Après avoir quittés Josée et sa famille, le cœur gros, on s’est dirigés tranquillement vers le volcan Poàs, où paraît-il, le cratère est impressionnant. Première mauvaise surprise : le prix du parc est très cher. Mais surtout, il est pratiquement le double de ce qui est indiqué dans le guide de voyage (ça deviendra presque une habitude au Costa Rica !). Bon, qu’on se dit, puisqu’on y est… Malheureusement, le temps nuageux et pluvieux ne nous permet pas de voir grand chose. Le dîner et les jeux avec les coatis auront finalement été plus mémorables que le cratère. On repart un peu plus tard, sans trop savoir où on s’en va (les derniers jours n’ayant pas été propices à la planification…) On décide chemin faisant d’aller vers les chutes de la rivière la Paz, on en a vu une photo et on préfère rester dans les montagnes pour la nuit, moins de routes, plus frais pour dormir, et surtout, on feel tranquille.
Jeux avec les coatis au volcan Poas |
Mais la forêt humide étant ce qu’elle est, il nous pleut dessus depuis quatre jours, on décide donc de retrouver la côte pacifique, où nous avons eu du si beau temps.
Dans la descente vers San José, les freins chauffent, à un point tel qu’on doit s’arrêter sur le frein à bras, en plein milieu d’une côte. Après deux heures de recherche, je trouve un mécanicien (ouvert samedi après-midi, ce qui est rare, le repos dominical a tendance à prendre de l’avance dans les bleds en Amérique Centrale !). Et c’est ce qu’on pensait : les freins avant sont finis ! Après avoir attendu que le mécanicien parle au téléphone avec tous les gens qu’il connaissait, il nous dit ce dont on se doutait : il n’a pas les pièces. On se rend à l’évidence : si on veut trouver un mécano digne de ce nom, il faut aller à Alajuela et descendre encore 20 km avec des freins finis ! Le niveau de stress est assez élevé, inutile de le mentionner… mais Christine nous fait une bonne démonstration de ce que ça veut dire avoir des nerfs d’acier ; surtout qu’à Alajuela, c’est jour de marché, et que le marché d’Alajuela est le plus gros de toute la région de la capitale. Ouf…
Bivouac aux bords du parc Juan Santa-Maria où on a tout le loisir d’observer la jeunesse Costa-Ricaine. Ce sont les premiers jeunes depuis longtemps, (peut-être depuis les Etats-Unis ou encore quelques riches villes du Mexique comme Guadalajara ou Morelia) qui semblent avoir le temps et le loisir d’être jeunes. C’est étrange. Chez nous, avoir le temps d’être jeune, traîner dans les parcs, faire du skate, écouter de la musique, imiter et vivre pour ses idoles de rock et s’habiller cool est presque un passage obligé vers la vie adulte. La jeunesse costa-ricaine ressemble à la nôtre : elle fait du skate et traîne dans les parcs, fume des clops (et autre !), et est habillée de façon … euh… disons… discutable ? Bref, ici, les jeunes ont le luxe d’être jeune, ce qui n’est pas le cas ailleurs en Amérique centrale, où l’on doit travailler à 14 ans, lorsque ce n’est pas à sept ans comme au Guatemala et où l’on est mère à 16 ans… On se rend compte que le Costa Rica détonne avec l’Amérique centrale et que nous, au Québec… on est carrément choyés.
Notre passage à Alajuela permettra aussi à moi et à Élias d’aller voir un match de foot. L’ambiance est hallucinante, on se croirait à un match des Canadiens contre les Bruins à trois matchs des séries quand on ne sait pas encore qui finira premier ou deuxième…
Les freins réparés, on redescend vers le pacifique, la descente est épouvantable, si on vous ne vous a pas parlé du Costa Rica comme un pays de montagnes, je tiens à le faire : il y a des montagnes au Costa Rica ! et s’il n’y a pas de glaciers comme à Jasper, c’est à cause de la latitude, pas de l’altitude !
