mercredi 25 juillet 2012

Ça sent la fin...

Cette chronique sera-t-elle notre dernière? (Ou peut-être l’avant dernière). Notre « grand voyage de un an » comme l’appelle Élias, se termine dans deux jours… On doit avouer qu’elle est pas mal difficile à écrire… Par où commencer ? Que raconter ?

L’arrivée à Rio s’est faite assez facilement. Suivant les conseils des autres voyageurs, et les autoroutes de quatorze voies aidant, nous sommes tout de suite allés nous stationner au pain de sucre (Pao de Azucar).  Comme on y arrivait, le soleil est apparu, après presque 10 jours de grisaille de et pluie… Alors on a décidé d’en profiter et on a commencé l’ascension du mont Urca, collé sur le Pain de sucre.  Sur le sentier, on a pu observer  plusieurs ouistitis, qui ont fait le bonheur des enfants…  Rendu au morro de Urca, le soleil se couchait déjà, et on voyait peu la ville, on décide que le Pao de Azucar sera pour le lendemain.  Le lendemain, on grimpe encore la première portion du morro de Urca et cette fois on continue en téléphérique jusqu’au Pao de Azucar.  Et Rio nous apparaît dans toute sa splendeur, une série de baies séparées par des pics montagneux et des immeubles blancs, c’est vraiment de toute beauté et nous avons hâte de nous lancer à la découverte de cette ville.



La découverte de cette ville ne tardera pas…  Nous avons décidé, pour notre dernière semaine de voyage, de se gâter et de louer un appartement, pour nous permettre de vider et nettoyer tranquillement Bertha avant la vente. On doit se rendre à notre appartement entre dix et onze heures.  Notre contact, Alex, nous dit lorsqu’on l’appelle qu’il sera là à onze heures quarante-cinq.  Bon, ça fait pas trop notre affaire, mais on mourra pas pour une heure.  On arrive finalement à notre appartement.  Pas d’Alex, on se stationne sur les clignotants dans une voie réservée aux autobus en plein Rio, ce n’est pas spécialement confortable.  Mais quoi faire d’autre, toutes les autres rues semblent tout aussi bordéliques…  Il arrive finalement à midi quinze.  Et on constate qu’il est bien acclimaté au rythme brésilien, ou peut-être habitué à faire affaire avec des Brésiliens…   Toujours est-il que ses explications sont affreusement longues, et avec des enfants mourant de faim et de chaleur, vous devinez que quarante minutes pour un check-in, on trouve ça long.  Le plus beau dans tout ça, c’est qu’aussitôt rentré, je ressors, faut quand même stationner notre grosse Bertha.

Je l’ai sans doute déjà écrit, mais je le redis : cette ville est un véritable cauchemar pour les automobilistes :  je tournerai en rond durant trois heures pour me stationner !  J’arracherai au passage le miroir d’une belle Mercedes…  la conductrice me dit que son miroir vaut 500 dollars.  J'en crois pas mes oreilles. Je me demande pourquoi y a-t-il fallu que je scrappe un char de luxe, j’aurais pas pu scracher une vieille Datsun dont le pare-choc tient avec du duck-tape ?  Évidemment non.  Bref on s’entendra sur 250 dollars.  Je stationnerai à quarante cinq minutes à pied. (Si quelqu’un est assez fou pour venir en automobile à Rio, je vous donne le tuyau, on se stationne soit au Pao de Azucar soit au Lagoa de freitas).  J’arrive finalement à quatre heures trente, et je trouve ma Christine presque en larmes (en fait avec les larmes bien essuyées pour pas que les enfants voient). Elle me dit ensuite que quinze minutes plus tard, elle appelait la police et l’ambassade.  Elle s’imaginait déjà annoncer à mes parents que leur fils ne reviendrait pas au Canada…  Rien de tout ça en fait, le trafic de Rio n’est que cauchemardesque, rien de plus.  Bref, l’arrivée dans notre appartement à Copacabana, n’aura pas été de tout repos.

Le fameux board-walk de Copacabana
Mais nous nous revengerons les jours suivants en profitant autant que possible des quartiers Copacabana et Ipanema. Notre appartement étant situé à la pointe des deux. On y découvre un Rio de Janeiro merveilleux.  Moi et Christine avons toujours été allergiques au plages bondées.  Mais Copacabana et Ipanema, même bondées, et peut-être en partie parce qu’elles le sont, sont magnifiques, incroyables, mais c’est surtout l’ambiance qui vaut le détour. Le matin les joggeurs, le midi, les familles ou les couples qui prennent une petite marche avant d’aller travailler, la fin d’après-midi, les surfeurs arrivent et/ou on fait du skate sur le board-walk, et le soir, c’est la cohue sur le même board-walk…  On y a pas été pendant la nuit, mais ça doit sans doute aussi valoir le coup.
Plage d'Ipanema
Images de Copacabana
Mais Rio est aussi un monstre de développement urbain, on se croirait à Montréal mais en dix fois pire.  En 2005, un président (je ne nommerai pas Lula parce que tous les gaugauches vont me donner des coups de pied à mon retour, oups, je l’ai nommé) jugea que le développement économique du Brésil passait par l’obtention pour tout un chacun de son propre char.  Rio est donc écrasé sous le smog, le transport en commun est inefficace et cher, les rues sont dangereuses : les Brésiliens nous disent de ne jamais traverser à une intersection, c’est trop dangereux car les voitures arrivent de tous les côtés, il est beaucoup plus prudent de traverser la rue en courant comme des débiles avec trois enfants en bas de six ans (je ne blague pas, on m’a vraiment conseillé de faire ça).

