mardi 7 février 2012

La Colombie du nord au sud

Ce matin là, le 12 janvier, on quittait donc la côte caraïbe.  On a alors commencé notre longue route vers San Gil…  Après une journée complète de route, à rouler presque exclusivement dans une plaine aride et étouffante, on dort à Agua chica après plus de 400 km.  Franchement, si c’est loin de nos scores du Canada ou des Etats-Unis, ce 400 km est excellent pour l’Amérique latine !  Le lendemain, on entre véritablement dans les Andes, avec en prime la plus mauvaise route depuis le début du voyage, tout est en réparation, ou défoncé, des camions et encore des camions… En quatre heures de route, on ne fait que 100 km.  Si c’est le rythme en Amérique du Sud, nous n’arriverons pas au Brésil avant 2015 !  Mais bon faut être optimiste !  L’après-midi se passe à suivre des camions tous plus lents les uns que les autres : les plus lents roulent à 15 km heure !  À ce rythme nos freins ne peuvent pas survivre, ils surchauffent et avant de se ramasser dans le décor, on doit s’arrêter : deux heures de pause.  On arrivera finalement à San Gil avec la noirceur… encore une fois grosse journée !

Nos enfants aimeront bien  San Gil dont les trottoirs sont en escalier tellement certaines rues sont à pic.  La ville a un charme certain, mais c’est jour de marché et un bordel total règne dans le centro.  Je rentre à la hâte avec Ariel, endormi en poussette et Théo, sur le bord de la crise de nerfs, jusqu’à Bertha, en laissant les quatre autres s’occuper du marché.  Ils réussissent à trouver presque tout dans ce joli bordel, et c’est les bras chargés qu’ils me rejoignent à Bertha.  L’après-midi se passera dans la piscine de notre hôtel.  Lorsque le soleil sort, ça tape, on se rapproche de l’Équateur et ça paraît.

Le lendemain matin, détour vers Barichara, peut-être parmi les plus belles villes visitées jusqu’ici.  La ville entière est peinturée de blanc, les rues en pierre, les balcons en bois, et le bleu du ciel à 2000 mètres d’altitude sous le soleil de l’Équateur… c’est un effet bœuf.  Pour peu cette ville sortirait d’un conte de fée, ou d’un film colonial.  




La matinée passe vite et on se sauve vers Pozo Azul pour dîner et surtout se baigner dans ses cascades : le soleil de midi est vraiment écrasant.  Nos trois gars font une belle démonstration à leurs grands parents  de leur habileté à marcher sur les roches mouillées, et les Colombiens, en voyant Ariel faire un saut de plus d’un mètre et demi, d’un rocher au bassin, semblent être convaincus d’avoir rencontrer les parents les plus innocents au monde.  Mais bon, personnellement, je suis bien fier de lui…

Le lendemain, on se dirige vers Villa de Leyva, encore une fois les paysages des Andes sont impressionnants, nous roulons par moment à plus de trois mille mètres, record du voyage (pour l’instant) avant de redescendre vers Villa de Leyva, autre superbe ville coloniale, où le temps semble s’y être arrêté, le rythme est lent et les voitures rares.  Le lendemain, on loue des chevaux et découvrons la vallée à cheval, et Élias, tout comme Théo avant lui, monte seul à cheval !  Bravo mon grand !
Ariel à Villa de Leyva avec ses grands-parents adorés

Petite baignade pour Théo et Jean-François au milieu de notre balade à cheval
Le jour suivant, on va faire une petite randonnée que notre guide avait dit tranquille… et qui s’avère être dangereusement casse-cou.  Dans certains tronçons il faut se hisser ou se laisser descendre en s’agrippant à une corde !  Les deux grands sont enchantés !  Enfin un parc grandeur nature.  Ce n’est pas à proprement parler une ballade de détente, mais par chance, la ballade est courte, et cette fois-ci, au moins, il ne pleut pas !



Dernier arrêt de la visite de mes parents (Gaston et Micheline), Bogotà.  Pour tous ceux qui croient que l’Amérique du Sud, ce n’est que les lamas, les femmes avec les enfants sur leur dos, les ponchos et tutti quanti, Bogotà est tout sauf ça.  Bogotà, c’est huit millions  d’habitants (plus que tout le Québec réuni !), c’est moderne, jeune, branché et tout le charme colonial de la vieille ville est préservé.  



Pour l’occasion on a remisé Bertha dans un stationnement et loué deux appartements pour trois jours…  On ne le regrette pas ! Ici ce ne sont pas des voies  qui sont réservées pour des autobus, mais des rues entières !  Les sens uniques changent selon les jours  de la semaine et les voitures ont le droit de circuler un jour sur deux selon le dernier chiffre de leur plaque d’immatriculation.  Toutes solutions qui paraîtraient à nous Québécois draconiennes, mais qui ont réussi à faire d’une mégapole de huit millions d’habitants un lieu plus que convivial. Le dimanche les deux rues principales du centre-ville sont fermées aux automobiles et les cyclistes s’en donnent à cœur joie.  Et nous aussi bien sûr !   C’est comme si à chaque semaine , à Montréal, Ste-Catherine et St-Denis étaient fermées aux automobilistes !  On se paiera aussi le luxe d’une montée en téléphérique au-dessus de la ville.  Le Cerro de Monserrate est à 3200 mètres.  La vue est à couper le souffle. Les trois jours passés ici filent comme l’éclair, et déjà grand-papa et grand-maman repartent…  Évidemment tout le monde pleure, c’est toujours intense de laisser ceux qu’on aime surtout lorsqu’on sait qu’on ne les reverra pas d’ici sept mois…  C’est particulièrement difficile pour Élias et Théo, qui eux, ne peuvent pas écrire pour donner des nouvelles… six mois, c’est long.
La famille admire Bogota du haut du Cerro de Monserrate
Après avoir séché nos larmes, on repart quand même vers la vallée du café.  On part néanmoins tard de Bogotà et la sortie de la ville est plutôt longue (est-ce vraiment une surprise ?)   On passera en plus une partie de l’après-midi à chercher quelqu’un qui pourrait nous remplir en propane, mais ce n’est pas si simple…  On trouve finalement un distributeur qui remplit les camions et les bombonnes et on croit que le tour est joué…  malheureusement non.  On me dit que c’est la loi (j’haïs-tu ça c’te réponse-là, c’est la loi !) on ne peut distribuer à des particuliers, seulement à des compagnies (bordel, j’aurais dû m’enregistrer comme compagnie avant de partir, Bertha et cie, ça sonne bien)…  Toujours est-il qu’on est à la veille de ne plus avoir de propane,  et le propane est pratiquement plus vital que l’essence : le propane, c’est la cuisine, le frigidaire et le chauffage (n’oublions pas que nous entrons dans les Andes !).   Je décide donc de déléguer ma chère promise pour le lendemain, je me dis que ses charmes féminins, surtout avec des enfants dans les bras, ont déjà fait leur preuves avec  les latinos, alors sûrement elle m’aura du propane le lendemain.  On dormira dans le parque écologico de Chinauta, c’est affreusement cher mais il y a une piscine et une ferme à visiter, alors les enfants sont heureux.

Le lendemain Christine part pour user de ses charmes afin de soudoyer un employé de l’usine de gaz, mais à ma grande surprise, elle revient bredouille.  Je suis plutôt surpris, l’Amérique du sud n’est donc pas l’Amérique centrale…  mais bon, elle me dit que tous les hommes présents se sont rués sur leur cellulaire pour trouver un collègue chauffeur de camion qui pourrait venir nous remplir sur place…  Il doit venir à dix heures trente, on attend, et attend… il arrivera à midi trente (finalement l’Amérique du sud a certains points en commun avec l’Amérique centrale).  Finalement le charme a opéré, la réaction est un peu moins directe qu’en Amérique centrale, mais ça fonctionne toujours…

On s’attaque ensuite à la Cordillera central (une des trois ramifications des Andes en Colombie), qu’on monte et descend pour dormir à Arménia.  Tout ça sous la pluie…  Le lendemain on se pousse vers Salento (qui lui aussi semble sorti d’un conte de fées : maisons blanches aux balcons peinturés de verts, roses ou bleus, entourées de collines vertes de café, à 2000 mètres d’altitude) Franchement, j’ai l’impression de me répéter quand je parle de la beauté des villages colombiens…  





On visitera à cheval la vallée de Corcora , superbe avec ses plus hauts palmiers au monde (jusqu'à 60 m !), ses champs, ses vaches et bien sûr ses montagnes.  



On visite aussi une plantation de café, et à ma grande surprise, c’est une réussite pour toute la famille ! Les enfants semblent en pleine chasse aux cocos de pâques, sauf que les œufs ont été remplacés par les grains rouges du café.  On  comprend aussi comment ça se fait qu’on soit passé parmi des pays qui produisent parmi le meilleur café au monde :  Mexico, Guatemala Antigua, Costa Rica, Panama et maintenant Colombie, sans vraiment boire du bon café…  Eh bien, c’est simple, le bon café, ils l’exportent, et sur place ils boivent la seconde classe…  On profitera aussi de la place centrale de Salento, (haut lieu du tourisme colombien ! pour rencontrer Marjolaine, une suisse, Marco et Tina, français  et reporters photo hors de leur pays cinq mois par année, et même en prime, une autre Bertha qui viendra faire pâlir la nôtre par ses magnifiques graffitis…  On recroise aussi Alice et Diego québécois, qu’on liftera le lendemain jusqu’à Cali.


On continue notre petit bonhomme de chemin vers Popayan, où l’on aurait pu vouloir s’attarder (en particulier Christine) mais où l’on ne s’attardera pas…  Comment dire…  Les deux plus vieux avaient décidé qu’ils en avaient soupé des villes et qu’ils en avaient rien à foutre d’une belle ville coloniale, alors, en adultes matures et responsables (et comme ils commençaient d’ailleurs dangereusement à se transformer en monstres (je vous en pris ne faites pas de rapport à la DPJ, même sur la route, des enfants peuvent être des monstres !)), on a pris nos cliques et nos claques  et sacré le camp.  On a descendu dans la vallée de patia et permis à notre progéniture de se défoncer sur leur vélos et dans une piscine (faut dire que ladite vallée est à un peu moins de mille mètres, vraiment très bas, et donc très chaud, pour cette région !).
Papayan, la ville blanche
Le lendemain on s’est rendu vers ce qui semble, à en croire les livres de voyage, la région mal-aimée de la Colombie (Narino), mais pour nous, c’est clairement un coup de cœur !  On dépasse Pasto et dormons sur les flancs du Volcan Gallera, dans le stationnement d’un restaurant où tous les riches de Pasto (la capitale du département) viennent y passer leur dimanche. Et pour cause, leur terrain abrite chevaux, poney, ânes, oies, canards, moutons, chèvres, bref Ariel est aux anges.  Le lendemain on se dirige vers le volcan azufral où paraît-il, la laguna verde, vaut le détour.  On se rend compte à quel point cette région attire peu de touristes…  La route que nous devons emprunter pour nous y rendre nous fait passer par la véritable Colombie rurale…   Des routes sans garde-fous qui donnent sur des canyons de plusieurs centaines de mètres de profond, des villages gros comme ma main, des vaches et chevaux  dans la rue, les ponchos des habitants, tout y est.  Et c’est sans arriver à Tuqerres.  Ville où l’on doit demander son chemin pour arriver au Volcan…  véritable ville de cow-boy, nous sommes des vraies attractions touristiques…  On réussit finalement à savoir où l’on doit aller, mais le chemin pour se rendre au volcan est un véritable chemin de vache (si le mot chemin de vache a déjà voulu dire quelque chose.)…  On réussit même à s’embourber, mais cette fois, on réussit, après vingt minutes de coups de pelles, à se désembourber seuls…    On dormira tout croche à 3650 mètres.  On est un peu inquiet pour la santé générale…  on a tous le souffle court…  Mais le ragoût de lapin  de notre cordon bleu Christine a sans doute fait son œuvre, on passe bien la nuit, personne n’est malade.


Le lendemain, on se lance à la chasse de la laguna verde :  12 kilomètres de marche, entre 3600 et 4050 mètres, avec trois enfants de moins de 6 ans…  C’est un gros défi, on le sait.  Et si ça peut sembler peu si l’on compare statistiquement aux trentaines de kilomètres que nous marchions dans les Andes Christine et moi il y a seulement quelques années, il me semble que l’exploit est plus grand encore… Car Théo a marché comme une machine (pas une seule plainte, il n’a même pas quatre ans !), Élias a marché jusqu’au bout, même s’il était dans une mauvaise journée, comme il l’a lui-même reconnu et Ariel a bien marché, mais surtout bien accepté de marcher sur maman(en porte-bébé), lui qui aime de moins en moins ce moyen de transport. À voir notre Théo si heureux dans la nature, on se dit que décidément, il y a eu trop de villes et pas assez de grands espaces ces derniers jours…  Il nous demandera même après onze kilomètres de marche, s’il pourra jouer dehors au retour à Bertha !
La fierté de notre premier 4000m en famille...
Magnifique lagune verte
Après un dîner rapide dans Bertha, on redescend cette route de misère, avec nous trois anges qui dorment sagement à l’arrière. On se sent les plus chanceux du monde.  On passe notre dernière nuit en Colombie au magnifique sanctuaire de Las Lajas, construit dans un canyon.


Que dire de la Colombie ?  Premièrement qu’il ne faut pas croire ce qu’on en entend par chez nous.  On s’est toujours senti en sécurité, les gens sont accueillants  et sympathiques.  Il y a le soleil la chaleur, parmi les plus belles plages que nous avons vu, les Andes, des villes coloniales.  Franchement, ce pays a énormément a offrir et je ne serais pas surpris que d’ici les prochaines années, il devienne aussi populaire (touristiquement parlant) que l’Argentine, le Guatemala ou le Costa-Rica.  On a adoré.  Maintenant, à nous l’Équateur ! 
Le magnifique sanctuaire de Las Lajas

4 commentaires:

  1. Vous nous donnez le goût d'ajouter ce pays à notre liste de voyages...merci.

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  2. Nous avons eu la chance de vivre une expérience de voyage hors du commun avec vous ...chers Jean-François ,Christine et nos petits enfants
    Vous êtes déterminés ...ouverts à de nouvelles découvertes et expériences. Merci de votre ouverture, de votre accueil ...Nous sommes très heureux de ce périple en Colombie
    Et bien sur , nous avons hâte de vous revoir,on vous aime !!!!
    Les grands-parents : Micheline et Gaston

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  3. Hé, Bertha vendue, kessessa ? cela sent la fin de l'aventure, alors que je compte 7 pays restants et presque autant de mois....racontez nous...

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  4. Wow! Je viens tout juste de prendre connaissance de votre blog! C'est incroyable. Je vous trouve vraiment courageux et plein de bon sens! C'est un si beau cadeau à faire à vos trois garçons et à vous-même d'ailleurs!!! Prendre le temps de vivre en famille, de découvrir le "monde" , la nature....apprendre à vivre d'une autre façon, c'est fantastique! J'espère que vous pourrez poursuivre, même si Betha est maintenant placée dans un centre pour personne âgée ( j'imagine???). Bien hâte de vous revoir et de vous entendre nous raconter de vive voix. Je vous laisse à mon tour le lien de notre gentil petit blog, http://bebevoyage.blogspot.com/.

    Ne lâchez pas la patate!
    Léa

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