Nous voulions nous rendre à Bocas del Toro, un groupe d’îles non loin de la frontière. Mais la pluie, qui tombe sans arrêt depuis trois jours, nous a découragé et nous avons plutôt décidé de poursuivre notre route pour nous rapprocher du Pacifique, en espérant y retrouver le soleil. Après environ une heure de route, on se retrouve arrêtés, derrière une file de camions et d’autobus. On nous dit que la route est fermée, qu’il faut attendre ou rebrousser chemin. Je pars donc aux nouvelles pour savoir ce qui se passe. Je reviens plutôt amusé… moi qui croyais que le mauvais temps avait encore emporté une route, eh bien non, pas cette fois-ci. Cette fois-ci, c’est un village au complet qui a mis des troncs d’arbre pour bloquer un pont ! La raison : le gouvernement a fait passer une ligne de pylônes électriques au milieu de leur territoire et a exproprié les paysans sans rien leur offrir en retour. Plutôt sauvage, à la manière Amérique latine… La population a décidé de se faire écouter (à la manière Amérique latine) et ils ont bloqué environ 200 camions de livraison. Pendant que je discute avec les paysans, Christine offre le café à tous les malchanceux qui sont bloqués comme nous… Différence d’avec chez nous : les gens, dans l’attente, ne montrent aucun signe d’impatience, même si les premiers bloqués le sont depuis 36 heures ! Leur méthode fonctionnera. Quelques heures plus tard, alors qu’il fait déjà noir, le pont est ouvert, un membre du gouvernement est venu discuter sur place et a promis un accord… Ce soir-là, on dort chez Marilyn, une charmante Panaméenne qui nous permet de dormir sur son terrain. Comme il pleut, nos deux grands vont jouer sous son porche, ils tombent immédiatement sous le charme de Marilyn, qui leur fait visiter sa maison, et leur offre du jello. Même notre Théo, d’ordinaire si farouche, ne s’en peut plus de lui faire des accolades et des câlins en partant le lendemain matin! Nos deux grands nous répéteront une partie de la matinée que lorsqu’ils seront grands, ils reviendront au Panama pour venir voir Marilyn…
Maison typique sur la côte caraïbe |
Les moustiques ne nous lâchent toujours pas... |
Ariel aimerait bien mettre des bobettes lui aussi! |
La visite de St-Nicolas |
Notre arrêt suivant est à Santa-Clara, dans un RV Park ! On passe plusieurs heures sur internet (qui est rare au Panama, c’est l’explication de notre long silence internet) et les enfants sortent de cet arrêt tout ratatinés, après avoir macéré de longues heures dans leur piscine.
Vous connaissez l’histoire de l’homme et des étoiles de mer ? Eh bien, il était une fois un homme qui à chaque matin, se promenait sur une plage où s’échouaient d’innombrables étoiles de mer. À chaque matin, il prenait dans ses mains ces étoiles et les relançaient à la mer. Un matin, une dame passe par là. Elle s’arrête. Le regarde faire. Elle ne comprend pas. Elle se met à l’observer avec attention. Plus elle le regarde, plus elle est convaincue qu’il est fêlé. Elle se décide finalement et l’accoste :
- Pardon Monsieur…
- Oui…
- Que faites-vous ici ?
- Bien, c’est simple, je rejette les étoiles de mer à la mer.
- Pourquoi faites-vous cela ? Vous ne pourrez jamais toutes les sauver.
En entendant cela, l’homme se penche et ramasse une étoile de mer. Il la regarde longuement… la femme le regarde, interloquée. Sans un regard pour la femme, il prend son élan et lance l’étoile de mer, de toutes ses forces. Il la regarde s’enfoncer dans l’eau, puis soupire. Longtemps après que les ronds dans l’eau aient disparu, il fixe toujours la mer. Finalement, il se retourne vers la dame et lui dit : « Vous avez raison, je ne les sauverai pas toutes, mais elle, elle est sauvée… »
Bref, j’aurais pu passer de longues semaines à ramasser des déchets sans rien changer au triste sort de ma planète. Mais, je me dis que puisque je l’ai fait avec mes enfants, peut-être que ceux-ci, contrairement à ma génération, pourront faire une différence…
Le lendemain, arrivée à Panama Ciudad, la célèbre ville du canal. On en revient pas de l'écart entre la Panama rural, plutôt pauvre, et la ville de Panama, riche et moderne. On doit y faire des démarches qui, paraît-il, sont douloureuses, pour envoyer notre Bertha en Colombie. En effet, aucune route n’a jamais été construite entre le Panama et la Colombie. Selon les discours officiels, c’est une jungle intense qui est depuis longtemps le fief des cartels de drogue colombiens. Vous trouvez la raison étrange ? Elle l’est en effet… surtout depuis que ces cartels ont pratiquement été démembrés en totalité. Quoi qu’il en soit, il faut envoyer Bertha en bateau de Colon à Carthagène. La somme est exorbitante, 3600 $ pour une traversée de douze heures, et bien qu’on le savait en avance, on ne peut s’empêcher de se poser des questions. La traversée de la Paz à Mazatlan, de dix-huit heures avait coûter 1000 dollars et les Français nous disent qu’il coûte moins cher de traverser l’Atlantique que de passer du Panama à la Colombie. Étrange vous me direz, ce l’est en effet. Le moins qu’on puisse dire, c’est que puisqu’une seule compagnie fait la traversée, ça ne sent pas particulièrement l’argent propre.
