autre mauvaise surprise : alors que le Nord de la
Bolivie était étrangement propre, on retrouve à Oruro la propreté du Pérou, on
s’en serait passé.
Le lendemain, je suis mandaté par la famille pour
faire le pied de grue devant l’usine de propane. Bertha fait sensation et un gentil
employé tente de m’aider, pour me dire finalement que personne ne pourra me
remplir ici, que c’est un tourneux que ça me prend. Ce dernier me fera un
embout pour que je puisse me remplir…
Bredouille, on se dirigera vers notre mission numéro deux : les
pneus ! L’efficacité
bolivienne (ceci est une blague !)
est encore une fois impressionnante. Il y a environ 50 magasins qui vendent des pneus à Oruro,
tous sur le même 500 mètres (au moins c’est ça), et chaque magasin a au mieux
deux ou trois douzaines de pneus.
Il me faut demander dans huit magasins avant d’en trouver qui a les
pneus de la bonne dimension, comme
je veux lui acheter deux pneus, il doit aller me chercher un deuxième pneu (il
n’en a qu’un en stock !) je ne sais où, et il reviendra finalement une
heure plus tard… Et comme les gens qui vendent les pneus ne posent pas les
pneus ( !) on doit aller deux coins de rue plus loin pour qu’on nous pose
nos pneus ! Bref, l’épisode
pneus aura pris presque trois heures, c’est un record absolu, qui vient éclipser
les deux heures trente du Pérou !
Mais au moins on est chaussés ! Direction Potosi !
L’entrée dans la région de Potosi est
impressionnante. On comprend
pourquoi elle a été la ville minière la plus importante des Amériques pendant
si longtemps : les montagnes
sont rouges blanches, roses, bleues, vertes, violettes, le spectacle est
étourdissant, c’est comme si le créateur avait fait usage de substances
illicites lorsqu’il créa ce coin de pays. Aux portes de Potosi, toutefois, on se voit arrêtés : la
route est boquée par les ouvriers des mines qui réclament de meilleurs salaires
et surtout, des conditions décentes…
On nous dit qu’on ne pourra passer que le lendemain. Nous rebrousserons chemin et irons passer
la journée et la nuit à l’Ojo del inca, des bains thermaux à quelques 20
kilomètres de Potosi… On y
rencontrera une sympathique famille de neuf français(eh oui, ils ont sept
enfants !) voyageant dans un camping-car plus petit que le nôtre ! Bref, on peut désormais dire
à tous ceux qui nous trouvent dingues que des plus dingues que nous
existent !
Le lendemain, la route est ouverte et on peut
se rendre à Potosi, où l’on désire trouver un tourneux pour nous fabriquer
l’embout qui nous permettra de se remplir directement des bonbonnes qui elles,
sont faciles à trouver… Après plus
d’une heure de recherche, on trouve un tourneux qui accepte de nous faire la
pièce… On part passer quelques
heures à Potosi, et le centre historique s’avère être superbe, franchement il
vaut le détour, dommage qu’on soit
si pris par notre histoire de propane…
On revient le soir et on constate que la pièce a été mal faite : il
y a une fuite, notre réservoir ne se remplit pas et la bonbonne fraîchement
achetée se vide sur le sol… On
paye le tourneux à contrecœur et on se dirige vers la centrale de propane de
Potosi, où on nous conseille d'aller voir quelqu’un qui transforme les voitures à essence
en voitures fonctionnant au gaz naturel (eh oui, ça se fait là
bas !)… La personne en
question nous dit de revenir le lendemain à huit heures, qu’elle pourra résoudre
notre problème…
Le lendemain, le gars qui devait
trouver une solution à notre problème de propane ne se pointera jamais. On essaie de faire quelques autres démarches mais on se rend rapidement compte qu'on n'y arrivera pas dans cette ville... On croise un camion en tous points semblable à ceux nous
ayant remplis, depuis la Colombie… On tente notre chance pour une ultime fois… il nous répondra, pas tout à fait
poliment, qu’ici en Bolivie, personne ne pourra (ou ne voudra, le sens n’était
pas clair) nous aider. D’ailleurs,
nous avions déjà compris qu’en cas de pépin les Boliviens (tout comme les
Péruviens avant eux !) n ‘étaient pas particulièrement disposés à
aider son prochain…
Nous en venons donc à la décision de vivre
comme des hommes (et femme) des cavernes…
Nous n’aurons donc plus de frigidaire, il fait d’ailleurs si froid à
4000 mètres, c’était presque un luxe…
Nous achetons un poêle au propane que nous utiliserons à l’extérieur
pour cuisiner et faire chauffer notre eau, et nous économiserons le peu de propane qui nous reste pour
survivre aux dures nuits glaciales qui nous attendent… Et pour le propane, nous attendrons en
Argentine, en espérant qu'on pourra nous venir en aide… Bref, il est toujours préférable de vivre en hommes des
cavernes que de s’entre-arracher la tête, car c’était la prochaine étape, nous
en étions rendus là, et les enfants aussi…
Alors go Bertha ! Go les nouveaux hommes
et femme des cavernes : Direction UYUNI !
Ariel est content de notre nouveau poêle |
Le soir même nous dormirons dans un bivouac
idyllique dans un canyon rouge brique semé de cactus… et en utilisant pour la première fois notre nouveau poêle au
propane, on se trouve malgré tout chanceux d’avoir choisi de vivre en hommes
des cavernes : le décor est enchanteur… et la vie est belle !
Bivouac idyllique qui nous réconcilie avec la Bolivie |
Le lendemain, nous arrivons à Uyuni, ville qui
est le point de départ (et souvent le point d’arrivée) pour le célèbre
Salar… Malgré une route affreusement cahoteuse, on se rend aux portes du Salar,
mais on y est pas encore : un lac semble nous séparer du fameux désert de
sel… On voit un premier 4X4 passer
et incrédules on le regarde passer dans l’eau… On attend, ne sachant trop quoi faire. Après mûre réflexion, on décide que le
prochain 4X4, on le suit !
Mais les minutes passent,
et le prochain 4X4 ne passe pas…
J’enfile donc mais bottes de rubber et je me dirige droit dans le lac
faisant des grands signes à Christine pour lui indique où passer… et on
passe ! C’est pitorresque, un
peu comme Lucky Luke dans en remontant le
mississipi, mais ça fonctionne.
On est désormais sur le légendaire désert de sel… Les enfants désirent absolument
toucher, et goûter au sel… Puis
ils sortent leurs vélos… C’est
sans doute la piste la plus longue, et la plus impressionnante qu’ils auront
avant longtemps, du sel blanc à perte de vue… On dormira (et cette fois c’est vraiment vrai !) en
plein milieu de nulle part, dans une mer blanche, notre minuscule Bertha dans
toute cette immensité. Mais le plus beau spectacle, ce n’est que moi et
Christine qui l’aurons, quand les dernières lueurs du jour auront disparu et
lorsque la lune éclairera comme en plein jour (je sais, on dit cette phrase
souvent, mais cette fois, c’est plus vrai que toutes les autres fois où j’ai pu
le dire, où même le penser)… La
nuit sera froide et on remerciera notre instinct d’avoir fermé le frigidaire
depuis Potosi (mieux valait des légumes un peu mou et jeter du lait que de
geler dans le Salar !).
Le lendemain on est réveillé par des coups à
la porte de Bertha ! Ce sont
Geoffrey et Émilie, des amis français, d’abord rencontrés aux îles San Blas au
Panama, puis en Colombie, et enfin en Équateur… On est surpris qu’ils nous aient retrouvés au milieu de
notre nulle part, mais on est vraiment contents de se revoir ! On se donne
rendez-vous pour la fin de la journée au village d’Uyuni. On passera la journée dans le
désert de sel et on en profites pour faire une séance de photo plutôt amusante:
Le lendemain on se dirige vers Tupiza où on n’arrivera…
que la journée suivante. La route de terre est si épouvantable que notre soute
à bagage défonce… re-oups… il
faudra trouver quelqu’un, et vite parce qu’entre-temps, le lit d’Ariel est
encombré de tout le contenu de la soute à bagage… On dort dans le lit desséché d’un canyon… Le spectacle du soleil couchant est
saisissant.