On découvre aussi la grande politesse des Brésiliens (c’est une blague).  Je ne compte plus les fois où les enfants se sont fait plaquer sur les trottoirs parce qu’ils marchaient trop lentement ; ou encore dans le métro.  En effet, non seulement on ne se lève pas pour laisser les places assises aux enfants, mais on les poussent pour pouvoir s’asseoir avant eux.  Disons que le moins qu’on puisse dire c’est que la différence avec les Argentins est frappante.

Mais à part la bêtise de quelques (plusieurs ?) cariocas (habitants de Rio), Rio est incroyable, elle porte bien son nom de « la ville merveilleuse ».  Mais dépêchez vous d’y aller, au rythme où les voitures semblent y affluer, il y sera peut-être impossible d’y marcher sans masque d’ici quelques années…

Mardi le 24 juillet, nous avons rencontré Douglas, Élizete et Nicoly pour leur remettre notre chère Bertha.  Après quelques explications, nous leur avons remis les clés de Bertha et sommes partis le cœur gros. Élias, en larmes, répétait : « moi je ne veux pas abandonner Bertha ! Je ne comprends pas pourquoi on ne peut pas rapporter Bertha chez nous ! »,  Ariel  criait en pleurant «  non Douglas, débarque ! C’est notre Bertha à nous ! » et Théo, qui se bat sans cesse avec tout le monde depuis 3 jours, était silencieux...

Plus qu’un véhicule, Bertha aura été pour nous, pendant notre périple, notre sécurité, notre refuge, notre repère… Malgré ses caprices et les soins constants qu’elle nous a demandé, elle nous a mené partout où on le lui a demandé, parcourant 50 000 km à travers 18 pays.  Elle a affronté la chaleur et les topes (dos d’âne) du Mexique, le sable sur les plages d’Amérique Centrale (où elle s’est embourbée deux fois), la saison des pluies au Guatémala, les Andes avec leur altitude et la neige, les grands vents de la Pantagonie et les moustiques de la jungle.  Comme tous les voyageurs au long cours, nous avons craint la grosse panne, qui nous immobiliserait pendant plusieurs jours et demanderait plusieurs mécaniciens… Mais non, malgré qu’elle nous ait demandé presque autant d’attention et de soins que nos trois enfants, Bertha aura somme toute été fiable et fidèle.  C’est avec un sentiment ambivalent qu’on la regarde s’éloigner à travers la vitre du taxi… Bien qu’on est heureux que la transaction se soit bien passée et de lui avoir trouvé une nouvelle famille, on est aussi déjà nostalgiques.
Un an plus tard...
L’après-midi, on affronte le centre-ville de Rio à la recherche de valises pour les enfants.  On les trouve finalement à Saara, un quartier complet transformé en marché.   Les rues ne sont pas officiellement piétonnes, mais aucun véhicule n’y roule.  Un immense marché aux puces d’un kilomètre carré.  Et le lendemain, on effectue une visite au fameux Christ blanc qui surplombe Rio.  Si c’est rempli de touristes, la vue est néanmoins magnifique.














Mercredi soir…  le 25.

On part demain.  Les valises achetées la veille sont désormais remplies.  Les enfants dorment.  Christine et moi remplissons les dernières valises, le départ est pour demain.

Il nous reste une dernière journée de plage à Copacabana, demain.  Ensuite l’avion.  Le long vol.  Puis le retour.

On aurait aimé publier un bilan de notre voyage, un grand message de conclusion… Mais on se rend compte que tout est encore trop frais pour nous, qu’écrire un bilan c’est aussi admettre que c’est complètement fini… Alors on n’a pas pu.  Mais on vous le promet, très bientôt. Très très bientôt.

3 commentaires:

  1. Comme aurait dit Joachim :

    "Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
    Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
    Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
    Vivre entre ses parents le reste de son âge !"

    Hum, non, je ne crois pas que vous soyez à ce point nostalgiques du pays et de vos parents :o). La toison, ici, est la Toison d'or (le pelage laineux d'un bélier fabuleux).

    Bon retour au Québec ! Et salut à cette brave Bertha.

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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    1. Cher Jean-François, chère Christine et nos beaux petits enfants ...
      On a hâte à demain ,à votre retour au Québec ...on a hâte de vous bécoter , on vous aime ..
      Vous nous avez soutiré quelques larmes à la lecture de votre message sur vore blog ....
      Tes parents xxxxx

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