Après six semaines de voyage, je commence moi aussi à prendre un rythme et j'ai finalement réussi à écrire un premier petit mot sur notre voyage, que voici. Donc, après avoir embarqué Marc, un ami venu passer quelques jours avec nous, nous avons quitté Vancouver le 18 juillet. Pressé de retrouver le soleil et la chaleur, nous avons traversé l’état de Washington rapidement, ainsi qu’une bonne partie de l’Oregon. Notre premier arrêt a été dans le parc des dunes, au sud de l’Oregon. Nous avions finalement retrouvé le soleil et après une jolie marche nous sommes arrivés sur une plage magnifique, déserte à perte de vue. Après une trentaine de minutes de jeux, notre Théo nous fit remarquer que ce que nous avions pris pour un tas de roche sur le bord de l’eau était en fait un groupe de lions de mer, étendus paresseusement au soleil! Les enfants les ont trouvé plutôt drôles, ils sont restés notre seule compagnie sur la plage pendant toute la matinée.
Notre prochain arrêt fut pour la Lost Coast, dans le nord de la Californie, une pointe de terre oubliée depuis que la route 101 a été construite plus à l’est. Nous cherchions un coin tranquille et isolé pour passer quelques jours plus calmes. La route à elle seule était magnifique et nous avons trouvé un super site pour notre premier véritable bivouac sauvage. Les enfants ont découverts les Bernards l’Ermittes et des étoiles de mers, qui ont été leurs compagnons de jeu pendant 3 jours. L’arrêt nous a tous fait du bien, passer trois jours à regarder la mer ou des feux de camps sans croiser personne, ça relaxe !
Pour sortir de la Lost Coast, nous devions suivre une petite route sinueuse pendant environs 50 km. Jean-François roulait tranquillement pour ménager les freins de notre Bertha, qui ont tendance à chauffer. Marc qui tenait compagnie, pendant que les enfants et moi nous reposions. J’ai été réveillé par un bruit de quelque chose qui casse. Sous le choc, nous nous sommes rendus compte que le pick up qui venait de nous dépasser en traitant JF et Marc de « tapette » nous avait aussi tiré dessus avec un genre de fusil. Le projectile est passé par la fenêtre du conducteur, à quelques pouces du visage de Jean-François, et a terminé sa course dans notre pare brise, qui s’est craqué. Incrédules de ce qui venait de se passer (c’est arrivé tellement vite), nous n’avons pas pensé à prendre le numéro de plaque du véhicule. Nous qui croyions être en sécurité aux États-Unis, on était loin d’imaginer qu’on pourrait se faire tirer dessus parce qu’on roule pas assez vite! Une chance, les enfants dormaient et ne se sont rendu compte de rien.
Heureusement, nous sommes arrivés dans la forêt Humboldt quelques minutes plus tard. Reconnue pour ses immenses Séquoias, cette forêt a de quoi apaiser. Les arbres sont tellement hauts et gros que la lumière arrive à peine à filtrer à travers leurs branches, de sorte qu’il n’y a presque rien d’autre qui pousse. Cela donne une ambiance feutrée et un peu mystérieuse, digne d’une scène du Seigneur des anneaux. À la sortie de la forêt, nous avons trouvé une belle rivière. Nous en avons profité pour nous baigner, digérer les émotions de la journée et dormir au son du chant des grenouilles.
Plage et baignade bien méritées |
Le lendemain, départ en direction de San Francisco. Nous avons décidé de prendre la légendaire route 1. C’est en effet une route de toute beauté, qui longe la côte avec ses plages, ses rochers et l’océan à perte de vue. Malheureusement, nous étions trop pressés pour en profiter pleinement car nous voulions arriver à Oakland en début de soirée. Nous y sommes arrivés et les enfants ont été initiés aux merveilles du Baseball pendant un match des A’s d’Oakland contre les Rays. Je vous laisse imaginer que les plus enthousiastes étaient Jean-François et Marc, mais les enfants ont bien aimé courir dans les gradins et ils ont adoré la barbe à papa.