Le pont des Amériques, en arrivant à Panama ciudad |
Mais ceci dit, il faut d’abord aller à l’agence Barwill, où l’on se met d’accord pour le prix, et il faut ensuite attendre le lendemain pour aller à la police qui inspecte le véhicule (car elle est évidemment ouverte qu’une heure par jour ! entre dix et onze). Je devrai ensuite aller à la douane car les douaniers, à l’entrée au pays, avaient fait une erreur dans mon document d’importation temporaire du véhicule et je retourne à toute vitesse à la police qui inspecte les véhicules, j’y arrive à dix heures 57 et par magie ils me laissent entrer… Je dois revenir quatre heures plus tard, dans un autre bureau de police, où l’on me donnera un papier qui atteste que j’ai le droit de sortir du pays. Je dois le lendemain retourner à l’agence Barwill où je dois payer (cash !) et enfin j’ai mon laisser passer pour aller au port. Trois jours de démarche, et la voiture n’est toujours pas au port.
On avait prévu que les démarches seraient longues et fastidieuses et on s’était dit qu’il était dans l’intérêt de tous de prendre ça relax, de respirer par le nez… Malheureusement on a plus ou moins réussi. On a d’abord passé notre première journée, après notre rencontre à l’agence Barwill, dans le vieux Panama. Casco Viejo est superbe et on est tous aux anges. On arrête même dans un resto où l’on sert de la pizza italienne qui goûte la pizza italienne et de la salade césar qui goûte la salade césar ! Bref, pure joie pour le palais. Ensuite, il se met à tomber des clous et on retourne à Bertha tout mouillés, plutôt amusés d’avoir sauté tous les cinq à pieds joints dans les trous d’eau (c’est le plaisir de voyager avec des enfants, même les adultes ont le droit de sauter dans les trous d’eau !).
Visite du cartier historique |
On se dirige ensuite vers un centre d’achat, où l’on veut y passer la nuit. Mais je suis un affreux copilote, Christine a beau faire de son mieux, il tombe des cordes, notre carte ne vaut rien, toutes les rues sont en construction et on nous fait faire des détours inimaginables. Bref ça nous prend deux heures pour trouver le put.. de Mall, alors que ça aurait dû nous prendre quinze minutes… On arrive les deux les nerfs à bout, les miens plus encore que ceux de Christine… Elle m’ordonne donc de rester avec les deux plus petits qui dorment et elle se dirige courageusement, avec Élias, dans l’antre de la consommation (faut ce qui faut, Noël approche !) C’est le bordel total, quand je la rejoins dans le Mall, c’est elle qui est au bout de ses nerfs, mais on réussit néanmoins à passer une belle soirée, jusqu’à ce qu’un garde vienne nous dire qu’on ne peut pas dormir dans ce stationnement… faut décamper, en pleine nuit, sous la pluie. Décidément, je me sens loin du Canada (à Calgary, il y a même des bornes électriques dans les stationnements de centre d’achats pour y brancher les motorisés !)…
Belles balades sur le causeway |
Le reste de notre séjour à Panama ciudad a été du même genre : de belles découvertes telles les superbes écluses et le musée du canal et le causeway (jetée de terre qui a été construite avec la terre du canal pour relier trois îles à la ville de Panama), et beaucoup de frustrations ! Tout est si long et si pénible, on peut attendre 20 minutes pour qu’une caissière ne serve qu’un seul client, on peut attendre encore plus longtemps pour sa facture au restaurant, les embouteillages sont permanents et les klaxons… Bref, Panama Ciudad aura été fort épuisante, et en y sortant, on se sent libérés ! enfin sortis !
Célèbres autobus de Panama ciudad |
Finalement, je porterai Bertha au port vendredi le 16, et après une autre journée lourde en stress et en attente, je laisse les clés du véhicule à 5 heures 15. Je rejoins ensuite ma petite famille qui m’a attendu à Panama Ciudad. Nous récupérerons Bertha à Carthagène en Colombie le 27 décembre…
Départ pour une nouvelle aventure |
Joyeux Noël à vous tous !!!
RépondreSupprimerOn pense à vous :-)
Simon et toute sa famille.
Nous sommes aujourd'hui le 28 décembre. J'espère que vous avez retrouvé hier cette brave Bertha.
RépondreSupprimerJe vous souhaite à tous une belle année 2012. Riche en découvertes. au sens propre comme au sens figuré.
Pierre
Nous avons tous pensé à vous le 28, journée de "votre" noël. J'espère que les enfants ont eu une belle journée, que vous avez retrouvé Bertha sans difficulté et que vous profitez de ce temps de festivité en famille. Vos garçons sont magnifiques, vous me manquez. Bisous a tout le monde et un gros calin a mon filleul adoré.
RépondreSupprimerJe suis toujours émue et époustouflée de vous lire.
RépondreSupprimerVous êtes profondément dans nos coeurs.
Je vous embrasse tous très fort.
Ginette xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx