vendredi 9 mars 2012

L'équateur, deuxième partie

En route vers le volcan Chimborazo, on s’arrête dans un bled et je tords un bras à tous pour manger la bouffe locale : fritada et seco de pollo.  Leur fritada est annoncée par un cochon entier accroché sur une poutre du toit de leur maison.  Ce cochon est tourné à la broche avant d’être accroché-là.  Ensuite, ils le découpent en morceaux, le font frire et te mettent les morceaux dans ton assiette.  Ce qu’il y a d’excitant dans la fritada, c’est que n’importe quelle, mais VRAIMENT n’importe quelle partie du cochon peut se retrouver dans ton assiette.  C’est un peu comme un jeu d’association : dites-moi à quoi vous fait penser ce morceau et vous gagnez?   Christine a d’ailleurs tenu mordicus à être prise en photo avec le charmant porc (c’est une blague).  Bref les trois hommes les plus âgés de la famille ont fait honneur à la fritada.  Christine, Ginette, Ariel et moi-même avons fait honneur au seco de pollo.  Avec un nom pareil, on s’attendait à de la viande séchée où je ne sais quoi, mais non, c’est une soupe au poulet et riz, mais pas tout à fait comme chez Saint-Hubert.  Ici encore, on peu avoir n’importe quelle partie du poulet.  Christine et Ginette ont eu une cuisse, moi le gorgotton (œsophage pour ceux qui ont de la difficulté avec mon dialecte), chacun sa chance…  Bref, c’est bien restaurés que nous continuâmes notre route vers le Chimborazo…

On roule dans un nuage depuis quelques temps lorsqu’on arrive au Parc national du Chimborazo.  À la recherche d’un endroit tranquille et un peu isolé pour bivouaquer, on se retrouve au refuge pour ceux qui font l’ascension du Chimborazo, le plus haut sommet de l’Équateur qui fait 6319 m. Le refuge est à 4800 m et on est dans la neige ! Aussitôt stationnés, on s’habille avec toutes les épaisseurs qu’on peut trouver et on sort pour profiter des trois heures d’hiver que nous aurons cette année.  Ariel est plutôt perplexe, il n’a aucun souvenir de la neige… On construit néanmoins un superbe bonhomme de neige tous ensemble puis on rentre se réchauffer avec un bon chocolat chaud dans Bertha.  Craignant le mal de l’altitude, on décide cependant de redescendre un peu pour la nuit.  On trouve finalement un endroit parfait pour dormir, on se sent seul au monde, à 4300 m en face du volcan Chimbrazo, avec comme seule compagnie un troupeau de vigognes.  La nuit est par contre un peu difficile, Ariel a le sommeil agité et Mamie a mal à la tête.  Le lendemain matin le temps est plus clair mais toujours pas de soleil en vue.  On décide donc de redescendre en quête d’un endroit un peu plus chaud.
 












Nous faisons une rapide halte à Cajabamba pour le dîner.  Le village est sensé avoir un des plus beau marché de l’Équateur.  En approchant du village, surprise, un embouteillage ! Ça faisait longtemps qu’on n’en avait pas vu… Alors qu’on attend patiemment notre tour en ligne, immobilisé, on ressent un gros « bang » ! On vient de se faire foncer dedans par un gros VUS, alors que le trafic est complètement arrêté ! Jean-François se charge d’aller dire au monsieur ce qu’il pense de sa conduite( en espagnol !) , pendant que mamie le fait en français… L’imbécile, devant ces deux furies, n’ose même pas sortir de sa voiture.  Heureusement, le pare-choc de Bertha a parfaitement fait sont travail et Bertha n’a rien.  Par contre, le vélo d’Ariel est pas mal magané, ainsi que le pare-choc du monsieur (ce qui lui apprendra à foncer dans les touristes !).  Une fois Bertha stationnée, on part pour visiter le marché.  On se rend cependant rapidement compte qu’on n’est pas vraiment à notre place.  On est en plein carnaval et les Équatoriens s’amusent à se lancer de l’eau, de la mousse (mélange entre savon-vaisselle et mousse à barbe), de la peinture et tout ce qu’ils trouvent.  On devient évidemment des cibles intéressantes… Comme les enfants ne trouvent pas cela vraiment drôle, on abrège notre visite du marché et on reprend la route.
Vendeur de chapeau au marché de Cajabamba

Les joies du carnaval...


Notre prochain arrêt à lieu à Cuenca, ville à l’architecture coloniale magnifique. On est encore en plein carnaval, mais ici la ville est morte, complètement désertée.  Malgré les quelques attaques d’eau et de mousse, on en profite donc pour visiter cette très belle ville tranquillement. Le soir du mardi gras, on assiste à la seule manifestation intéressante du carnaval : les cloches de toutes les églises de Cuenca entament une belle mélodie pendant que les habitants lancent dans les aires de petites montgolfières, qui ressemblent à des lanternes et illuminent la nuit.  Un beau spectacle pour la dernière soirée de mamie avec nous.