Leçon de surf à Jaco |
Nous nous arrêtons à Jaco où il y avait, selon les rumeurs, un joli Camping, mais au moment de faire un U Turn parce que nous sommes dans un cul de sac : peuf… peuf.. peuf… Le moteur ne part plus : génial ! Je pars à la recherche d’un mécanicien, je reviens une heure plus tard, je suis à ce moment le héros de mon amoureuse. Je le suis par contre un peu moins quand après deux heures de tataouinage, il me dit qu’il ne peut rien pour moi. Il appelle un ami qui promet de venir le lendemain… Bof, qu’on se dit. Ça aurait pu être pire. On est Jaco. Bien sûr, c’est un peu Gringo Town, mais le cul de sac où nous sommes en panne donne sur la plage (quelle chance tout de même !), et il y a de tout : épicerie, tiendas de cossins pour touristes (où l’on y trouve quand même des nouveaux maillots pour Papa, Élias et Théo ! et un nouveau surf pas trop cher pour Théo), bref on est chanceux dans notre malchance. Le lendemain le verdict tombe : la pompe à essence est caput. C’est l’échec du matériel : après le vélo à papa, dompé sur le bord de la rue, le vélo à Christine renvoyé avec Josée avec deux tentes qu’on avait apportées, les freins, c’est au tour de la pompe à essence. Mais c’est peut-être l’habitude, on prend ça plutôt sereinement, on profite des vagues de Jaco : qui semblent être toutes pensées pour nos deux plus vieux : parfaites à marée montante, un peu terrifiantes à marée haute, et tranquilles (parfaites pour les châteaux et les piscines) à marée basse. On n’avait prévu que passer une nuit à Jaco ; on y restera une semaine. Il faut dire que les bivouacs, au bout sud de la baie à Jaco et à playa hermosa étaient particulièrement superbes.
Des bivouacs bien agréables |
Théo aime beaucoup les singes |
Élias parle du chalet de grand-papa et grand-maman, l’air de la montagne lui rappelle de doux souvenirs. On console notre ennuyeux en lui assurant que grand-papa et grand-maman seront avec nous dans six semaines, mais c’est si long pour un enfant de cinq ans…
On poursuit notre traversée en largeur du Costa Rica en passant par deux villes qu’on ne vous recommande pas : Cartago et Siquirres, où nous dormons. Peu avant minuit, nous avons l’heureuse surprise de se faire réveiller par une belle musique de discothèque, (que même les pires discothèques de campagne ne feraient pas jouer chez nous !). Quelques illuminés on greffé à leur Land Rover un système de son de club de nuit. Je me réveille et je tiens à aller leur parler. Christine sera la plus forte et me convaincra de ne pas faire l’étalage de ma testostérone pour cette occasion et de la préserver à de meilleures fins ! On décampe finalement et on ira dormir ailleurs. Le bruit est décidément un irritant en Amérique latine : chaque commerce a son système de son dans lequel un employé est payé pour crier à tue-tête pour vendre ses bébelles, quand ce ne sont pas les vendeurs itinérants qui ont mis des haut-parleurs sur leurs pick-ups pour nous vendre viande, propane, bobettes ou antennes de télévision… Bref, mon flegme tout anglo-saxon est à chaque fois irrité. Je crois que d’autres appelleraient ça la distance culturelle. Dire que chez nous, je passe pour quelqu’un de bruyant…
Trappe de sable, prise 2 |