Le jour suivant est jour de congé pour Bertha!
Nous l’avons bien mérité après 200 km de tape-cul… Et on se met au lavage. Le problème est que
l’eau de la rivière près de laquelle nous nous sommes stationnés est
affreusement polluée, un décapant aurait le même effet…
Christine a les mains comme des écailles de tortue (ceci n’est pas une
insulte, ce sont ses propres mots !) et les gars hurlent de douleur pour
avoir touché à l’eau. Pour ma part, pour avoir fait passablement de rénos dans
les trois dernières années, eh bien, j’avais déjà les mains en écailles de
tortue… On tentera de faire de
notre mieux avec de la crème hydratante, mais c’est clair que de l’eau propre
est désormais plus que souhaitée avant que nous n’ayons tous de la peau de
lézard.
Les joies du camping sauvage |
Le lendemain nous nous promenons à cheval
dans une des nombreuses quebrada (canyon) de la région et le spectacle est encore
splendide : le bleu du ciel, le rouge des montagnes, le vert des cactus.
Et lorsque la journée suivante nous arrivons
pour passer la frontière, on nous dit qu’elle est fermée : cette fois, ce
sont les médecins qui
manifestent… Bref, on devra rester
à Villazon où tous ceux qui y sont passés s’entendent pour dire qu’il n’y à
rien à faire… Mais bon il y à tout
de même une chouette place centrale et une énorme glissade en dinosaure !
et de bonnes occasions d’acheter plusieurs choses pas chères avant d’entrer en
Argentine !
On avait l’espérance que la frontière se
traverse aussi facilement que celle du Chili… mais on s’était trompés. Personne ne sait où nous envoyer
lorsque nous entrons avec un véhicule, et lorsque finalement on trouve le bon
guichet, on nous dit qu’on nous ne laisse pas entrer sans assurance. Ce que je peux d’ailleurs comprendre. Mais le problème est qu’on ne vend pas
d’assurance à la frontière et qu’il est impossible de les acheter en dehors du
pays… Je demande donc au douanier
ce que je devrais faire dans ce cas…
Il me dit que c’est simple, je n’ai qu’à en acheter une à La Quiaca (la
ville-frontière). Je lui demande
où aller. Il me dit qu’il n’en a
aucune idée, et que d’ailleurs ce n’est pas son travail, on peut toujours demander au chauffeur de taxi. Ouais, bon, aussi bien faire mes
prières tout de suite. Je
demande donc au premier chauffeur de taxi, qui m’amène à une première, deuxième
et troisième maison d’assurance.
Évidemment, personne ne veut m’assurer : soit je suis étranger,
soit je conduis une casa rodante.
Cependant, à la quatrième adresse la chance nous sourit et elle accepte
de nous assurer, j’en suis quitte pour revenir à la douane où encore une fois
personne ne sait où m’envoyer…
Et finalement après quatre heures ! Un
record absolu ! Nous entrons en Argentine… ouf…
Nous
nous dirigerons directement vers le Parc National los Pozuelos… Le chemin pour s’y rendre est
affreux, mais le lac en vaut le
coup : des flamands
roses et des vigognes pour nous
presque tout seuls… La première
soirée, notre poète Théo nous dira que c’est le plus bel endroit où il a dormi
parce que quand le soleil se couche le lac devient tour à tour rouge, orange,
jaune, bleu, violet. Et il a
raison… le spectacle est décidément magnifique. Le lendemain une charmante famille de Danois vient nous
rejoindre, avec qui nous passons la journée (et ils sont cinq à vivre dans une Westfalia, alors ceux qui
pensaient que nous vivions à l’étroit, eh bien…) nous en profitons aussi pour monter une des plus belles
cordes à linge de notre voyage…
Bertha entourée de vigognes |
Les premiers coups de pédales de notre Théo sans ses petites roues... |
Nous repartons néanmoins le lendemain, notre
problème de propane devenant criant, d’autant que notre bonbonne achetée en
Bolivie est désormais vide… oups,
plus de nourriture chaude, plus d’au chaude, ça s’en vient de plus en plus du camping
de brousse…
Les couleurs de la quebrada de Humahuaca |
On descend donc, sur un autre chemin de terre
affreux, jusqu’à Humahuaca, où nous dormirons. La ville est superbe, la place centrale tout de blanc
peinturée, le rythme est lent, les rues poussiéreuses et la Quebrada (canyon)
où elle est située magnifique, de toutes les couleurs. Nous profiterons même de l’arrêt pour
faire une petite marche dans le canyon, à penas blancas… Humahuaca a tout d’un petit oasis dans
le désert, son charme, sa chaleur, son soleil, la blancheur de ses maisons, la
tranquillité de ses gens, bref, ça valait décidément le coup de s’y
arrêter. En quelque sorte un San
Pedro de Atacama, en moins touristique.