La cathédrale de Cuenca
Nos 3 petits hommes...
Le lendemain matin nous allons tous conduire Mamie à l’aéroport de Cuenca.  C’est une autre séparation difficile, particulièrement pour notre Élias. Nous avons passé deux magnifiques semaines avec toi maman, merci d’être venue nous visiter… Cela nous a tous fait du bien, moi de passer du temps avec ma mère, et les enfant de voir leur mamie adorée… Au moins on peut observer les avions décoller, Ariel est donc rassuré de voir sa mamie monter dans l’avion puis s’envoler.  Il en parlera d’ailleurs encore, deux semaines plus tard : mamie, avion, voler, partie !

Comme Bertha a besoin d’une vérification mécanique, on reste deux jours de plus à Cuenca, le temps d’effectuer un changement d’huile et le changement des deux rotules avants.  On profite de ces deux journées pour marcher dans Cuenca qui recommence à être habitée et à vivre et pour planifier un peu la suite de notre voyage.  En s’apercevant que cela fait déjà presque un mois que nous sommes en Équateur et qu’il nous reste peu de temps pour tous les pays que nous désirons voir, on décide de se diriger vers la côte pacifique pour entrer plus rapidement au Pérou.   Mais avant de redescendre des montagnes, on fait un dernier arrêt au parc national Las Cajas, reconnu pour ses multiples lagunes.  Le parc est en effet magnifique, mais il est fait de manière à ce qu’il soit impossible de s’éloigner de la grande route qui le traverse.  Alors après une nuit plutôt bruyante passée sur le bord de l’autoroute, on décide d’en repartir.  Avant de repartir, on fera cependant une superbe randonnée autour d’une lagune, les montagnes qui nous entoure et la végétation sont magnifiques.
Parc Las Cajas
Nous nous dirigeons ensuite vers la côte en promettant aux enfants que ce soir nous dormirons sur une plage.  Ils sont bien entendu enchantés à cette perspective… Aussitôt qu’on commence à descendre des montagnes, on est surpris par la chaleur ambiante.  C’est tout simplement intenable ! En plus, on a une crevaison, alors on doit trouver une endroit pour faire réparer notre pneu (pas facile un dimanche en campagne en Amérique du Sud), puis attendre qu’il le répare (pour la modique somme de 2$ !).  En arrivant finalement à Machala, la principale ville de la région, qui selon notre carte semble être proche de la mer, on s’arrête pour savoir comment aller à la plage la plus proche… Et là surprise, on nous dit qu’il y a seulement une plage dans la région et qu’elle est à 1h30 de route (dans le sens contraire de la frontière péruvienne) !  Comme on l’a promis aux enfants et que la chaleur est de toute façon difficilement supportable, on repart pour Alto Balao.  On y arrive finalement sans trop de difficultés, malgré les indications plutôt imprécises du pompiste.

En arrivant notre première pensée est : mais quel bordel ! et ensuite : qu’est-ce qu’on fout ici ! Il y a des gens, des kiosques, des vendeurs partout ! Le village, minuscule, est complètement envahi par tous les gens des environs venus passer leur dimanche à la plage.  On se sent comme un éléphant dans un jeu de quille avec notre grosse Bertha… On trouve finalement un stationnement pas trop loin et c’est avec bonheur qu’on plonge tous dans l’océan.  Cela faisait presque 2 mois qu’on ne l’avait pas vu, il nous manquait décidemment ! Les enfants retrouvent avec joie leur surf et leurs jouets de sable, sous le regard envieux des autres enfants… Nos trois bonhommes blonds ne passent pas inaperçus et on raconte notre aventure à de nombreux Équatoriens, dont plusieurs demandent à visiter notre maison roulante.
Le bonheur de la mer...
Tannés de rouler, on ne bouge pas et on regarde les gens quitter la plage tranquillement avec la fin de la journée.  Lorsque l’affluence diminue, on déplace Bertha et on dort directement sur la plage… Le lendemain matin, l’ambiance du village a complètement changé.  Les gens ramassent tranquillement les déchets laissés la veille et ils sont tous surpris de nous trouver encore dans leur village.  Ils sont encore plus sympathiques que la veille, ils nous offrent des mangues et Ariel reçoit même une proposition d’adoption !



Ce dernier arrêt en Équateur termine bien notre séjour dans ce pays.  Nous avons adoré l’Équateur, ce petit pays qui défraie rarement les manchettes et qui semble vivre dans l’ombre de son voisin Péruvien, qui semble drainer tous les touristes de la région (pour ne pas dire du continent !).  Mais décidément, l’Équateur mérite qu’on s’y arrête.  Bon, la température n’a pas été aussi belle qu’on l’aurait espéré.  Mais les paysages andins magnifiques, les lagunes et volcans, les marchés colorés et animés, les indigènes habillés traditionnellement, le bref arrêt en Amazonie et surtout la gentillesse et la générosité des gens, tout nous a comblé.  On y aurait volontiers passé plus de temps, mais il nous reste encore tant à découvrir !   
Le charme d'un bivouac en montagne

2 commentaires:

  1. J'ai hâte de lire vos péripéties pour traverser 6 autres pays en 4 mois...cela en fait du kilométrage...courage...

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  2. Ariel est tellement grand! Malik l'a confondu avec Élias en regardant les photos. Il a fini par me lancer "Il grandit Ariel, ça "pas de bon sens"! Je m'ennuie de vous 5.

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