Mais le lendemain, nous sommes à Cahuita, sur la côte Caraïbe. Depuis douze jours, nous avons eu de la pluie à tous les jours et on espérait mieux : c’est nuageux et on est un peu épuisés par deux grosses journées de route. On apprend qu’on ne peut plus faire du camping dans le parc, contrairement à ce qu’on avait entendu dire… Qu’à cela ne tienne, on dort dans le stationnement en face de l’entrée du parc Cahuita. On y fait une jolie marche le lendemain où l’on voit paresseux, singes, lézards à profusion et où paraît-il, il y a de la belle plongée, mais certainement pas le jour où nous y sommes. Il y a tant plu les derniers jours que l’eau est trouble. On part le jour même pour trouver un meilleur bivouac et (remerde !) on réussit à s’embourber une seconde fois (voir le Mexique, à Bahia California, pour ceux qui ne se souviennent pas) ! Mais je ne peux dire si c’est l’effet du voyage ou encore le « spot », tout simplement magnifique, mais nous restons tous plutôt zen : embourbés, au bout du monde, immobiles et heureux (ça ne fait pas particulièrement sain d’esprit d’affiler tous ces qualificatifs, mais je m’en excuse…) C’est finalement un dix roues qui viendra nous sortir du trou le lendemain. Et nous resterons à quelques centaines de mètres de notre trou. Ce coin de paradis se nomme Tuba Creek et ne paraît probablement lui non plus sur aucune carte (nouveau défi Francis, trouver Tuba creek !), mais c’est sans aucun doute un de nos coups de cœur du Costa Rica : dormir à l’embouchure d’une rivière et de la mer, être seuls au monde, avoir du bois à profusion pour tous les feux de camp possibles pour faire plaisir au canadien en nous… génial ! On prend conscience d’à quel point nous sommes sauvages dans l’âme : plein de québécois on élu domicile sur la côte caraïbe costa-ricaine, mais nous, nous trouvons notre bonheur seuls au monde…
Corvée familiale de lavage |
Après quelques jours à Tuba creek, on va vers Manzanillo, qui paraît-il, est magnifique et qui a un banc de corail à distance de nage de la plage… Le temps qu’on y passe est froid et pluvieux, même les enfants ne veulent pas se baigner. Mais le bout de la plage, à un lancer de roche du Parc national Manzanillo est un fantastique terrain de jeu. Élias et Théo renouent avec leur vélo et découvrent le plaisir de pratiquer ce sport à la latino-américaine : nu-pieds et sur la plage ! Quand le soleil montre finalement ses rayons, il y a tant plu que l’eau est rendue trouble ! La plongée sera définitivement pour une autre fois…
Ariel aussi aimerait faire du vélo! |
Que dire du Costa Rica ? Sentiments ambivalents… D’abord pour la nature, il est vrai qu’il y a énormément à voir, mais nous sentons que la réputation du pays surpasse ce qu’il est en réalité. Il est vrai que tout est plus pensé pour le tourisme que partout ailleurs en Amérique centrale, La nature est donc plus facilement accessible qu’au Nica ou au Guatemala, mais comme bien souvent nous nous sentons peu de choses en commun avec le touriste moyen, ben… euh… on se sent plus ou moins concernés… Et il est définitivement plus difficile de rencontrer des gens dans un pays ou près de 40 % du PIB dépend du tourisme qu’ailleurs, par exemple au Guatemala ou au Salvador. Et les prix ont de quoi rester pantois : voyager au Costa-Rica coûte aussi cher que voyager aux Etats-Unis, mais paraît il que les gens gagnent ici deux dollars l’heure ! Rajoutons à cela près du quart de la population qui est composée d’étrangers venus vivre du tourisme… Tout cela peu donc donner une étrange impression… Mais en même temps, nous y avons retrouvé des bivouacs paradisiaques sur la plage… et la nature y est belle et préservée comme nulle part ailleurs en Amérique centrale (sauf peut-être le Bélize, et encore).
Coups de cœur : Samara !
Tuba Creek !
La paz waterfalls !
Jaco !
Sentiment à quelques heures de sortir du Costa Rica: nous avons hâte au Panama !
Cela faisait longtemps que l'on ne vous avait pas lu et vu. merci.xxx
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