On en repart que parce qu’on sait que notre
réservoir de propane est vide (ou
presque presque vide) et que c’est à Salta, la plus grande ville du Nord, que
nous pourrons trouver une solution à notre problème. Le chemin qui nous y mène est de toute beauté, nous suivons
un canyon de toutes les couleurs avant d’arriver à Jujuy (prononcez Cucuy, ce qui fait
affreusement rire Ariel). Nous y prenons la mauvaise route (côté rapidité, mais
côté panorama, nous frappons en plein dans le mille : la route est étroite
pour un seul véhicule et nous traversons la jungle (bon dieu je ne savais même
pas qu’il y avait de la jungle en Argentine !) pour arriver au bord d’un lac où nous passerons la
nuit… Côté camping sauvage, on ne
peut demander mieux : une
demi-douzaine de pêcheurs sont sur le bord du lac avec leurs pick-ups et ils
montreront aux grands comment pêcher des ménés avec leur filet. Purs moments de bonheur, et en
plus… l’eau du lac est
chaude ! Pour peu on se
croirait chez nous au début septembre.
Mais le lendemain, on arrive à Salta, où l’on
DOIT trouver une solution à notre problème de propane. On demande à une station d’essence, où
l’on nous envoie dans un premier magasin de rénovation, où bien sûr il ne peut
rien pour nous, où il nous envoit dans un magasin spécialiste en gaz qui nous
enverra de l’autre côté de la rue dans un second magasin de gaz qui nous
enverra dans un troisième magasin distributeur de gaz qui lui sera fermé car
c’est l’heure de la sieste et qui finalement ne pourra pas nous aider et nous
enverra chez un tourneux qui
vérifiera la pièce faite à Potosi et qui finalement refera le sceau et
enfin, la pièce ne fuira plus… ouf !
Mais lorsqu’on essaie de transvider le gaz de la bonbonne à notre réservoir… il
ne se passe rien : nouvel échec.
Nous décidons qu’on en a assez fait pour aujourd’hui et qu’on poursuivra
nos démarches le lendemain.
Le jour suivant, on se dirige vers l’usine
qui distribue le gaz : elle
ne veut pas nous remplir et nous envoie à une seconde usine à 20 km plus loin
qui elle peut nous remplir mais qui ne veut pas, pourquoi ? Parce que
c’est le règlement… On nous conseille d’aller chez quelqu’un qui transforme les
moteurs fonctionnant au pétrole en moteurs fonctionnant au gaz naturel. Le premier
mécanicien faisant la transformation gazoline-gaz naturel nous fait d’abord comprendre que nous
sommes des imbéciles de penser que le gaz naturel et le propane sont la même
chose, ce à quoi je réponds que je
sais très bien que le propane et le gaz naturel ce n’est pas la même chose mais
de mon côté je commence à penser
que ce sont les Argentins qui sont des imbéciles puisque personne ne veut aider
un petit touriste pourtant prêt à payer le juste prix et même plus, alors que la plupart des gens que j’ai
rencontré pourraient réglé mon problème… Le fait d’attaquer l’Argentine semble faire son effet
et il s’assoit avec moi, m’écoute, et me donne une adresse… je n’y crois guère mais je lui dis
quand même merci… Je me dirige à
l’adresse en question et après avoir expliquer mon problème à l’employé, il
sourit presque en m’expliquant que mon camion fonctionne au propane et que
j’essayais de transférer un mélange de butane-propane… La pression est moindre
et je dois rechercher un cylindre de 45 kg, qui eux, sont remplis exclusivement
de propane. Il m’envoie chez un
détaillant qui refuse de me remplir. Pourquoi ? je ne saurai jamais, le
règlement… je décide donc de me
rendre à l’usine qui distribue le gaz mais comme c’est l’heure de la sieste, il
faut attendre… Et quand on y retourne ils me disent qu’ils ne peuvent pas me
vendre le contenu d’un cylindre, qu’il me faut absolument un cylindre vide, je
leur laisse entendre qu’ils sont plutôt imbéciles et je retourne sur mes pas.
À
quelques kilomètres de là, je trouve un cylindre usagé, j’en achète un pour
cent $ canadien. On m’assure qu’il est plein mais lorsque j’essaie de le
remplir, rien ne se produit. Je
retourne donc chez le détaillant qui m’avait expliqué la différence entre le
butane et le propane( et qui m’avait parut le seul compétent depuis deux jours)
et sourit presque en me disant que mon cylindre est vide… Il est déjà l’heure de souper alors
nous retournons au même parc que la veille et nous y dormirons, nous demandant
bien ce que nous réservera le lendemain.
Le lendemain, nous retournons encore à l’usine
de gaz et nous leur demandons de remplir notre cylindre. Mais ils refusent, disant que le
cylindre que nous avons est non-conforme et qu’il est hors-service depuis
trente ans. Nous nous sommes bien
faits bais… 100 dollars pour acheter
un déchet ! Voyant notre découragement, un homme en casquette, cheveux
gris et lunettes viendra nous voir et nous donnera une adresse. Nous n’y croyons pas mais y allons tout
de même, quoi faire d’autre ? et surprise, celui-ci accepte de nous aider
avec joie ! et… surprise
encore plus grande… avec notre
adapteur faite par le tourneux de Potosi et amélioré par le tourneux de Salta,
il suffit de connecter les deux réservoirs, ouvrir les valves, renverser le
contenant de 45 litres et à ouvrir la valve pour purger notre réservoir et
comme par magie, notre réservoir se remplit ! Et tout paraît si simple… Mais il aura tout de même fallut trois jours et dix-sept
personnes, seulement à Salta ! pour régler notre problème… En tout, nous remplir en propane nous aura pris 6 jours cette fois-ci !
Avant de sortir de Salta, nous irons quand
même au centre historique qui est superbe, la place centrale est entre
autres majestueuse. Et en partant de Salta, nous nous sentons
enfin arriver en Argentine : sans le stress de trouver le mautadit
propane, nous pourrons enfin découvrir l’Argentine et les Argentins tels qu’ils
sont. Ce qu’on vous réserve pour
le prochain message.
Place centrale de Salta |
Et la Bolivie ? Si belle et si farouche… La nature y est magnifique : les canyons, la jungle,
Uyuni, la Cordillera Real, le lac Titicaca, le parc Sajama… C’est sans doute parmi les plus beaux
joyaux découverts durant le voyage…
mais sa beauté sauvage a un côté comment dire… sauvage ? Inaccessible? L’eau potable y est difficile à
trouver, l’essence aussi, les gens sont souvent farouches et difficiles à
approcher, les routes sont difficiles, tout le sud du pays est affreusement
pollué, il est difficile de se
faire aider… Bref, le voyage en Bolivie n’est pas de tout repos, mais comme il
en vaut la peine ! Alors on
recommande la Bolivie ?
Évidemment, mais pas nécessairement en motorisé, et vaut mieux avoir la
couenne dure…