Je sais, je sais, le voyageur moyen et je dirais même plus : le plus évolué des homo sapiens comme le dernier des Néanderthals a tendance à généraliser, à dire « ils sont comme ci, ils sont comme ça », et à comparer tout le reste du monde à soi. Alors voici, comme je ne me considère ni en dessous (ni au dessus d’ailleurs) du Néanderthal moyen, voici ma chronique sur les Américains (qu’à partir de maintenant il faudrait dire États-Uniens, puisque j’écris du Mexique).
D’abord, les États-Uniens ne s’avèrent pas vraiment être ceux que je croyais. Ce que je connaissais des États-Unis, c’était la côte Est jusqu’en Floride et l’image que nous renvoie la télévision américaine. Bref, les États-Uniens sont gros, ils se nourrissent de Fast-food, il y a des Wal-Mart partout, etcetera. Ce qu’on retrouve bien peu en Californie. En effet, le recyclage y est présent, beaucoup de voitures hybrides roulent sur les routes, beaucoup de panneaux de solaires, des éoliennes, des annonces sur l’autoroute pour indiquer où l’on recharge les voitures à piles. Une loi pour mettre au rencart les autos dont le moteur rejette trop de smog. Sommes-nous aux Etats-Unis ? Je crois rêver. Et pas de Wal-Mart ! Pas de magasins super-géants ! Pas de outlets sur les bords d’autoroute, et peu de drapeaux américains ! Décidément, la Californie doit faire bande à part. C’est sans compter que dans les épiceries, le fast-food est presque impossible à trouver, il y a une taxe sur la malbouffe, alors elle a tendance à disparaître des étalages.
Et je n’étais pas encore arrivé à San Francisco. San Francisco : une petite ville centre, une énorme Banlieue, jamais d’autoroute de plus de deux voies, toujours un métro, le plus souvent aérien, qui longe l’autoroute. Les ponts vers San Francisco sont peu nombreux, les prix de passage dissuasifs, les prix de parkings, exorbitants. Résultats : une ville vraiment sympathique : tramways, trolley, métro, autobus, énormément de piétons, beaucoup d’espaces verts en ville Bref, je me disais que jamais je ne m’étais trouvé dans une ville qui ressemblait tant à Montréal. Les wharves : c’est le vieux port ; le quartier chinois : c’est le quartier chinois ; North Beach, c’est la petite Italie ; Haight, c’est le plateau Mont-Royal d’il y a quinze ans ; Castro, c’est le village gai. Et la diversité et l’ouverture des habitants de San Francisco rappelle Montréal. Et les Californiens sont très accueillants, on sent qu’ils se savent privilégiés, vivant dans un endroit magnifique, mais jamais ils ne semblent pédants, ils semblent plutôt avides de nous le faire découvrir.
En sortant de San Francisco, vers le King’s Canyon (voir les photos du message précédent) on traverse la plaine où poussent la majorité des fruits et légumes de Californie qu’on mange chez nous. Première surprise : cette plaine est un désert. Les fruits et légumes ne poussent que grâce à l’irrigation, il fait chaud, pas un coin d’ombre, où il n’y a pas un tuyau d’arrosage, c’est des herbes sèches et rabougries, ou du sable. Ça fait un choc. D’un côté, on peut être émerveillé par la beauté des réalisations de l’homme, de l’autre… quoi ?... on doute… Faire pousser autant de fruits dans un désert ?, et si les rivières se tarissaient ? et ce que je dis n’est pas farfelu. Paraît que depuis quinze ans, la quantité de pluie diminue de façon effarante dans le sud ouest américain. La vallée qui était fort probablement verte il y a soixante ans est presque déjà un désert… Et c’est sans compter le smog, il a fallut franchir une première chaîne de montagnes de près de 2000 mètres avant que le ciel ne redevienne vraiment bleu…
La situation est presque triste. On voit des gens qui font des efforts comme on ne peut même pas imaginer au Québec (voitures hybrides, électriques, éoliennes, panneaux solaires) mais le smog est là, persistant, tenace. C’est triste à dire, mais les Californiens, côté pollution, semblent un peu dans la merde. Ils ont développé cet état à un moment où le concept même de pollution n’existait pas. Ils sont soixante millions. Ils ont construit tant de routes qu’avec les routes de Californie, on pourrait faire trois fois le tour de la Terre (ceci n’est pas une figure de style). Aujourd’hui la réalité les rattrape. Que faire ? Même avec tous leurs efforts, le combat semble perdu d’avance. Il faudrait repenser tout le réseau routier pour que tout se fasse en train, en autobus, partout. Cela coûterait des milliards. Et encore on n’aurait pas touché à la mentalité des gens… pour les californiens, comme pour les québécois, pour se déplacer, ça prend une auto…
Au retour, nous sommes passés par Los Angeles… je n’ai pas vu grand chose car le ciel était gris : smog. J’ai été émerveillé par le réseau autoroutier. Des autoroutes à quatre, cinq, six, sept voies dans un seul sens. Un parfait quadrilatère, une vraie fourmilière. Partout où l’on veut se rendre, on s’y rend en voiture. Un génie d’urbanisme. Mais un bouchon de circulation monstre. Et du smog. Les voies réservées au covoiturage existent seulement aux endroits où il n’y a pas de circulation (comme chez nous), jamais au centre-ville. Je voyais le Québec dans vingt ans, sauf que nous, nous savons… Si quelqu’un connaît l’adresse de Jean Charest, peut-être lui envoyer seulement ce paragraphe, lui qui pense que tout goudronner est la voie de l’avenir. Plus on fait d’autoroutes, plus de gens l’utilisent. À quelques cent kilomètres de LA, bien passé Anaheim, j’ai ressenti ma peau respirer enfin, le smog nous quittait peu à peu… Los Angeles et sa pollution ressemble autant au Québec que San Francisco la progressiste lui ressemble. La Californie est à la fois le meilleur et le pire de nous-mêmes…
Les Américains sont sans doute aussi différents les uns des autres que les Canadiens peuvent l’être. Et c’est peut-être pourquoi j’aime la Californie, et j’ai hâte d’y retourner. Pour la route 1 entre Eureka et San Francisco. Pour San Francisco. Pour le King’s Canyon. Pour ce que je vous dirai dans mon prochain message…
Vous êtes dus pour un update la, on s'ennuie de vous!!
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