La superbe route 1
Nous avons passé 5 jours à San Francisco, que nous avons beaucoup aimé avec ses ponts, ses bateaux, ses maisons colorées et ses tramways. Les enfants ont arpentés les rues de San Francisco à pied comme de vrais champions. Ils s’en viennent de supers marcheurs! Nous avons laissé Marc à l’aéroport le 26 juillet avec beaucoup d’émotion. Élias a déclaré en larme qu’il voudrait que Marc fasse un long voyage d’un an avec nous. Théo a dit qu’il aurait voulu que Marc reste toujours avec nous. Merci pour ta patience et ton ouverture Marc, ça vraiment été un plaisir de voyager avec toi et de te voir développer des liens plus particuliers avec chacun de nos enfants…
Nous avons retrouvé notre ami Guillaume Chartier à San Francisco. Nous avons pu, grâce à lui, visiter le studio de Pixar, où il travaille. Et comme Pixar vient juste de terminer le film Les Bagnoles 2, les enfants ont pu voir le processus de création du film. Nous avons tous été très impressionnés par notre visite. Depuis, Élias et Théo passent leur journée à « faire des films » avec leurs petites autos de course. Merci pour cette belle visite Guillaume.
Nous avons ensuite fait un bref arrêt dans la vallée de Napa, premier producteur de vin de la Californie. Nous en avons profité pour visiter un château qu’un américain excentrique a fait bâtir dans son vignoble. Les enfants ont beaucoup aimé le château. Cela nous a permis de concilier une activité d’adulte (dégustation de vin) à une activité pour eux.
Nous sommes ensuite rentrés dans les terres pour nous diriger vers le King's Canyon National Park. Nous avons retrouvé les montagnes rocheuses, au grand plaisir d’Élias, et les campings, au grand plaisir de Théo et d’Ariel. Nous avons aussi trouvé la vraie chaleur, on est proche du désert et ça paraît. Le parc longe un immense canyon, c’est de toute beauté.
La vie en Bertha : Nous l’attendions beaucoup plus tôt que cela mais la question fatale est finalement venue de Théo il y a 3 jours :
- Maman, quand est-ce qu’on retourne à la maison? Je ne veux plus faire juste de la Bertha.
- Qu’est-ce que tu veux dire Théo? Tu ne veux plus faire de Bertha?
- Non, je veux faire des tours de d’autre chose.
- Comme quoi? Pourquoi veux-tu retourner à la maison?
- Comme… des tours de métro!
- Ah! Mais Théo, dans notre voyage on va en faire des tours de métro, aussi des tours de bateau et même un tour d’avion!
- Oui!!! Je veux ça!
Pour cette fois ce fut simple à régler… Élias nous avait déjà déclaré, la semaine passée, qu’il trouvait cela fatiguant les longs voyages d’un an. Depuis, on fait vraiment un effort pour les coucher tôt le soir et pour ralentir notre rythme. Les enfants se sont vite habitués à vivre dans notre Bertha. Ils ont beaucoup aimé la visite de Marc et les bivouacs sur la plage. Ils apprivoisent la nature, des bibittes marines aux cerfs, en passant par les feux de camp et les rivières glacées. Et ils se régalent des délicieux fruits de la Californie. Ariel commence à parler. Il dit finalement « papa », au grand bonheur de Jean-François. Ses autres nouveaux mots sont « dedans », « canard », « banane », « encore », « dodo » et « bye bye ».
Élias devant un séquoia mort |
Ariel savoure son dessert |
Théo nous raconte une blague |
Bertha sur la Lost Coast |
Quand à Bertha, elle va très bien. On a profité de notre arrêt à San Francisco pour faire un petit entretien mécanique et on s’est fait confirmer sa grande forme. Nous avons eu notre première crevaison,
(parenthèse de JF) Je roulais tout bonnement, il faisait affreusement chaud, on était à la jonction de la cinq et de la 99 quand Pow, quecling cling que clang!
Dans la forêt de séquoias |
EH! Arrête! Quelque chose a lâché (c’était Christine qui m’ordonnait de m’arrêter)
Je m’arrête, autant par nécessité conjugale que mécanique. Je descends, et… c’est bien ce que je pensais : un pneu est explosé… Qu’est-ce qu’on fait? Je sors mes outils? On appelle le CAA? Bon, je vais faire de moi un homme : je sors mes outils… oups… Le vendeur de Canadian Tire, avec ses airs de grand seigneur m’avait vendu n’importe quoi, impossible de changer un pneu avec ce qu’il m’a vendu… Il faudra que je trouve une autre occasion pour faire de moi un homme et il faudra appeler le CAA… reoups… il n’assure pas les VR. Il faudra se résigner à appeler un mécanicien ambulant qui nous chargera 165 dollars pour changer un pneu. C’est décidément un peu cher pour apprendre à ne pas faire confiance aux vendeurs qui se donnent des airs de grand seigneur et pour apprendre à essayer soi-même ses outils avant de les acheter… maintenant je suis averti. Mais bon, toute chose a du bon, on a été obligé de coucher beaucoup plus tôt que ce qu’on avait prévu, l’incident crevaison nous a quand même mangé deux heures. On s’est d’abord gentiment fait rejeter d’un camping qui était réservé pour un party privé pour ensuite se faire conseiller de coucher dans les monts Frazier. On a fini notre soirée sur un chemin de terre creusé d’une rigole d’un pied de profond. Félicitations Christine pour ta conduite. On s’est arrêté n’importe où, mais là vraiment n’importe où, dans le plus bizarre et le plus croche bivouac de notre périple. Le lendemain, on s’est rendu compte qu’on nous avait envoyé dans un endroit merveilleux. Après une première chaîne de montagne, (montée durant la nuit) nous avons traversé une plaine puis grimpé une deuxième chaîne de montagne jusqu’à six mille pieds (presque 2000 mètres!), pour redescendre tranquillement vers l’océan. On a même vu un faucon pèlerin! Magique! La crevaison nous aura permis de découvrir les monts Frazier et la magnifique route 33, oubliés de tous les guides de voyages, jusqu’à Ventura où les enfants s’en sont donnés à cœur joie dans l’océan pendant que je magasinais pour réparer tout ce qui avait lâché en cours de route dans Bertha… Pour se préparer au Mexique!
Bertha devant le King's Canyon |
Que de belles photos! Et quel espèce de sauvage que le gars qui vous a tiré dessus! Voyons donc! En tous cas, je vous lève mon chapeau pour l'initiative du voyage, je continuerai à vous lire de temps à autres!
RépondreSupprimerPhilippe-Emmanuel
Les gens sont vraiment intolérants, et dangereux. JF, tu as aimé conduire Bertha sur la route entre San Francisco et Los Angeles ?:-) Je pense à vous, et les enfants vieillissent à vue d'oeil sur les photos,
RépondreSupprimerJe sais que je ne devrais pas dire ça et que je devrais prêcher la tolérance, en bon apôtre de l'amour infini que je suis, mais comme à cette heure-ci les enfants sont couchés, je vous dirais : Avez-vous songé à vous acheter un fusil?
RépondreSupprimerBlague à part, quel beau voyage vous faites jusqu'à maintenant. J'aime bien vos commentaires sur les enfants. C'est drôle de voir les émotions qu'ils vivent et qu'ils font vivre aux parents.
Salut Pierre! (c'est Jean-François qui écrit). En fait, pour être franc, (les enfants sont couchés et ils ne savent pas lire) J'ai pensé à m'acheter un fusil, mais je me suis dit que ça compliquerait probablement davantage les choses aux douanes.
RépondreSupprimerBlague à part, à un kilomètre avant d'entrer au Mexique, il était écrit en caractères gras sur une affiche: GUNS ARE ILLEGAL IN MEXICO. C'est étrange les réactions que l'on peut avoir, mais je me suis senti soulagé, et je n'ai pas pu m'empêcher de penser tout bas: Dieu merci, je suis de retour dans la civilisation! Tout de même étrange de penser ainsi en passant des États-Unis au Mexique... Tout compte fait je n'aurais pas dû me faire tirer dessus, j'aurais une meilleure opinion des américains portant des fusils... Le pire c'est que ce n'est pas si un fait isolé qu'on pourrait le croire, tous les panneaux de signalisation de la région étaient troués par des balles...
De belles photos et de beaux souvenirs :) Vraiment content d'avoir participé à votre légendaire épopée! Des gros bisous à Théo, Ariel, Elias et, bien sur, à vous deux!
RépondreSupprimerMarc